Publié le 25 Nov 2021 - 01:37
CADRE D’ACTIONS PRIORITAIRES COMMISSION UEMOA

Abdoulaye Diop liste ses priorités pour les 4 prochaines années  

 

L’approfondissement des bases de l’intégration économique d’une manière générale, l’amélioration de l’efficacité des interventions sectorielles et la consolidation de la gouvernance institutionnelle, sont au cœur des priorités pour les quatre prochaines années de la nouvelle équipe de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) dirigée par le Sénégalais Abdoulaye Diop, Président de la Commission de l’UEMOA. Il l’a dévoilé hier, lors d’un vidéo-conférence.

 

Pour mieux cerner les urgences de son équipe pour les quatre prochaines années, le président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMAO) a dressé un document de référence appelé ‘’Cadre d’actions prioritaires (CAP) de la Commission de l’UEMOA 2021-2025’’. Dans ce document, il met l’accent sur les axes clés pour le développement socio-économique des pays de l’Union.

Il s’agit, d’abord, de l’approfondissement des bases de l’intégration économique, de l’amélioration de l’efficacité des interventions sectorielles et de la consolidation de la gouvernance institutionnelle. ‘’Quand on parle de développement économique, de croissance, c’est pour des objectifs bien précis. Il s’agit de la création et de la répartition de richesses, mais aussi comment aider à améliorer les conditions de vie des populations. Il est toujours démontré que pour sortir durablement de la pauvreté, la meilleure façon, c’est d’avoir des taux de croissance élevés. Au-delà de 7 %, on a les moyens de sortir durablement de la pauvreté, de façon générale. Nos Etats étaient sur une bonne trajectoire qui, malheureusement, a été impactée par la pandémie. Nous espérons avec la reprise de l’économie mondiale, pouvoir retrouver cette trajectoire d’avant-Covid et d’aller au-delà pour nous permettre de faire face de façon plus durable à cette question de lutte contre la pauvreté’’, prie le président de la Commission de l’UEMOA.

Abdoulaye Diop, qui s’exprimait hier, lors d’une vidéo-conférence, a soutenu que c’est comme cela qu’on devrait lutter contre la pauvreté. Mais à côté de cela, le président de la Commission de l’UEMOA note qu’il y a des actions spécifiques de lutte contre la pauvreté au niveau des Etats. ‘’Ce qui est fondamental. Nous nous sommes inscrits dans une dynamique de quatre ans pour apporter une contribution et non pas régler tous les problèmes de l’Union concernant la pauvreté. Mais la lutte contre le phénomène est dans les politiques que nous menons’’, informe-t-il.

Aujourd’hui, pour atteindre les objectifs visés M. Diop a relevé que définir un Cadre d’actions prioritaires pour la période 2021-2025 (CAP 2025) comme ‘’boussole’’, s’est donc révélé être ‘’un impératif et un choix judicieux’’ pour la Commission de l’UEMOA qui évolue dans un environnement confronté à des défis majeurs : économique, sanitaire, sécuritaire. ‘’Le CAP 2025 traduit les ambitions et l’engagement du Collège des commissaires en termes de réalisations et de résultats objectivement mesurables à l’horizon 2025, qui permettront ainsi d’apprécier les progrès accomplis dans le processus d’intégration de l’Union. Le collège s’est donc fixé des priorités structurantes, des objectifs stratégiques et des résultats à atteindre à l’horizon 2025, tant au regard des missions assignées par le Traité modifié de l’Union, des orientations des hautes autorités qu’à la lumière des enjeux et défis actuels auxquels font face la Commission et les Etats membres de l’Union’’, explique-t-il.

Promouvoir une agriculture durable

Il s’agit, au fait, d’une vision adossée à des objectifs stratégiques déclinés en trois axes d’intervention que concrétiseront 23 actions phares en cohérence avec les dispositions clés du traité modifié. Elle s’inscrit dans la dynamique d’une nouvelle impulsion pour approfondir le marché commun de l’UEMOA, assurer la convergence la stabilité macroéconomique durable, prendre en compte les nouveaux défis, notamment l’économie numérique, le développement du secteur privé et le changement climatique. L’agriculture reste un des pans de cette stratégie. ‘’L’agriculture est quelque chose de très importante dans nos pays. C’est une de nos priorités. L’un des enseignements de la Covid a été de montrer l’importance en matière de production agricole et d’atteindre des niveaux de production assez satisfaisante. A défaut d’une autosuffisance alimentaire, d’avoir un niveau de production qui permet aux Etats, aux populations d’être à l’abri en matière de nutrition et de pouvoir assurer leur survie au moins pendant une période qui soit correcte’’, renchérit le président de la Commission de l’UEMOA.

