Publié le 14 Sep 2021 - 23:43
ACCORD-CADRE YEWWI ASKAN WI

Le diktat des trois grands !

 

Sur les cinq membres qui vont composer le Conseil de médiation et d’arbitrage chargé d’accepter les candidatures, trois seront issus de façon permanente des trois partis initiateurs que sont Taxawu Senegaal, Pur et Pastef. Selon l’accord-cadre, il est également prévu que, dans les investitures, la représentativité des partis sera mise en avant, selon les élections locales de 2014, législatives de 2017 et présidentielle de 2019.

 

On en sait un peu plus sur l’accord-cadre de la coalition Yewwi Askan Wi que déplorait dernièrement Bougane Guèye Dani, leader de la coalition Gueum Sa Bopp. D’emblée, en préambule, Pastef, Pur et Taxawu Senegaal ont tenu à fixer les règles à tous ceux qui souhaiteraient rejoindre leur rang. Ils insistent : ‘’Après de franches discussions, constatant une large convergence de vues sur la gestion chaotique du pays par le régime en place, Pastef, Pur et Taxawu Senegaal ont décidé de fédérer leurs forces, dans le cadre d’une coalition électorale, en perspective des élections à venir. Cette initiative a été élargie à d’autres formations de l’opposition sénégalaise pour donner naissance à une très large coalition dénommée Yewwi Askan Wi (Yaw), lancée le jeudi 2 septembre 2021.’’

Selon les termes de l’accord, Yaw reste ouverte à tous les partis et mouvements de l’opposition. Mais à une condition : il faut accepter de signer ‘’sans conditions’’ la charte. ‘’La coalition est ouverte à tous les partis et mouvements politiques et citoyens de l’opposition qui partagent ses principes, acceptent de signer la charte, sans conditions, et de respecter les règles d’organisation et de fonctionnement’’, prévoit le document.

Mieux, pour ce qui est des investitures, tout semble avoir été fait pour que la voix des trois grands puisse être prépondérante. Par exemple, en ce qui concerne le Conseil de médiation et d’arbitrage (CMA) chargé d’accepter les candidatures et de trancher les éventuels litiges, il n’y aura que cinq membres, dont les trois initiateurs. Le document précise : ‘’Les membres initiateurs sont membres de droit et permanents du CMA. Les autres membres sont désignés par la CDL (Conférence des leaders), de façon rotative, pour un mandat de trois mois. Lorsque l’affaire à traiter oppose une organisation membre du CMA à une autre non membre, cette dernière est autorisée à siéger dans le CMA et défendre de façon équilibrée son dossier. Les décisions sont prises à la majorité, à défaut du consensus privilégié… Il réunit les leaders des partis et mouvements initiateurs de la coalition et deux leaders choisis au sein de la conférence des leaders.’’

En outre, l’accord-cadre prévoit que le Conseil de médiation et d’arbitrage, qui se trouve au-dessus de la Conférence des leaders, sera chargé ‘’d’entreprendre toute démarche de conciliation et de médiation entre les membres de la coalition, pour aboutir à des consensus dynamiques. Il procède aux arbitrages nécessaires pour résoudre les difficultés rencontrées au niveau de la Conférence des leaders et des instances de base’’.

Autre structure très importante dans le fonctionnement de la coalition Yaw : c’est la Commission nationale d’investitures (CNI). Sur la base des principes et règles d’investiture retenus, celle-ci est chargée de proposer des candidatures qui seront soumises au Conseil politique et stratégique, pour avis, et au Conseil d’orientation et d’arbitrage, pour validation. ‘’La Commission nationale d’investitures (CNI), renseigne le document, travaille en étroite collaboration avec la commission chargée des opérations électorales et avec les comités électoraux départementaux, et veille à l’application des règles générales d’investiture édictées par la coalition. En cas de désaccords entre les parties prenantes dans une circonscription électorale, la CNI, en rapport avec le comité électoral de la circonscription, intervient pour trouver un consensus afin de préserver l’unité de la coalition et de parvenir à l’élaboration des listes dans la plus grande transparence et dans le souci d’efficacité électorale’’. 

Ainsi, le moins que l’on puisse dire, c’est que dans cette coalition, les choses sont déjà suffisamment claires. Même les principes directeurs des investitures ont déjà été établis. Il s’agira, dans toutes les collectivités territoriales, de mettre en avant les principes de loyauté et de générosité vis-à-vis des membres, d’efficacité électorale et de consensus dans les prises de décision. ‘’Pour le cas particulier des communes de la capitale (Dakar), des communes chefs-lieux de département et des villes et départements, la désignation des candidats tient compte de la représentativité électorale et du poids des appareils politiques évalués, selon les résultats des élections locales de 2014, législatives de 2017 et présidentielle de 2019, mais aussi du profil des candidats proposés pour les postes convoités et de l’ancrage local des partis’’.

Par ailleurs, il est prévu par l’accord-cadre que les partis et mouvements de la coalition conservent un droit de préemption sur les collectivités territoriales (communes, villes et départements) effectivement sous leur contrôle, à la date des investitures.

Toutefois, les membres de la coalition ont un droit de regard sur la qualité des profils présentés ou à reconduire. ‘’Au regard des objectifs projetés pour les élections locales, législatives et présidentielle à venir, il ne saurait être investi, au nom de la coalition Yewwi Askan Wi, un candidat membre d’un parti appartenant à la coalition BBY. Dans tous les cas, toutes les candidatures proposées seront soumises à la validation du Conseil d’orientation et d’arbitrage. Les listes sont plurielles et établies suivant un panachage des candidats tenant compte de la règle de la parité’’, souligne l’accord-cadre.

MOR AMAR

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