Publié le 27 May 2019 - 16:36
APPROVISIONNEMENT EN EAU DE QUALITE

Les usagers de plus en plus exigeants

 

Alors que la denrée se raréfie de plus en plus, avec les changements climatiques, l’approvisionnement correct en eau devient une exigence capitale, chez les usagers.

 

Au Sénégal, la ressource en eau de qualité tend à se faire rare, en raison des changements climatiques notés depuis plusieurs années. L’exploitation de la ressource doit être faite de façon rationnelle et équitable, avec le souci constant du développement durable. C’est, en substance, l’une des principales recommandations sorties samedi de l’atelier sur la restitution des études d’élaboration de deux plans de gestion des ressources en eau des sous-Ugp de la Somone et du Car Car.

Face aux difficultés notées dans l’approvisionnement correct en eau dans la capitale sénégalaise, dans sa banlieue et dans certaines villes du pays, le gouvernement du Sénégal a lancé, depuis quelques années, des initiatives entrant dans le cadre de la promotion d’une gestion intégrée des ressources en eau. Il a commencé par définir un cadre stratégique de gestion durable de l’eau qui a débouché sur un Plan d’action de gestion intégrée des ressources en eau (Pagire) élaboré et validé en 2007 et auquel il a été associé un Plan d’actions prioritaires (Gire 2008-2015). Cette nouvelle stratégie du gouvernement a pour objectifs de redynamiser le cadre de planification et de gestion des ressources en eau à travers la création de cinq unités territoriales de gestion et de planification (Ugp) elles-mêmes découpées en 28 sous-unités dont chacune sera dotée d’un plan de gestion des ressources en eau (Pgre).

 C’est dans ce sens que des études d’élaboration de deux plans de gestion des ressources en eau des sous-Ugp de la Somone et du Car Car ont été effectuées. Lors de la restitution des travaux qui a regroupé, samedi dernier, des participants des régions de Louga et de Diourbel, la question de la qualité de l’eau est revenue comme un leitmotiv, lors des prises de parole.

Momar Sow, Maire de Ngandé, dans l’arrondissement de Keur Momar Sarr, à l’instar de ses collègues de Ndoyène et de Mbédiène, fustige le manque d’eau récurrent noté dans sa localité. ‘’Il est inconcevable que le lac de Guiers se trouve à quelques encablures de nos localités et que nous ayons des difficultés de nous approvisionner en eau douce’’, fulmine-t-il. Pour solutionner ce problème, son collègue de Pété Warakh invite les autorités à mettre en place une batterie de forages qui pourraient alimenter beaucoup de communes et à utiliser en même temps le système de dragage de la vallée. ‘’Il faut penser à d’autres solutions alternatives, parce que des milliards ont été utilisés pour construire des forages, alors que la problématique de la disponibilité du liquide précieux n’est pas résolue. Nous avons grandement besoin d’eau douce’’, soutient-il.

Face à ces problématiques soulevées, Antoine Diockel, Ingénieur en génie civil, préconise la mise en place d’une autoroute à eau de 500 milliards, pour pouvoir asseoir un développement durable. Parallèlement à cette autoroute de l’eau, Antoine Diockel Thiaw préconise la récupération des 13 milliards de mètres cubes d’eau qu’on jette dans la mer. Et pour ce faire, les pays comme le Sénégal, le Mali et la Mauritanie doivent discuter et s’entendre sur l’utilisation de cette eau, car un seul milliard de m3 d’eau peut résoudre tous les problèmes du Sénégal. Selon lui, il suffit juste que ces pays acceptent que le Sénégal tire 26 m3 à la seconde pour que nos problèmes soient résolus.

Le Sénégal dispose en abondance de la ressource en eau. Mais c’est la qualité qui pose problème, à en croire le chef de la Division planification et système d’information de la Dgpre du ministère de l’Eau et de l’Assainissement. Selon Moctar Sall, il y a beaucoup de zones qui souffrent de la qualité de l’eau, notamment Touba. ‘’On a des problèmes de qualité dus à la salinisation de la ressource, parce que la zone se trouve dans la bande centrale salée’’, soutient-il. 

Venu clôturer la rencontre, l’adjoint au gouverneur de Diourbel chargé du développement souhaite une discrimination positive pour les zones qui se situent à côté de Kms3. Il n’a pas manqué d’appeler les services compétents de la gestion de l’eau de toujours privilégier la communication, en menant des campagnes de sensibilisation à l’endroit des populations, pour qu’elles connaissent et s’approprient la loi.

Code de l’eau : Les députés invités à adopter la loi

Le Code de l’eau du Sénégal date de 1981. Il a été institué par la loi n° 81-13 du 4 mars 1981 portant Code de l’eau. Ce code est désuet et ne répond plus aux préoccupations des usagers. Il faut que les parlementaires adoptent, au plus vite, le nouveau code qui, aux dires de Mactar Sall, Chef de la Division planification et système d’information à la Direction de la gestion de la planification des ressources en eau (Dgpre) du ministère de l’Eau et de l’Assainissement.

‘’Pour le Code de l’eau, le processus est déjà terminé. On a passé toutes les étapes. Il ne reste plus que celle de l’Assemblée nationale. L’objectif de ce code, c’est la préservation de la ressource en eau. Quand la ressource en eau est préservée, toutes les activités économiques sont aussi préservées. S’il n’y a pas d’eau, il n’y a plus d’activité économique. Il faut donc faire respecter la loi’’.

Les participants à la rencontre ont jugé que le code a fait son temps et que les enjeux, lors de son élaboration, sont très différents de ceux de maintenant, parce que la loi date d’il y a 38 ans.

Outre le fait que le code soit obsolète, le Conseil supérieur de l’eau a disparu, avec la suppression du poste de Premier ministre. Le décret nº98-557 porte création d'un Conseil supérieur de l'eau. Ce conseil décidait des grandes options d'aménagement et de gestion des ressources en eau du Sénégal et arbitrait les différends nés de l'utilisation de l'eau pour les divers usages possibles (alimentation en eau potable, élevage, agriculture, pisciculture, industrie, énergie, etc.).  Il était logé à la primature et avait comme président le Premier ministre. Mais, avec la dissolution de la primature, cet organe, très important dans la gouvernance du liquide précieux, souffre d’ancrage institutionnel. Les acteurs s’interrogent et souhaitent que le chef de l’Etat restitue cet outil très important.

BOUCAR ALIOU DIALLO (DIOURBEL)

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