Publié le 2 Dec 2019 - 20:53
ASSEMBLEE NATIONALE

Complaintes infinies à l’Intérieur  

 

Le vote du projet de budget du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique a pris toute la journée d’hier, au vu des nombreuses problématiques qui émaillent ce département.

 

La séance d’hier a commencé par un tohu-bohu sur la non-inscription de certains députés de l’opposition dont Mamadou Diop Decroix et Ousmane Sonko, qui n’ont pas compris que leurs noms soient absents de la liste, alors qu’ils avaient levé le doigt pour y figurer. Yata Sow, la présidente de séance, parvint à rétablir de l’ordre sur la liste et dans la salle avant que 98 orateurs n’aient l’occasion de s’adresser au ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Aly Ngouille Ndiaye.

Son département est crédité d’un budget-programme de 126 milliards de F Cfa, contre 177 en autorisations d’engagement. Ce qui cache mal l’insuffisance de crédits pour le premier flic du pays. Au point que le ministre des Finances a indiqué, en travaux de commission, ‘‘qu’au regard des missions qui lui sont confiées, il y a lieu de faire des efforts pour revoir à la hausse les crédits qui lui sont alloués’’.  

1 917,9 milliards de F Cfa ont été mis dans la sécurité, de 2012 à 2019, renseigne Abdoulaye Daouda Diallo. D’ailleurs, les députés, à l’unisson, ont demandé que les moyens des forces de défense et de sécurité soient renforcés. ‘‘Si on avait multiplié les moyens par 10, on en redemanderait’’, explique Mamadou Diop Decroix. La densification de la carte des brigades de gendarmerie ou de postes de police, ou la rénovation de l’existant, a été la réclamation principale des parlementaires, des capitales régionales et chefs-lieux de département notamment. Vingt-trois départements sur 45 n’ont pas de commissariat, d’après Mamadou Diop Decroix qui suggère que la jeunesse, via les Asc, soit intégrée dans les solutions aux menaces extérieures.

Les députés de Kolda, de Matam, de Salémata (Kédougou) dont les capitales régionales sont en zone frontalière, ont été les plus incisifs sur les exigences. Le député Cheikh Abdou Mbacké a même proposé un programme pour rééquiper toutes les préfectures et établissements publics dans les localités intérieures dont la plupart datent d’après l’indépendance. A Mbacké, c’est un opérateur économique qui prête son véhicule au commissaire, révèle le parlementaire. ‘‘Ce bâtiment hideux de la gouvernance à Kaolack, c’est une honte’’, a déploré Chérif Théodore Monteil. Quant à Cheikh Abdou Mbacké de Bokk Gis Gis, il s’est demandé ce qu’il est advenu des 5 commissariats dans la banlieue dakaroise qui n’ont pas encore vu le jour, sans oublier le grand banditisme qui étale ses tentacules à Touba.

Aly Ngouille Ndiaye annonce 1 000 autres policiers, d’ici la fin de l’année

‘‘Pour l’Administration territoriale, les dernières régions qui n’avaient pas d’infrastructures, cinq nouvelles gouvernances sont prévues. Les préfectures également’’, a déclaré le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye. Le ministre a parlé d’un programme destiné à la construction de centaine de gouvernances, préfectures et sous-préfectures à travers le pays. Il en est de même pour certains commissariats, postes de police et casernes de sapeurs-pompiers. D’ailleurs, un premier lot d’équipements octroyé à la Bnsp, d’une valeur de 26 milliards, dans le cadre d’un programme d’investissement, a été réceptionné, selon Aly Ngouille Ndiaye.

Ce dernier avance que ses services sont sur le point de recruter 1 000 autres policiers, d’ici la fin de l’année. Pour les zones frontalières, un projet est en cours avec l’Union européenne, pour renforcer les réalisations dans les frontières. Quant à la sécurité civile, avance M. Ndiaye, il y a un programme similaire. ‘‘C’est un matériel géolocalisé qui permettra à l’Etat-major de se déporter sur les endroits de sinistre’’. Le général des pompiers revient de voyage pour aller constater du matériel pour les sapeurs-pompiers d’une valeur de 75 milliards de francs Cfa pour 2020 et un programme spécial pour les paratonnerres devraient constituer la nouvelle ligne de défense civile.

