Le docteur Abdoulaye Bousso s’excuse des insuffisances
Dans la prise en charge des personnes infectées par la Covid-19, les patients graves et sévères ont payé le plus lourd tribut. La stratégie mise en place n’a pas pu limiter ces cas, causant énormément de décès. Ce qui a poussé, hier mardi 2 mars, le docteur Abdoulaye Bousso, Directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire, à présenter ses excuses à la population sénégalaise, au cours de l’évaluation du bilan coronavirus.
Douze mois que le Sénégal traverse, à l’instar du reste du monde, une crise sanitaire liée à la Covid-19. Le pays a enregistré son premier cas de coronavirus le 2 mars 2020. Il s’agissait d’un Français vivant aux Almadies depuis deux ans et qui était parti en France pour ses vacances. Quelques jours plus tard, un couple est diagnostiqué à l’hôpital Roi Bédouin de Guédiawaye. Aucun de ces deux cas n’a pourtant été vecteur de contamination.
Les choses ont commencé à se dégrader, quand un résident italien de nationalité sénégalaise et séjournant à Touba a été testé positif. Depuis lors, le Sénégal a enregistré 34 832 cas positifs.
Selon le directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous) Abdoulaye Bousso, qui présentait hier le bilan, les défis d’hier et d’aujourd’hui sont essentiellement liés à la prise en charge des cas graves et des cas sévères. ‘’Nous avons, dans cette deuxième vague, plus de cas graves et plus de décès. Notre stratégie, c’est de limiter ces cas et de mieux les gérer. D’ailleurs, nous voulons présenter nos excuses aux populations. Je pense qu’il y a des difficultés. Des difficultés continuent à exister, mais n’empêche, l’ensemble du secteur est en train de faire un travail énorme pour pouvoir limiter ces désagréments. Nous sommes sûrs que nous pourrons y arriver, avec tous les outils que nous avons aujourd’hui et la vaccination’’, rassure-t-il, avant de recommander à toutes les personnes âgées et celles qui ont des comorbidités d’aller se faire vacciner.
Sur la même lancée, le chef du Service des maladies infectieuses du CHU de Fann, le professeur Moussa Seydi, a présenté ses condoléances à ceux qui ont perdu un des leurs. Puis il a rappelé que, ‘’depuis douze mois, cette maladie a bouleversé nos vies et a perturbé notre économie... Mais elle n’est pas invincible, parce qu’il y a, désormais, en plus des armes classiques de prévention pour venir à bout de cette affection, des vaccins’’.
Pr. Seydi : ‘’Le vaccin ne tue pas, alors que la Covid-19 tue’’
Aussi, a-t-il lancé un appel aux citoyens pour l’engagement dans la campagne de vaccination. ‘’Le vaccin est efficace. Il est important de se faire vacciner. Le vaccin ne tue pas, alors que la Covid-19 tue’’, a prévenu le Pr. Seydi. Le Dr Bousso a, pour sa part, souligné que cette stratégie de vaccination vient en appui à l’ensemble des outils disponibles, avant de préciser que se vacciner n’exempte pas du respect des mesures barrières. ‘’Il est extrêmement important, même si on est vacciné, de continuer à respecter les mesures barrières. La population doit le savoir’’, dit-il.
Poursuivant son bilan, le Dr Bousso a informé que, dans la première vague, les personnes de la tranche d’âge de 25 à 34 ans ont été les plus touchées. Par contre, dans cette deuxième vague, la tranche d’âge des plus de 60 ans est la plus touchée. Ce qui explique le nombre important de cas sévères, également le nombre important de décès. ‘’La deuxième vague est beaucoup plus intense que la première, en termes d’amplitude, d’intensité et en termes de cas sévères et de cas graves. Tandis que le nombre de cas contaminés hebdomadairement par 100 mille habitants, dans la première vague, était à 5,5 %, il est de 12,7 % dans cette deuxième vague’’.
Régions de Kaffrine et de Sedhiou, les moins touchées
S’agissant du nombre de cas par jour, relève-t-il, lors de la première vague, il y avait au maximum 207. Dans la deuxième vague, il y a eu jusqu’à 462 cas en une journée. Le nombre de cas mensuel a doublé pour la deuxième vague. ‘’Dans la première phase, nous avons, au mois d’août, 3 371 cas. Ce mois de février, nous avons 7 850 cas. Idem pour le nombre de décès par semaine’’.
Selon le docteur Abdoulaye Bousso, les cas communautaires sont à une proportion de 47 %, les cas contacts à 51 et 2 % pour les cas importés. Dans la première phase, renseigne le Dr Bousso, le pic a été atteint dans la première quinzaine du mois d’août 2020, avec 926 contaminations par semaine. Cela avant le démarrage, en novembre, de la deuxième vague.
Cependant, il souligne que depuis trois semaines maintenant, on note une descente de la courbe épidémiologique. Cela, dit-il, il faut le mettre sur le compte de l’ensemble des mesures prises et de l’engagement des populations dans le cadre du respect des mesures barrières.
A noter qu’au cours de cette pandémie, 453 personnels de santé ont été touchés et 2 décédés au stade actuel. La majorité de patients est de sexe masculin, 54 % d’hommes et 46 % de femmes. ‘’Nous avons trouvé trois comorbidités liées à l’hypertension artérielle, le diabète et autres maladies cardiovasculaires’’.
Toutes les régions du Sénégal sont touchées par la pandémie de même que les 79 districts. Cinq régions ont franchi la barre des 1 000 cas. Il s’agit des régions de Dakar, avec 21 824 cas, qui correspond à 62 % de l’ensemble des cas notés, suivi de la région de Thiès avec 4 336 cas, la région de Diourbel avec 1 666 cas, la région de Kaolack avec 1 540 cas, la région Saint-Louis 1 250 cas. Nous avons deux régions moins touchées : moins de 200 cas pour Kaffrine et 175 cas pour Sédhiou.
La tendance est à la baisse et les professionnels espèrent que cela va se poursuivre, notamment avec l’arrivée du vaccin. Déjà, le nombre de personnes vaccinées est supérieur au nombre de cas positifs. C’est symbolique. ‘’En une semaine, le système de santé a pu vacciner plus de 35 mille personnes’’, a indiqué le Dr Bousso.
VIVIANE DIATTA