‘’Il n’y a pas péril en la demeure’’

L’équipe du Stade Mbour traverse des moments difficiles, dans ce début du championnat national de football du Sénégal. Mais cette situation n’ébranle pas le président intérimaire du club. Le successeur de Saliou Samb, Abdoulaye Guèye, soutient, dans cet entretien avec ‘’EnQuête’’, qu’il n’y a pas péril en la demeure. Le dirigeant promet de redresser la situation et de maintenir l’ainée des équipes de football de la Petite Côte.
Le Stade de Mbour compte un point et occupe l’avant-dernière place du classement de Ligue 1, après quatre journées. Qu’est-ce qui explique cette mauvaise passe ?
Effectivement, nous avons enregistré un seul point en quatre matches. Depuis notre retour en Ligue 1, c’est la première fois que nous concédons trois défaites successives. Donc, nous traversons une mauvaise passe certes, mais ceux qui connaissent le championnat sénégalais savent que ce n’est pas un péril. Nous sommes en train d’analyser la situation afin de prendre toutes les mesures nécessaires pour remédier à ça. Nous avons même commencé, le week-end dernier, avec le match nul (1-1) de haute facture qu’on a obtenu contre Diambars. Le Stade de Mbour pouvait même gagner le match, parce qu’on a raté la meilleure occasion de la rencontre. Mais la vie est ainsi faite. Je dis que nous avons fait un bon résultat avec Diambars et nous pensons que ça sera le déclic pour le reste de la saison. Je le répète, il n’y a pas encore péril en la demeure. Nous sommes en train de nous organiser pour remédier à cette mauvaise passe.
N’y a-t-il pas une crise au sein du Stade de Mbour, avec la démission de Saliou Samb, après les deux premières défaites ?
Il n’y a pas de crise au Stade de Mbour. L’ancien président du club, Saliou Samb, a démissionné pour des raisons familiales. Il a dirigé le club pendant 9 ans avec beaucoup d’investissements. Donc, nous regrettons son départ.
Vous avez été désigné président après le départ de Saliou Samb. Comment vous avez trouvé le club ?
Après la démission de Serigne Saliou Samb, le bureau m’a chargé de diriger l’équipe. Je travaille avec les membres du bureau et d’autres personnes ressources de la ville de Mbour. Nous avons été investis pour élaborer des textes et organiser une assemblée générale apaisée où nous allons remettre le club à la personne que la population mbouroise désignera souverainement. Donc, j’invite tous les fils du département à la sérénité, pour qu’on puisse maintenir l’équipe en 1re division. Cette ambition me semble, a priori, faisable parce que le président sortant avait posé les jalons en recrutant un coach et des joueurs. Ils ont connu un début difficile. Et à mon arrivée, je les ai réarmés moralement. Ils ont bien entendu le message parce qu’ils ont tout fait pour ne perdre le match contre Diambars.
Quand est-ce que vous envisagez organiser l’assemblée générale élective du nouveau président ?
Nous sommes en train de nous préparer pour tenir l’assemblée générale élective. Elle va se tenir à la fin de la saison. La date n’est pas encore fixée, car il y a d’autres défis que nous devons relever dans l’immédiat. Mais nous avons déjà monté une équipe chargée de mette en place tous les outils devant nous permette de tenir notre assemblée générale après la fin de la saison.
Quel est l’objectif du Stade de Mbour, pour cette saison ?
L’objectif principal du Stade de Mbour a été de figurer, chaque année au moins, dans les premiers. Mais en raison du caractère particulier de la saison 2019-2020, nous avons changé de vision. Nous voulons d’abord remettre l’équipe sur les rails. Cela passe par le maintien en 1re division. Ce qui fait que nos ambitions seront plus élevées l’année prochaine. Mais je demeure néanmoins convaincu que le Stade de Mbour peut terminer sur le podium cette saison, parce que ce n’est pas la première fois que le club se trouve dans la zone de relégation. Nous allons nous organiser en conséquence. Le premier est à 10 pts. Donc, nous pouvons revenir dans la course, si nous gagnons nos trois prochaines rencontres.
La Ligue professionnelle entame sa 11e année cette saison. Comment vous jugez la première décennie du football professionnel sénégalais ?
