Publié le 12 Aug 2020 - 23:28
ABBE LOUIS ALPHONSE BIRAM NDOUR

‘’Il est possible de se marier et de recevoir le baptême en cette période’’

 

A cause de la Covid-19, les catéchumènes n’ont pas pu recevoir le baptême, la nuit de Pâques, avec la suspension des messes. En plus, des fidèles ont repoussé leur mariage. Dans cet entretien, le curé de la paroisse Saint-Paul de Grand-Yoff souligne que si, d’aventure, un catéchumène venait à décéder dans l’entretemps, il aurait droit aux funérailles ecclésiastiques. Tout en soutenant qu’il est possible de se marier, en procédant à la publication de bans par affichage, en cette période de pandemie.

 

L’Eglise a fermé ses portes depuis plus de 4 mois. En termes de la foi, qu’est-ce que cela a comme impact ?

L’Eglise a suspendu le culte public depuis le 17 mars 2020. Cela fait suite à tout un ensemble de communiqués sur la maladie. Nous sommes au 8e communiqué, en ce moment. Dès le 7 mars, l’Eglise a pris les devants pour avertir, éveiller et conscientiser les populations sur la pandémie et sur tout ce que ça peut créer comme impact au niveau de la population. Quand je parle d’impact, c’est bien sûr négatif. L’Eglise est revenue, le 17 mars, sur une ligne constante qu’elle a développée, depuis le début, pour dire qu’elle est soucieuse de la préservation de la vie. Cette vie humaine prime sur tout ce que nous pourrions imaginer, parce que Dieu l’a voulu en la créant et l’a voulue sacrée.

C’est pour cette raison que l’Eglise a pris tout un ensemble de mesures qui vont dans le sens de l’éradication du coronavirus. L’impact est à différents niveaux. Le niveau le plus important est celui de la foi. Bien entendu, les fidèles n’assistent pas à la messe qui est pour le chrétien le sommet de la vie. L’eucharistie est le sommet de la vie de la foi du chrétien. Donc, le fait de ne plus assister à cette messe qui est toute forte à la foi chrétienne. Cependant, le pape François avait donné le message, en disant que cette communion, qui était physique, peut être désormais une communion spirituelle, en cette période particulière que nous vivons. Cela veut dire que moi qui n’ai plus la possibilité de venir participer à l’eucharistie quotidienne, je peux vivre cette eucharistie en la désirant au plus profond de moi-même et en la vivant comme si c’était quelque chose que je tenais entre les mains pour nourrir ma foi.

Depuis ce moment, l’Eglise s’est organisée de manière à offrir le culte qui devrait être public aux fidèles. Ce, à travers les réseaux sociaux, par des messes qui sont télévisées et tous ces supports qui nous sont donnés pour permettre aux prêtres de joindre les fidèles où ils sont.

Vous l’avez dit, l’eucharistie est le sommet de la foi chrétienne. Qu’est-ce que cela fait, quand on reste des mois sans la prendre ?

C’est pourquoi je vous parlais tout à l’heure de la communion spirituelle. Vous savez, pendant des siècles, là où l’Eglise a été persécutée, il n’a pas été donné aux fidèles de pouvoir vivre de cette eucharistie comme cela se devait. J’aimais beaucoup lire, quand j’étais plus jeune, certains livres qui nous venaient des pays de l’Est où beaucoup de chrétiens étaient enfermés dans les goulags ou dans certains pays communistes où la foi n’était pas permise d’être vécue comme cela se devrait.

Du coup, j’ai lu l’histoire de cet évêque vietnamien très courageux qui ne pouvait pas célébrer la messe, parce qu’il était enfermé en prison. Les moments qu’il pouvait avoir pour vivre intérieurement cette communion, il ne les a pas dans une cellule de prison, donc avec l’impossibilité de communier. C’est pour cela que j’ai parlé de communion spirituelle. Il y a ce lien entre l’homme croyant et Dieu qui lui permet de le rejoindre de manière spirituelle. C’est-à-dire qui lui permet, même s’il ne le touche pas de manière palpable, de le faire de manière spirituelle. N’est-ce pas ce que nous vivons d’ailleurs tous les jours ? Dieu, nous ne le voyons pas. Cependant, nous sommes en tension permanente vers lui. C’est pour cela que la communion spirituelle réveille, en ces périodes de pandémie.

