Publié le 18 Jan 2023 - 23:55
DOSSIER NECOTRANS

Une enquête pour corruption d’agents publics étrangers et blanchiment de capitaux ouverte à Paris

 

Une enquête pour ‘’corruption d’agents publics étrangers’’ et ‘’blanchiment de capitaux’’ ouverte à Paris par le Parquet national financier contre les frères Grégory et Emmanuel Quérel, anciens PDS et DG de filiale à Necotrans, secoue le milieu portuaire, jusqu’au Port autonome de Dakar. Les relations entre les frères Quérel, les conditions d’octroi du terminal vraquier en 2013, la construction de la Tour de Gorée… Tout a été passé au crible par les enquêteurs français, informent nos confrères d’’’Africa Intelligence’’.

 

Fin 2013, le premier directeur général du Port autonome de Dakar (PAD) sous le règne de Macky Sall donne le terminal vraquier au môle 8, sur un plateau d’argent, au groupe français Necotrans. L’affaire puait à mille lieues la corruption et nombre d’acteurs portuaires s’étaient interrogés sur les conditions plus que léonines de cette concession. ‘’… Au total, le port devrait encaisser 766 012 000 F CFA avec cette concession. Alors que si l’on se fie aux chiffres fournis par les manutentionnaires, ces recettes sont largement inférieures aux sommes encaissées par le port, dans le cadre des exercices 2011 et 2012. Pendant ces deux années, les sociétés qui s’occupent de la manutention ont versé respectivement  2 700 000 000 et 2 021 000 000 F CFA.

Mais le pire dans cette affaire est que Necotrans va facturer la manutention à 7 500 F CFA la tonne, ce qui va lui permettre de se retrouver, si on  rapporte ce prix unitaire aux 3 000 000 t de trafic, avec un pactole de 22 500 000 000 F CFA’’, peut-on encore lire dans un article publié le 10 décembre 2013 par ‘’Dakaractu’’ qui reprenait ‘’Sud Quotidien’’.  

Près de 10 ans plus tard, l’affaire revient au-devant de l’actualité, grâce à une enquête ouverte en France par le Parquet national financier (PNF) contre les frères Grégory et Emmanuel Quérel (respectivement PDG et DG de filiales) et leurs présumés complices, ‘’pour des faits présumés de ‘corruption d'agents publics étrangers’ et de ‘blanchiment de capitaux’’’.

Dans un article intitulé ‘’Le fantôme de Necotrans dans le viseur de la justice française’’, ‘’Africa Intelligence’’, qui donne l’information, précise : ‘’Parmi les dossiers passés au crible, se trouvent les conditions d'obtention, fin 2013, de la concession du terminal vraquier du Port autonome de Dakar (PAD) pour une durée de 25 ans. Les procédures d'attribution du marché, puis les relations étroites entre Cheikh Kanté, nommé directeur général du PAD, et Grégory Quérel, intéressent particulièrement les enquêteurs de l'OCLCIFF (Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales).’’   

Un acteur portuaire : ‘’Il faut surtout vérifier les véritables propriétaires de la Tour de Gorée’’

Dans ce cadre, une attention particulière est aussi accordée, selon le magazine, au projet immobilier de la ‘’Tour de Gorée’’. Les enquêteurs examineraient ‘’l'implication présumée des frères Quérel dans ce projet, un immeuble moderne surplombant une marina dans la baie de Dakar. Un dossier monté et toujours suivi par Cheikh Kanté, devenu depuis ministre chargé du suivi du Plan Sénégal émergent (PSE) et conseiller spécial du chef de l'État’’.

Selon cet acteur du Port autonome de Dakar, il faut surtout vérifier qui est le véritable propriétaire de cette Tour de Gorée. Notre interlocuteur soupçonne une grande nébuleuse ayant abouti au bradage du domaine portuaire. ‘’Il faut vérifier si Necotrans ou ses anciens dirigeants n’y ont pas des intérêts ou des actions’’, s’interroge-t-il.

Figures du monde des affaires franco-sénégalaises, Grégory Quérel et son frère Emmanuel se trouvaient encore à Dakar le mois dernier, renseignent nos confrères qui notent que les investigations menées par les enquêteurs français ont démarré en 2020, soit trois ans après la liquidation du groupe (Necotrans).

Au-delà de Necotrans, des liens avec certains agents étrangers, dont Cheikh Kanté, les enquêteurs français scrutent également les connexions entre les frères Quérel et le président bissau-guinéen Embàllo. Le journal précise : ‘’Une autre personnalité politique ayant officié comme consultant pour Necotrans suscite l'attention particulière des enquêteurs : Umaro Sissoco Embàllo. Avant de devenir Premier ministre de Guinée-Bissau de novembre 2016 à janvier 2018, puis chef de l'État en février 2020, ce général de brigade de l'armée de réserve a mis au service du groupe français son carnet d'adresses d'apporteur d'affaires dans la sous-région’’.

Revenant sur les modalités de concession du terminal vraquier, notre interlocuteur estime que cette opération qui avait eu lieu dans des conditions très nébuleuses, avait porté gravement préjudice aux deniers de l’État et avait poussé beaucoup d’acteurs à mettre la clé sous le paillasson. ‘’Contacté par ‘Africa Intelligence’, Grégory Quérel se dit ‘serein et précise ne pas être concerné par des faits datant, pour certains, d'avant sa nomination comme PDG de Necotrans, en 2013. Il suspecte des anciens employés, dont un directeur informatique qui avait déposé plainte avant de la retirer suite à son licenciement en 2016, d'être à la manœuvre’’, rapporte par ailleurs le magazine, qui relève que son frère Emmanuel Quérel a un temps travaillé au Sénégal dans le domaine du transport routier avec Abdou Diouf. 

MOR AMAR

 

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