Publié le 17 Nov 2021 - 18:17
ABANDONNÉE PAR L’AUTEUR DE SA GROSSESSE

Aïda Khoudia Sall tue son nouveau-né 

 

Si elle savait que son acte n’allait pas rester impuni, Aïda Khoudia Sall allait préférer supporter la colère de ses parents. Pour ne pas subir leurs remontrances, elle tue sa fille qui venait juste de naître, par asphyxie. Jugée hier à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de Dakar, elle encourt cinq ans de réclusion criminelle. 

 
En détention préventive depuis le 25 mars 2019, Aïda Khoudia Sall a finalement fait face, hier, aux juges de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. Née en 2000, la jeune fille est accusée d’infanticide. Le crime qui lui a valu sa comparution a eu lieu le 17 mars 2019. 
 
Domiciliée à Liberté 6 avec ses parents, la demoiselle, qui était à l’époque en classe de seconde, est tombée enceinte de son petit ami Abdou Konté. Ce dernier, qui venait chaque année en vacances dans le même immeuble où elle vit, a refusé la paternité de cet enfant.
 
Ainsi, Aïda Khoudia Sall, qui dit être surprise par l’attitude ‘’irresponsable’’ de son petit ami, décide de dissimuler sa grossesse. Durant neuf mois, elle n’a jamais été suivie par une sage-femme. Quand arrive le jour de l’accouchement, elle parvient à tromper la vigilance de sa mère Maguette Diop qui ne s’est jamais doutée de son état.
 
En effet, elle a fait croire à celle-ci qu’elle avait la diarrhée, raison pour laquelle elle allait constamment aux toilettes où elle a mis au monde son fils.
 
Après son accouchement, elle étouffe le nouveau-né de sexe féminin, le met dans un sachet avant de le mettre discrètement dans une bassine. C’est le lendemain, quand la charrette qui ramassait les ordures est venue dans son quartier, qu’elle a mis le cadavre dans un sac de riz qui contenait des déchets ménagers et l’a jeté.
 
Malheureusement pour elle, le charretier qui arrangeait les déchets, découvre le cadavre. Tombé des nues, il informe son frère qui lui conseille d’alerter les flics. Connaissant toutes les personnes pour qui il fait la collecte des ordures, le jeune charretier retrouve sans difficulté la personne qui a jeté le sac où se trouvait le cadavre.
 
Entendue, Aïda Khoudia Sall reconnaît sans ambages les faits. Sa mère, arrêtée pour recel de cadavre, a été disculpée. 
 
Face aux juges hier, elle a maintenu ses aveux. ‘’L’enfant était né vivant. Je l’ai asphyxié. Je ne voulais pas le garder, car j’ai eu peur des représailles de mes parents. Quand mon petit ami a refusé la paternité de notre enfant, j’étais désemparée. Ma mère a toujours ignoré mon état’’, dit-elle.
 
Tout en regrettant son acte, elle a imploré le pardon du tribunal. ‘’Le 18 mars 2019 est la pire journée de ma vie. J’avais la gorge sèche en sachant que mon bébé était au milieu des ordures’’, lâche-t-elle.
 
En outre en prison, Aïda Khoudia Sall, qui était brillante à l’école, si l’on se fie à son avocat, a eu le privilège de poursuivre ses études. Actuellement, elle prépare le baccalauréat. Examen qu’elle passera sans doute dans les liens de la détention, si le tribunal suit le réquisitoire du représentant du ministère public qui a requis cinq ans d’emprisonnement ferme. Selon le maître des poursuites, même si l’accusée a fait son mea-culpa, elle a asphyxié mécaniquement sa fille, alors que celle-ci était vivante. D’après lui, l’intention de la comparante de tuer son enfant est constante. 
 
Quant à l’avocat de la défense, Me Serigne Ahmadou Mbengue, il a sollicité une application bienveillante de la loi pénale. Selon la robe noire, Abdou Konté, le petit ami de sa cliente, est à la base des difficultés et des rancœurs que  vit celle-ci. ‘’C’est une attitude irresponsable’’, s’est offusqué Me Mbengue. 
 
L’affaire mise en délibéré, Aïda Khoudia Sall sera édifiée sur son sort le 7 décembre prochain. En attendant, elle retourne à la citadelle du silence où elle séjourne depuis deux ans et huit mois. 
 
MAGUETTE NDAO

 

 

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