Publié le 27 Aug 2020 - 21:47
DR AKINWUMI A. ADESINA, DG DE LA BAD, SUR LES CONSEQUENCES DE LA COVID

 ‘’La reprise sera longue et difficile pour l’Afrique’’ 

 

À cause de la pandémie de Covid-19, l’Afrique a perdu plus d’une décennie des gains réalisés en matière de croissance économique. La reprise sera longue et difficile pour le continent. C’est ce qu’a soutenu hier le président de la Banque africaine de développement (Bad), Dr Akinwumi A. Adesina, à l’occasion des assemblées annuelles 2020 du groupe de la Banque africaine de développement, à Abidjan.

 

La pandémie de Covid-19 se propage rapidement, provoquant des pertes économiques qui sont, selon le président de la Banque africaine de développement (Bad) ‘’si profondes et si vastes’’ qu'elles sont ‘’incalculables’’. Et les estimations de la Banque africaine de développement révèlent que le continent pourrait perdre au moins 173,1 milliards de dollars de PIB en 2020 et 236,7 milliards de dollars en 2021, en raison de la pandémie.  ‘’Jamais notre humanité collective n'a été si durement mise à l'épreuve, si éprouvée et si vulnérable. Pourtant, notre interdépendance, notre besoin de nous retrouver, de nous unir et de rester concentrés, ensemble, n'ont jamais été aussi grands. C’est dans l’unité que nous puisons notre force. La force de surmonter les obstacles, même les plus difficiles. La Banque africaine de développement a toujours puisé sa force dans la solidarité’’, souligne le Dr Akinwumi A. Adesina.

Il s’exprimait hier, à l’occasion des assemblées annuelles 2020 du groupe de son institution, à Abidjan.

Le Dr Adesina a ainsi affirmé qu’à cause de la pandémie, l’Afrique a perdu ‘’plus d’une décennie des gains’’ réalisés en matière de croissance économique. ‘’La reprise sera longue et difficile pour l’Afrique. Nous devons maintenant aider le continent à se relever, avec audace, mais aussi avec intelligence, en accordant une plus grande attention à une croissance de qualité : la santé, le climat et l’environnement’’, estime-t-il.

Cependant, le patron de la Bad signale que même en ces temps ‘’difficiles’’, le Conseil d’administration de son institution s’est mobilisé pour soutenir l’Afrique. Ceci en mettant en place une ‘’facilité’’ de réponse à la Covid-19 de 10 milliards de dollars pour soutenir les pays africains. ‘’Nous avons lancé un emprunt social de 3 milliards d’USD sur le marché mondial - l’emprunt social le plus important au monde, libellé en dollars américains. Ces actions témoignent de notre ambition, de notre engagement inébranlable et de notre responsabilité indéfectible à soutenir, stabiliser et renforcer les économies africaines. Tout en stabilisant les nations, nous devons également stabiliser la banque - notre institution’’, renchérit-il.

Une augmentation du capital de la Bad de 115 milliards de dollars approuvée

Pour M. Adesina, l’Afrique a besoin d’une Banque africaine de développement ‘’forte et stable’’ pour la soutenir tout au long de cette pandémie et pour permettre à ses économies de rebondir afin d’offrir à ses populations une vie et des moyens de subsistance ‘’meilleurs et plus sains’’. Le président de la Bad reconnait que des circonstances ‘’extraordinaires’’ appellent des mesures ‘’extraordinaires’’. Il a rappelé que c’est lors d’une réunion ici même à Abidjan que les actionnaires avaient approuvé la plus grande augmentation de capital de l’histoire de la Bad. Il s’agit d’un montant de 115 milliards de dollars des Etats-Unis.

