Publié le 19 Jul 2019 - 17:41
CRISE EN CENTRAFRIQUE

Mankeur Ndiaye entre dialogue et fermeté

 

Après quatre mois et demi passées à la tête de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca), le représentant du Secrétaire général des Nations unies en Centrafrique passe au crible les actions menées et celles à venir pour le retour de la paix en Centrafrique.

 

Privilégiant le dialogue, Mankeur Ndiaye affirme que, depuis sa prise de fonction le 1er mars 2019, plusieurs rencontres avec le chef de l’Etat centrafricain ont été organisées. L’écoute de la société civile, des femmes, des jeunes, des leaders religieux ont été au cœur de sa démarche. Des actions qui font suite à l’accord de paix du 6 février 2019. A ce sujet, le chef de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca) rappelle, dans un communiqué, les missions conjointes avec l’Union africaine et la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale sur le terrain pour rappeler à certains leaders de groupes armés leurs engagements et l’obligation de faire cesser les violences contre les populations et les acteurs humanitaires. Des actes qui ont permis de mettre en place un gouvernement inclusif avec une dizaine de groupes armés qui ont obtenu 13 postes, et d’une stratégie nationale de communication pour faire connaître l’Accord aux populations (traduction en langue de l’accord). Sans compter le redéploiement des Forces armées centrafricaines et les progrès dans la restauration de l’autorité de l’Etat ou encore le lancement en mai des activités de la commission inclusive en charge des questions de justice.

Des défis à relever

Toutefois, le chef de la Minusca reconnait que « ces six mois (6 février-6 aout) sont évidemment très courts pour espérer tourner définitivement la page de la violence dans le pays, vu les années d’instabilité. Malheureusement, les tueries de Paoua, ainsi que les déclarations de certains groupes armés signataires de l’Accord du 6 février invitant à créer un front, rappellent que le chemin pour parvenir à la paix sera difficile et semé d’embûches ». Il estime que l’accord de paix et de réconciliation est le début d’un long processus entaché par les récurrentes violences perpétrées par des groupes armés. Face à cette équation la Minusca compte renforcer la protection des civils, appuyer l’Etat dans ses efforts de paix, tout en adoptant une posture robuste et ferme avec les moyens mis à sa disposition par le conseil de sécurité.

« Il nous faudra tous œuvrer pour la préservation du cadre politique que l’accord a généré pour y entretenir un dialogue franc, constructif et inclusif afin de mobiliser les réponses de nature à sauvegarder son intégrité. Nous devons y travailler tous, c’est à dire les filles et fils de la République centrafricaine y compris toutes les couches sociales et professionnelles, en se l’appropriant et en devenant partie de sa mise en œuvre dans son quartier, dans sa ville, dans son village, dans sa préfecture », préconise-t-il. Selon lui, l’option militaire est écartée. « J’en appelle encore une fois les groupes armés à respecter leurs engagements. On ne peut vouloir une chose et son contraire : obtenir des positions d’Etat dans le gouvernement et poursuivre les mêmes pratiques qu’avant. Il est temps d’abandonner les jeux de cache-cache et de duplicité et de s’engager loyalement dans la mise en œuvre de cet accord ». 

Une situation humanitaire inquiétante

Au 31 mai 2019, il y avait 613 031 déplacés et 605 394 réfugiés. Le représentant du Secrétaire général de l’Onu en Centrafrique affirme que le retour de ces derniers s’avère difficile. Les principaux obstacles restent l’insécurité, l’accès aux services de base et au soutien juridique, le logement, la terre et la propriété. Des accords tripartites récemment signés entre les gouvernements de la RCA, du Cameroun et de la RDC devraient créer des mouvements de retour de réfugiés Centrafricains.

Durant le premier semestre de 2019, trois humanitaires ont été tués et 22 autres blessés et il y a eu 130 incidents contre le personnel humanitaire et leurs biens. Le chef de la Minusca se désole du fait que seulement 43% des 430.7 millions de dollars du plan d’aide humanitaire pour 2019 ont été financés, à ce jour. Ainsi, il manque donc 245.9 millions de dollars pour répondre aux besoins de 2,9 millions de personnes affectées. Pour remplir sa mission Mankeur Ndiaye affirme que la Minusca, tout comme le gouvernement, restent fermes dans leur commune volonté de ne ménager aucun effort dans la lutte contre l’impunité et dans le renforcement des mesures de protection des civils, y compris la sauvegarde de l’espace humanitaire.

EMMANUELLA MARAME FAYE

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