Ce 1er décembre, on aurait dû célébrer l’anniversaire du massacre du camp de Thiaroye, une tuerie survenue en 1944. ‘‘On dirait qu’il ne s’est jamais rien passé’’, s’est plaint Ousmane Sonko qui exige une réhabilitation mémorielle et matérielle de ces tirailleurs sénégalais tombés sous les balles de l’administration coloniale française, après avoir livré bataille en Europe.

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DIALOGUE NATIONAL

Famara Ibrahima Sagna pourrait être installé dans la semaine

Ce début de mois aurait également pu être une échéance électorale. ‘‘C’est le 1er décembre, on aurait dû être en train de voter, aujourd’hui. Vous devez prendre toutes les dispositions pour qu’on ne parle plus de cartes, de bulletins de vote manquant’’, rappelle le député Issa Sall.

L’occasion était trop belle pour que l’opposition boude au plaisir de rappeler au ministre les manquements qui ont fait que les élections locales, qui auraient dû avoir lieu hier, ont été repoussées, au plus tard à la fin mars 2021. Déthié Fall, dont le parti est arrivé 2e à la Présidentielle de 2019, a déploré le fait que l’autorité ministérielle ait outrepassé ses prérogatives. ‘‘On a pris acte du consensus sur le report des Locales. On n’a jamais été d’accord pour que le 28 mars 2021 soit choisi sans que le ministre n’ait consulté personne’’, a-t-il déclaré. ‘‘Qui sait quand est-ce qu’elles vont se tenir ?’’, s’est demandé la députée ‘’apériste’’ Awa Guèye.

 ‘‘Pourquoi ne pas installer Famara Ibrahima Sagna ?’’, s’interroge Aissatou Mbodj dite Aida, qui ne comprend pas les blocages qui ralentissent les travaux du Comité de suivi du dialogue national. ‘‘Jusqu’à hier (Ndlr : samedi) on était en train de faire les réglages. Il souhaite avoir des bureaux pour qu’il se sente à l’aise ainsi que les présidents de commission. Le président peut prendre un décret et, dans la semaine, pourquoi pas, s’il n’y a pas de changement consistant, il devrait être installé’’, a réagi le ministre de l’Intérieur.

Le traumatisme de la victoire-éclair de Macky Sall au scrutin présidentiel du 24 février 2019 ne s’est manifestement toujours pas estompé. Déthié Fall a ironisé sur l’organisation de cette élection par le ministre qu’il a apostrophé en pleine séance, pour qu’on prenne en compte une vieille doléance de l’opposition, avant la tenue des élections municipales. ‘‘Bravo ! Vous avez réussi à élire M. Sall au premier tour, comme vous vous y étiez engagé. C’était une ingénierie électorale, une victoire technique. Mais il faut détacher les élections à une personnalité neutre et indépendante. C’est une demande de l’opposition qui ne date pas d’aujourd’hui’’, a-t-il déclaré.

Il a rappelé qu’avec ce délai extensible, hors de question que les couacs dans l’organisation soient de mise pour les scrutins à venir. A Koumpentoum, il faut faire plus de cent kilomètres pour confectionner sa carte. Quarante milliards de F Cfa ont déjà été injectés par l’Etat du Sénégal dans la confection des cartes d’identité biométriques de la Cedeao. ‘‘Toute l’opposition est dans le dialogue. Seul le Pds n’est pas dans le dialogue. Même si les gens sont prêts pour le 1er mars 2020, on est prêt à y aller. On est maintenant habitué à organiser des élections.  Pour le problème des cartes, nous allons mettre dans les préfectures des centres de production de cartes d’identité’’, a déclaré le ministre de l’Intérieur.

OUSMANE LAYE DIOP

 

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