 La pandémie a coïncidé avec la Pâques. Qui parle de Pâques fait référence aux catéchumènes. Aujourd’hui, ces catéchumènes n’ont pas reçu le baptême qui est le premier sacrement. Qu’est-ce qui est fait pour eux ?

Je voudrais souligner avec fierté la claire vision de nos évêques.  Depuis le début de cette pandémie, il n’y a pas une seule structure qui a autant pris conscience du mal que cette pandémie peut faire dans ce pays. Ce, au point de prendre les décisions dont nous parlons. Nous, chrétiens, avons manqué beaucoup d’évènements forts importants dans la vie du croyant. Vous avez évoqué la fête de Pâques qui est un moment très important pour la vie d’un chrétien. Nous pouvons évoquer le temps de carême qui précède le temps de Pâques. Nous pouvons rappeler tous ces rassemblements comme les Journées mondiales de la jeunesse où les jeunes se retrouvaient autour de l’évêque. A Dakar, on peut se retrouver avec plus de 20 mille jeunes autour de l’évêque et même d’autres cérémonies.

Pour le problème des sacrements, il faut les prendre en gros. Nous avons les sacrements et les sacramentaux. Les sacrements sont au nombre de 7. C’est le baptême, la communion (l’eucharistie), la confirmation, l’onction des malades, le mariage, l’ordre (les ordinations sacerdotales, diaconales) et la confession. Ce sont ces sacrements qui permettent au chrétien de pouvoir vraiment vivre la profondeur de sa foi. Durant toute la période préparatoire qui se trouve être la période du carême, il y a ce qu’on appelle le scrutin jusqu’à l’appel décisif. 

A Saint-Paul de Grand-Yoff, nous avons fait l’appel décisif. Quand on fait l’appel décisif, c’est que dans les jours à venir, ceux qui ont été choisis devront recevoir le baptême la nuit de Paques. A Saint-Paul, ils sont plus de 170 personnes à devoir recevoir ce baptême. A ceux-là s’ajoutent les enfants qui n’ont pas été baptisés et qui ont commencé le catéchuménat.

Ils sont aussi nombreux que ceux que je viens de citer. Donc, ils sont aussi nombreux à attendre d’être baptisés aujourd’hui. La situation ne le permettait pas encore. Mais dans la durée, nos pères évêques donnent la possibilité aux pasteurs, c’est-à-dire aux curés de paroisse, de pouvoir s’organiser de manière à pouvoir donner le baptême et d’autres sacrements à tous ceux qui voudraient être baptisés la nuit de Paques et en même temps au baptême d’enfants. C’est toute une réflexion qui doit être menée pour l’application de ces baptêmes, de manière à ce que ceux-là puissent vraiment se sentir chrétiens, à travers le baptême qu’ils vont recevoir. Nous ne le souhaitons pas. Mais si, d’aventure, un catéchumène venait à décéder, dans l’entretemps, il aurait droit aux funérailles ecclésiastiques. Cela veut dire que ce catéchumène, qui n’a pas pu être baptisé de fait, a ce qu’on appelle dans l’Eglise le baptême de désir. On le considère comme tel.

Est-il possible de se marier en cette période, vu qu’il n’y aura pas la publication des bans ?

Oui. La publication de bans, c’est à deux formes. La forme ordinaire, c’est ce que vous connaissez le plus souvent. C’est celle qui est publiée en sphère. Mais il y a aussi la publication de bans par affichage. Par conséquent, les candidats ou les conjoints qui se préparent au mariage, une fois qu’ils se rapprochent des équipes pastorales, pourront avoir cette forme de publication qui est celle d’afficher les publications de bans, pendant le temps de Covid-19. Cela leur permettra d’entrer dans les normes procédurières de la préparation au mariage.

Pour ce qui est de la confession, quelles sont les dispositions prises ?

Comme vous le savez, l’une de recommandations du ministère de la Santé, c’est le port du masque. Ceci pour se protéger contre toutes les formes de contamination. Dans le cadre d’une confession, c’est ce qui est prévu pour le confessionnal. Donc, il faut mettre une barrière entre le fidèle et celui qui confesse. La confession peut se faire dans un bureau, avec le respect des mesures barrières pour éviter tout risque. C’est tout un ensemble d’organisation qu’il faut voir de façon à ce que l’on ne soit pas exposé.

VIVIANE DIATTA

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