 Pour arriver à la mise en œuvre de cette agriculture durable, Abdoulaye Diop fait savoir qu’ils comptent sur la mise en place des interprofessions. ‘’Nous voulons les aider à se mettre en place, à se formaliser. Si nous voulons assurer un développement du secteur de façon durable, nous ne pourrions pas discuter au niveau de la commission individuellement avec tous les producteurs. On le fera avec les interprofessions. Il faudra organiser des organisations faitières qui seront les interlocuteurs des Etats pour permettre de discuter d’adapter des politiques ensemble et le mettre en place de la façon la plus efficace possible’’, précise-t-il.

Il s’agira, également, de renforcer les capacités en matière prévention des systèmes sanitaires et phytosanitaires pour atteindre une agriculture durable. En développant, il notifie que cela permet de développer quantitativement la valeur de la production et cela permet en même temps de veiller sur la santé des populations. ‘’Ce qui est fondamentale. Cela permet aussi d’avoir des produits agricoles qui respectent les normes internationales de mise en marché. Cet aspect est important et nous lui accordons toute l’attention nécessaire. Il s’agira également de l’amélioration la concertation entre tous les acteurs, notamment dans le domaine des ressources halieutiques, pastorales. Il y a aussi, le renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Pour le renforcer, cela demande beaucoup d’investissements dans le secteur agricole. Nous ne pouvons plus rester sur la production agricole telle que nous la connaissions avant. Là, il faudra des investissements massifs et des investissements aussi bien de l’Etat que du secteur privé’’, préconise M. Diop. 

Développer des pôles régionaux de formation et de la recherche

Afin d’accroître la consolidation des actions sectorielles structurantes pour un espace économique viable, il est également prévu dans l’axe 1 du CAP, la contribution à la mise en place des pôles de compétitivité industrielle ; le développement des pôles énergétiques ; du développement de l’offre des services numériques ; le développement de pôles régionaux de formation et de la recherche dans l’espace UEMOA. Mais également la mise en place d’un mécanisme d’intervention en matière de prévention et de gestion des épidémies au sein de l’espace UEMOA et l’opérationnalisation du mécanisme de promotion des entreprises et industries culturelles et créatives.

Pour arriver à un renforcement de la convergence des économies et consolider le marché commun de sorte à inciter l’émergence réelle d’un secteur privé régional compétitif au profit des populations, la commission entend réaliser les sept actions phares ci-dessous.

Il s’agit de la mise en place du régime de la libre pratique au sein de l’UEMOA ; du renforcement des capacités opérationnelles des structures de mise en œuvre des règles de la concurrence. La mise en place d’un fonds de stabilisation au sein de l’Union ; une production et une valorisation des statistiques régionales (rénovation IHPC, MCS et MEGC, BDSM) du développement des infrastructures performantes de transport et de transit et la promotion du transport multimodal, de même que l’appui à la gestion sécurisée des frontières dans l’espace UEMOA sont envisagés.

Une pression fiscale au niveau de l’Union ‘’assez basse’’

Interpellé sur l’évasion fiscale, le président de la Commission de l’UEMOA a souligné que le constat général qui est fait, est la pression fiscale au niveau de l’union est ‘’assez basse’’. ‘’Nous pensons que des efforts doivent être faits pour faire remonter ce taux et l’amener au minimum à 20 %. Dans ce cadre, un plan d’action a été validé par le Conseil des ministres de l’Union et il est en train d’être mis en œuvre au niveau du Département des études économiques et financières. Ce plan d’action concerne des actions relatives à la lutte contre l’évasion fiscale. La plupart des Etats de l’Union ont déjà adhéré au système international pour lutter contre l’évasion et la fraude fiscale. C’est une collaboration entre les administrations fiscales du monde pour aider à lutter contre ce phénomène’’, note-t-il.

Il est nécessaire, selon M. Diop, qu’il ait une interconnexion des services fiscaux douaniers au niveau de l’Union, notamment à travers un cadre de concertation qui lie ces administrations, mais également à travers un système informatisé, interconnecté qui permet d’automatiser et d’échanger des informations. ‘’Du point de vue de la mise en œuvre, il y a des efforts à faire. Une mission a récemment séjourné dans différents Etats pour évaluer la mise en œuvre du plan de transition fiscale, et ce qui en ressort, c’est que des efforts sont à faire dans ce domaine. Nous allons nous déployer pour cela’’, dit-il.

MARIAMA DIEME

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