Publié le 31 Oct 2017 - 21:08
PROFESSEUR MAMADOU MOR TALLA KA

‘’Les populations doivent comprendre que la santé a un coût’’

 

Le financement a toujours été le grand défi de la santé. Hier, lors du 41e congrès du collège ouest africain des médecins, le professeur Mamadou Mor Talla Ka a soutenu que les hôpitaux sont certes bourrés de problèmes, mais que les médecins n’en  sont pas les seuls responsables. La population et les pouvoirs publics ont aussi leur part.

 

Le Collège ouest africain des médecins se penche entre autres thèmes sur ‘’le financement de la santé’’. Son 41ème  congrès se tient actuellement à Dakar. Selon le vice-président du collège, par ailleurs président de la section sénégalaise, il y a un problème de financement. Mais d’abord, il faut que les populations comprennent que la santé n’est pas gratuite. ‘’La seringue a un coût,  le coton pareil, le personnel qui vient tous les matins à l’hôpital de même. Les dysfonctionnements ou les incompréhensions qui peuvent arriver ne  sont pas les seuls faits des médecins. Les pouvoirs politiques et les populations sont également responsables’’, se défend Professeur Mamadou Mor Talla Ka.

Selon le médecin, il est trop facile d’attendre de voir les choses et un beau jour, devant le premier incident, jeter à la vindicte populaire des médecins. ‘’Il faut une éducation, que nos hôpitaux soient des espèces d’explication, de solidarité et d’échange. C’est comme ça qu’on pourrait arriver à avoir une médecine de qualité qui répond aux standards internationaux. On peut y arriver’’, a soutenu prof Ka.

Et pour cela, il suffit de ne pas éviter les vraies questions. Le Dr reconnaît que les structures sanitaires font face à des difficultés, mais il propose des solutions autres que celles de l’Etat. ‘’Il y a des problèmes de prise en charge, d’efficacité dans les soins qui ne sont pas la faute des médecins. Je ne suis pas pour le tout social. Que le gouvernement sorte tout, tout de suite et pour tout le monde, je ne suis pas d’accord du tout. Il faut des modèles bien réfléchis pour voir comment faire pour régler le problème du financement de la santé’’, a-t-il suggéré.  A l’en croire, les populations aussi doivent y participer.

En outre, il a soutenu que le collège travaille tous les jours à donner des textes aux gouvernements, à l’organisation ouest africaine de la santé et à tous les organismes qui travaillent pour la promotion de la santé. Au Sénégal, les médecins se battent pour avoir 15% du budget national, mais leur collègue se demande si c’est faisable. ‘’Qu’est-ce qu’on fera de l’éducation ? Il faut trouver des mécanismes, des dispositifs qui peuvent régler le problème de la santé en le faisant de façon intelligente’’, a proposé le professeur.

Abordant le caractère insuffisance du budget, M. Ka espère que la CMU peut être une des solutions de financement. ‘’On est en train de parler de la couverture maladie universelle. Mais allez expliquer aux populations ce qu’est la CMU. On peut payer pendant 50 ans sans jamais tomber malade. Mais en le faisant, on est en train de participer aux financements des soins de son épouse ou de ses parents. Il faut que les gens comprennent cela.’’

Par ailleurs, il est revenu sur le thème principal du congrès : ‘’l’Afrique face au double fardeau des maladies transmissibles et non transmissibles’’. Selon le vice-président du collège, il y a des maladies infectieuses sur lesquelles ils ont beaucoup travaillé et obtenu des résultats. N’empêche, il peut y avoir des bouffées d’épidémies. C’est-à-dire des infections émergentes comme Ebola qui peuvent non seulement perturber le système de santé mais également le système économique. Le deuxième fardeau, à ses yeux, c’est la lutte contre les maladies non transmissibles. ‘’Le diabète, l’hypertension, les cancers, les maladies inflammatoires qui nous causent beaucoup de problèmes. Il faut travailler dans une prévention holistique de toutes ces maladies et continuer à être vigilant pour des maladies qui peuvent sortir de nulle part pour nous causer des problèmes’’, préconise-t-il.

Harmonisation des contenus

Embouchant la même trompette, le secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Action sociale, Ibrahima Wane, a exhorté les médecins et biologistes sénégalais à s’inscrire massivement au collège afin de participer à l’œuvre d’intégration médicale au sein de la sous-région. Car, selon lui, malgré des efforts soutenus, le continent continue à faire face aux fléaux sanitaires comme le paludisme, les hépatites, le sida, la tuberculose. L’Afrique reste aussi, a-t-il souligné, une terre où la mortalité maternelle et infanto-juvénile est problématique.

Selon le professeur Mamadou Mor Talla Ka, depuis quelques années, les 15 pays de la CEDEAO ont travaillé à harmoniser les curriculums. ‘’Dans toutes les facultés de médecine, on enseigne la même chose. Cela  permet à ce qu’un médecin formé à Abidjan puisse travailler à Dakar ou dans un autre pays. C’est une intégration totale. Les diplômes de docteur en médecine et ceux des spécialités médicales qui sont délivrés par les facultés de médecine des pays francophones et décernés par le collège ouest africain sont reconnus dans l’espace CEDEAO’’, a-t-il fait savoir.   

VIVIANE DIATTA

 

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