La course aux métiers du futur
Désormais, les contenus de formation ne sont plus uniquement définis par l’Etat. Cela se fera en concertation avec le secteur de la production. L’affirmation est du directeur de l’office national de la formation professionnelle. Il était hier animateur de panel organisé dans le cadre de la foire des innovations initiée par la Cosydep.
À la foire des innovations en éducation et formation organisée par la Cosydep, les participants ont été invités hier à réfléchir, entre autres thèmes, sur la place du partenariat public-privé dans la mise en œuvre de la formation professionnelle. Si l’on en croit le directeur de l’Office national de la formation professionnelle, Sanoussy Diakité, la collaboration entre l’Etat et le privé est une exigence dans ce domaine. La formation étant destinée à répondre aux besoins du marché, il doit donc y avoir une étroite collaboration entre le monde de l’entreprise et les écoles et centres de formation. C’est ainsi que, si l’on en croit M. Diakité, les entreprises jouent désormais un rôle prépondérant dans le pilotage de la formation.
Selon lui, les partenaires sont sur le même pied d’égalité. Il y a une prise de pouvoir du privé dans les domaines qui jusque-là relevaient de l’Etat. La commission nationale de concertation sur la formation professionnelle est mise en place pour aider le ministre à ajuster les orientations. ‘’On ne détermine pas à la place du privé, on n’imagine pas ses problèmes. On l’écoute. Le privé exprime ses besoins, le public se charge de les traiter et il y a une formulation conjointe de la solution’’, rassure M. Diakité, un des panélistes. Cette solution commune est possible grâce à l’intégration du monde de l’entreprise dans les organes de pilotage de l’établissement. À titre d’exemple, le centre de formation professionnelle à Diamniadio a un chef d’entreprise comme président du conseil d’administration. Une innovation qui a permis de rapprocher le centre du monde du travail. D’où la satisfaction du ministère de tutelle. ‘’La certification est publique, mais le processus pédagogique est privé’’, se réjouit M. Diakité.
Si dans les centres publics de formation professionnelle, la voie est trouvée, ce n’est pas nécessairement le cas des centres privés. Ibrahima Guèye, directeur d’un centre à Mboro, a surtout regretté la non-prise en compte des entités non étatiques dans cette dynamique. Il souhaite que lui et ses pairs soient davantage impliqués dans la définition des curricula et qu’ils puissent bénéficier d’un accompagnement de l’Etat. Justement, à propos des contenus, des intervenants se sont inquiétés à ce sujet.
Sachant que l’innovation va vite, Awa Wade de l’Uden se demande comment faire pour que les produits formés ne soient pas dépassés par la réalité du marché. Même préoccupation du côté d’Amadou Youry Sall, qui regrette surtout la non-existence d’un répertoire des métiers d’aujourd’hui et de demain. Un outil qui permettrait aux formateurs d’avoir plus de visibilité sur le futur. Une position que ne partage pas nécessairement M. Diakité. Ce dernier estime qu’il ne sert à rien de dresser une liste de métiers, sachant qu’ils seront très vite dépassés. Pour lui, la définition des contenus est un exercice dynamique, il suffit de savoir s’adapter.
Quoi qu’il en soit, les acteurs sont d’accord qu’il est temps que la formation professionnelle soit considérée comme une voie noble et non le déversoir des déchets de l’enseignement général. Et à ce sujet, ni Saourou Sène, le secrétaire général du Saems, ni sa collègue Awa Wade ne perçoivent les efforts fournis par l’Etat pour informer et sensibiliser les élèves et leurs parents sur la question.
BABACAR WILLANE