Publié le 31 Mar 2016 - 14:03
4ÈME CONFÉRENCE SUR L’EDITION SCIENTIFIQUE

L’accès au savoir doit être ‘’open’’

le Secrétaire exécutif du Codesria Ebrama Sall

 

Les chercheurs publient régulièrement les résultats de leurs études dans des revues et publications revendues. Ce qui les rend moins accessibles à tous. Surtout que les prix de vente sont assez élevés. Des militants pour l’accès libre au savoir prône ‘’l’open access’’ tel que dit ailleurs au cours de l’ouverture de la 4ème conférence de l’édition électronique scientifique à Dakar. Elle est organisée par le Codesria.

 

Étant conscient que le savoir est un moteur de développement, des chercheurs sont pour son ‘’open access’’ (ndlr, libre accès en langue anglaise). Parmi ces derniers, ceux du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (Codesria). C’est pour cela que l’organisation susnommée organise sa quatrième conférence sur l’édition scientifique. Elle est ouverte depuis hier à Dakar et va être clôturée ce jour. Pendant ces 48 heures de conclave, ces chercheurs venus d’Asie, d’Afrique, d’Europe et d’Amérique Latine échangeront sur les meilleurs mécanismes à promouvoir afin de mieux vulgariser leurs recherches.

Et les Africains gagneraient plus à s’intéresser aux propositions qui émaneront de cette rencontre. ‘’Il se trouve que les pays qui ont l’argent et le pouvoir, qui dominent le monde, sont les pays où on trouve les meilleures revues ainsi que les meilleures publications. Ce sont les pays où la production scientifique est plus élevée avec tous les instruments de mesure qu’il faut. Cela ne permet pas de savoir ce qui est produit dans les pays du Sud, notamment en Afrique, d’être visible et d’être accessible’’, a révélé le Secrétaire exécutif du Codesria Ebrama Sall. Encore que les chercheurs africains ont du mal à être publiés ailleurs des fois. ‘’Nous avons fonctionné pendant longtemps de manière traditionnelle en publiant des ouvrages, des livres.

On a commencé à le faire au Codesria parce qu’on était conscient des difficultés qui existent à se faire publier ailleurs’’, se rappelle M. Sall.  Et s’ils y arrivent, ‘’ils ne sont pas souvent capables de racheter leurs ouvrages ou dans certains cas, ils n’ont même pas droit à des exemplaires gratuits de leurs propres publications. Ces revues coûtent extrêmement cher pour ceux qui doivent l’acheter avec nos monnaies locales’’, a indiqué le directeur de cabinet du ministre de la Culture et de la Communication Rémy Sagna, venu présider la cérémonie d’ouverture de cette conférence.

Ainsi, ce domaine est devenu un vrai terreau économique. Il est par conséquent ‘’devenu un domaine où la privatisation est importante avec de grandes maisons d’édition et de grandes multinationales’’, selon Ebrama Sall. Le coût élevé des productions scientifiques publiées entrave nettement le développement de certains pays. En effet, a admis M. Sagna, ‘’ni une vie universitaire normale, ni la construction de véritables sociétés de savoir ne sont possibles sans l’accès aux revues scientifiques dans lesquelles les résultats des recherches sont publiés.

Or, le coût de l’abonnement aux revues scientifiques est devenu tellement élevé que peu d’institutions universitaires ont aujourd’hui les moyens de s’abonner à toutes les revues qui couvrent les domaines sur lesquels portent leurs programmes d’enseignement et de recherche’’. Pourtant, sans ces revues, on sera en ‘’déphasage’’ avec le développement du monde, considère le secrétaire exécutif du Codesria. C’est pourquoi, à l’instar du Sénégal, il exhorte les autres États africains à soutenir leurs universités en prenant en charge les abonnements à certaines revues et publications. Mais au-delà, ils doivent soutenir les universitaires en leur donnant assez de moyens afin qu’ils puissent faire des recherches.

Prudence à ‘’l’open access’’

Par ailleurs, le prix de vente élevé de ces bulletins est illogique. Parce que le savoir doit ‘’rester un bien public’’, selon M. Sall. C’est pour cela que ces chercheurs se battent pour que les recherches publiées soient accessibles à tous. L’internet, donc l’édition électronique, est l’une des solutions pour régler ce problème, selon certains. Mais pour le vice-recteur de l’université de Yaoundé Chambow Bebar Sammy, c’est une minorité qui a accès à ces savoirs mis en ligne mais pas ‘’la population qui veut s’émanciper’’. A cela s’ajoute la barrière linguistique, a-t-il noté. En outre, ce n’est pas que l’internet qui pose problème. Pour lui, même si l’open access doit être soutenu, il faut aussi être ‘’prudent’’. Car avec l’accès libre au savoir conséquemment, il est difficile de vérifier la fiabilité des brevets. 

BIGUE BOB

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