Publié le 6 May 2023 - 23:49
CONTRÔLE DES PRIX DES DENRÉES DE PREMIÈRE NÉCESSITÉ

Les boutiquiers invitent les Volontaires à ne pas outrepasser leurs missions

 

Le système intégré de contrôle des prix a été lancé, hier à Dakar, par le ministre du Commerce, de la Consommation et des PME. Lors de la cérémonie, les représentants de l'Association des boutiquiers et détaillants du Sénégal (UBDS et UNBS) ont soulevé les maux de leur secteur et ont  invité les volontaires de la Consommation à ne pas outrepasser leurs missions.

 

Dans le cadre de la mise en œuvre du programme d’urgence ‘’Xëyu ndaw ñi’’, le ministère du Commerce, de la Consommation et des Petites et Moyennes entreprises a recruté 1000 volontaires de la Consommation. L’objectif visé est de renforcer le dispositif déployé pour la bonne application des mesures de contrôle des prix des denrées de première nécessité et de baisse des loyers. Ainsi, le ministre du Commerce, de la Consommation et des PME, Abdou Karim Fofana, a lancé, hier, le système intégré de contrôle des prix.

Une occasion pour les représentants des boutiquiers détaillants du Sénégal de soulever les maux de leur secteur. "Monsieur le ministre, nous vous disons que le commerce est en train de rencontrer d'énormes difficultés. Aujourd'hui, si on fait allusion à l'économie locale, 80% de cette économie est dans le secteur informel et la plupart du temps cela concerne les commerçants. Les boutiquiers détaillants qui sont dans les marchés ou ailleurs. Nous souffrons tous, car notre secteur est à l'agonie", se désole Oumar Diallo, représentant de l'UNBS.

Il ajoute : "Nous rappelons que si notre secteur meurt, c'est tous les autres secteurs qui seront concernés. Si les industries et les producteurs s'en sortent, c'est grâce à des détaillants. Donc, si ces derniers ne parviennent plus à voir le bout du tunnel, ça sera compliqué et les conséquences seront néfastes".

S'adressant aux Volontaires de la Consommation, Oumar Diallo les invite à être compréhensifs envers les boutiquiers. "Il faut que les volontaires sachent que les boutiquiers qu'ils trouveront sur place sont des entrepreneurs, qui ont fourni beaucoup d'efforts pour pouvoir investir. Nous les boutiquiers, ce que nous attendons d'eux, c'est d'aller dans les boutiques comme des entrepreneurs, qu'ils soient compréhensifs. Nous leur demandons qu'ils nous donnent de l'importance, qu'ils ne nous étouffent pas", plaide-t-il.

Dans la même veine, il les invite à ne pas tomber dans les pièges des gens qui veulent se donner de l'importance et leur demande d'être plus indulgents et plus humains.

"L'Etat nous étouffe et à ce rythme, nous allons nous décourager’’. Ainsi, dit-il, nous demandons à l'Etat et à toute la République de nous venir en aide, afin de réformer ce secteur, car nous souffrons. Ceci est une priorité".

Par ailleurs, dit-il, les boutiquiers se réjouissent de l’invitation de la tutelle pour prendre part à cette journée ‘’mémorable’’. ‘’Généralement quand il y a ce genre d’initiatives, ce sont les médias qui nous informent, mais cette fois-ci, nous sommes là, au cœur des choses".

Egalement présent, le représentant de l'association des boutiquiers détaillants du Sénégal (ABDS), Aliou Ba, a dévoilé presque les mêmes préoccupations que son collègue. "Monsieur le ministre, vous n’êtes pas seulement le ministre des consommateurs, vous êtes aussi celui du commerce dans son intégralité. Nous, commerçants, vous avions fait part de nos doléances aussi. Malheureusement, ils n’ont pas été suivis d’effet, car si tel était le cas, le recensement aurait été beaucoup plus facile", regrette-il.

En effet, explique-t-il, "on avait parlé des niveaux de commerce, mais force est de constater qu’on n'y est pas encore. Et il est temps de définir le contenu des commerces et son format, à défaut on pourra difficilement identifier les demis grossistes et les grossistes". Il est d'avis que les agents en charge du recensement ne doivent en aucun cas outrepasser leurs missions. "Nous voulons dire qu’ils n’ont pas une mission de contrôle, nous insistons là-dessus monsieur le ministre et espérons qu’aucun débordement ne sera constaté chez les boutiquiers ni nulle part ailleurs", soutient-il.

Au terme de son propos, il a, comme son collègue, félicité le ministre pour cette belle démarche proactive et inclusive et dit rester à son entière disposition pour une belle réussite de cette mission.

"Les objectifs du système intégré"

Prenant la parole, le ministre du Commerce, de la Consommation et des PME, Abdou Karim Fofana, a révélé que le système intégré a pour objectif de moderniser le dispositif de contrôle des prix, de faciliter la régulation du marché intérieur de manière spécifique. Il s'agit de manière explicite, dit-il, de recenser le nombre de commerces existant sur le territoire national (boutiques de détail, demi-grossistes, grossistes etc.), de géolocaliser tous les commerces avec un QR code d’authentification personnalisée, de digitaliser le dispositif de collecte et de traitement des infractions. Pas plus!

Pour y arriver, poursuit-il, la mise en place d'un tableau de bord centralisé de suivi et de régulation du commerce intérieur permettra aux Volontaires, sous la supervision d’un contrôleur du Contrôle économique, de recueillir et d'enregistrer des éléments d’information recueillis (prix, qualité, stock) sur les produits dans les différents lieux de commerce dans chaque localité. De même, il permettra aux services du contrôle économique de mettre en place un fichier des commerçants, afin d’assurer un suivi personnalisé des acteurs et de tous les lieux de commerce (meilleur ciblage du contrôle en fonction du comportement des commerçants, particulièrement les détaillants, fréquence des visites, respect des prix, évolution des stocks). 

A cet égard, dit le ministre, le recensement des commerçants permettra de mieux maîtriser les détaillants. Ainsi qu'aux commerçants de mieux interagir avec l’Administration du Commerce et d’informer sur la situation du marché et le contrôle effectué par les agents. Concernant les consommateurs, il leur permettra de jouer un rôle plus actif en signalant tout comportement anormal des acteurs (boutiquiers, Volontaires, agents de terrain) sur le marché. "La nécessité d’une appropriation de notre démarche par les acteurs du secteur justifie l’exercice de dialogue et d’inclusion que nous menons. L’objectif reste toujours, d’apporter, face aux préoccupations des populations, des réponses structurelles en plus de celles immédiates et intermédiaires", a souligné le ministre.

Abdou Karim Fofana ajoute que, dans la mise en œuvre de la feuille de route qu'ils ont élaborée ensemble, conformément aux instructions présidentielles et sous la coordination du Premier ministre, il restera leur interlocuteur privilégié, dévoué et rigoureux. In fine, il exhorte les volontaires à travailler avec rigueur et à cultiver l’exemplarité au quotidien, afin d’être à la hauteur de cette mission dont le succès contribuera à améliorer les conditions de vie de nos compatriotes.

FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)

 

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