La Ligue professionnelle sénégalaise a souffert de beaucoup de manquements dès sa naissance. C’est ce qui fait que des pays voisins comme le Mali, la Guinée ou la Mauritanie nous ont dépassés au plan du football local. Donc, le bilan des dix années de notre football n’est pas du tout satisfaisant. C’est pourquoi le président de la Ligue sénégalaise de football professionnel, Saër Seck, compte organiser, cette année, un symposium sur les 10 ans du championnat professionnel. Cet évènement sera une aubaine, pour les dirigeants, de tirer les enseignements et de débattre des correctifs qu’il faut apporter pour permettre à notre football local de prendre son envol.
Le Sénégal constitue un paradoxe. Nous sommes le premier pays africain, selon le classement de la Fifa, mais notre football rencontre beaucoup de difficultés. La Ligue de football professionnel doit donc travailler pour permettre aux clubs d’avoir le niveau africain. Mais il lui faut un soutien de l’Etat. Il faut que l’Etat soutienne les clubs pendant un certain temps, parce que le foot est devenu un facteur de développement. Donc, l’Etat a le devoir de soutenir le football local à travers la formation des dirigeants. La ligue et la Fédération sénégalaise de football doivent travailler dans ces deux domaines, pour permettre au football sénégalais de devenir une des mamelles de notre économie. Notre football professionnel a sorti des stars planétaires comme Sadio Mané, Idrissa Gana Guèye, Ismaïla Sarr... Donc, il n’est pas mauvais. C’est à nous de le valoriser, en le rendant beaucoup plus attractif.
Les clubs traditionnels peinent à s’imposer dans le championnat local. Ils sont bousculés par les centres de formation. Qu’est-ce explique cela, selon vous ?
Les centres de formation Diambars, Génération Foot, Dakar Sacré-Cœur ont créé un modèle économique viable. C’est la mutation que les clubs traditionnels devaient faire depuis très longtemps, mais ils ne l’ont pas réussi. Aujourd’hui, il n’y a que le Casa Sport qui a commencé son processus de mutation. Le Jaraaf a manifesté sa volonté. Le Stade de Mbour sera également sur la voie dans les prochaines années. On a l’avantage de disposer d’une base affective populaire. C’est un acquis que nous devons exploiter. C’est pourquoi nous réfléchissons sur l’ouverture de notre capital social aux supporters et aux entreprises basées dans le département de Mbour. Ces sociétés peuvent aussi nous aider dans le sponsoring et le marketing.
Les pistes de solution sont nombreuses, mais les clubs traditionnels n’ont pas su les exploiter. Ils doivent accepter de quitter l’archaïsme en formant d’abord leurs dirigeants au plan administratif et managérial. Après cette première étape, la priorité sera d’inventer un modèle économique viable. Cela leur permettra d’être au même niveau de progression des centres de formation. Nous, les membres du bureau actuel du Stade de Mbour, nous allons mettre les bases d’une véritable mutation afin de permettre à nos successeurs d’améliorer la situation du club.
Teungueth Fc, vainqueur de la Coupe du Sénégal l’année dernière, a renoncé à sa participation à la Coupe de la Confédération africaine de football (Caf). Pensez-vous que la même situation peut se reproduire dans les prochaines saisons ?
Teungueth Fc a eu raison de déclarer forfait. Ses dirigeants ont évoqué des motifs valables. Le club n’était pas prêt, faute de moyens financiers. Génération Foot, pour sa part, a été éliminée au dernier tour préliminaire de Ligue africaine des champions par le Zamaleck. Le champion du Sénégal pouvait même se qualifier à la phase de poules de la Coupe Caf, mais il a été écarté par l’Esae du Bénin. Au Sénégal, nous avons des équipes comme Génération Foot qui ont les moyens de disputer les compétitions africaines, mais il leur manque un peu d’organisation. Génération Foot était largement supérieur à la formation béninoise qui l’a éliminée. Mais ses joueurs étaient perturbés par la reprogrammation du match contre Zamaleck d’Egypte. Nos dirigeants sont conscients de cela et ils vont travailler pour le règlement de ces problèmes.
OUMAR BAYO BA