Au cours d’une autre réunion à Pretoria, en Afrique du Sud, une hausse de 35 % des ressources du Fonds africain de développement a été ratifiée. Un financement particulièrement important destiné aux pays à faible revenu et les États fragiles. ‘’La fragilité est passagère, la résilience est durable. En observant la Côte d’Ivoire aujourd’hui, l’on a peine à croire que ce pays était un État fragile. Pourtant, grâce à un leadership visionnaire, des politiques macroéconomiques saines et des politiques centrées sur les personnes, le pays a radicalement changé aujourd’hui. A l’instar du phénix qui renaît de ses cendres, le pays s’est hissé au rang des dix économies affichant le taux de croissance le plus rapide au monde, avant la pandémie de Covid-19’’, relève-t-il.

Pour sa part, la ministre du Plan et du Développement de Côte d’Ivoire et présidente du Conseil des gouverneurs de la banque, Nialé Kaba, a souligné que la pandémie constituait, malgré tout, ‘’une opportunité’’. Ceci pour relever le ‘’défi de la digitalisation’’ des économies africaines.

Dès lors, elle a encouragé la direction de la banque ‘’à apporter un appui substantiel aux pays africains, individuellement et collectivement, afin de renforcer l’infrastructure numérique nationale et régionale pour une connectivité plus grande’’.

Les défis d’Adesina pour aider l’Afrique à rebondir

Il convient de noter que les assemblées annuelles 2020 seront aussi l’occasion, pour les gouverneurs, de recevoir des informations sur l’évolution des diverses activités de la banque depuis l’édition 2019 tenue à Malabo, en Guinée équatoriale. Et le président l’institution financière a profité de son allocution pour signaler que pendant les cinq ans qu’il a été à la tête de la Bad, sa vision axée sur les High 5 était son ‘’engagement’’, sa ‘’promesse’’ et sa ‘’boussole’’. Ce qui lui a permis d’afficher certains résultats.

‘’Au cours de ces cinq années passées au service de l’Afrique, 18 millions de personnes supplémentaires ont désormais accès à l’électricité, 141 millions de personnes ont bénéficié de technologies agricoles plus avancées favorisant la sécurité alimentaire, 15 millions de personnes ont eu accès à un financement, 101 millions de personnes ont désormais accès à des transports améliorés. Et 60 millions de personnes ont reçu un accès à l’eau et à l’assainissement’’, se réjouit le Dr Adesina.

Ainsi, il a remercié le Conseil d’administration et le ‘’formidable personnel’’ de la Bad pour leur travail ‘’acharné’’ et leur ‘’soutien inébranlable’’ qui leur ont permis d’en arriver là. ‘’Toutefois, nous n’entendons pas nous reposer sur nos lauriers. Pour faire mieux, nous devons travailler davantage.  Nous avons du pain sur la planche, aujourd’hui plus que jamais, pour aider l’Afrique à rebondir et à retrouver la voie de la croissance économique et de la résilience. Aujourd’hui, je me tiens devant vous, extrêmement reconnaissant de l’incroyable soutien que vous m’avez accordé au cours des cinq dernières années. Et ensemble, nous devons aller de l’avant et trouver ce qu’il faut pour aider l’Afrique à accélérer son développement, en tirant parti de nos réalisations collectives, en comblant nos lacunes et en ayant plus d’impact sur le terrain’’, ajoute-t-il.

Ces assemblées annuelles sont également, pour lui, l’occasion d’offrir à nouveau son équipe, ses services et de briguer un second mandat à la présidence de la Banque africaine de développement.

Prenant part à la cérémonie d’ouverture de ces assemblées annuelles, le président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, s’est félicité de la ‘’grande capacité d’adaptation dont la banque a su faire preuve en poursuivant ses opérations et en fonctionnant en mode virtuel, depuis le mois de mars 2020’’. Mais également du travail accompli par le président Adesina qui, d’après lui, ‘’a su poursuivre avec succès l’œuvre de transformation de la Banque africaine de développement et lui donner une grande crédibilité et une notoriété dont nous pouvons être fiers’’.

L’Irlande rejoint officiellement le groupe de la Bad

Lors de leur séance de travail d’aujourd’hui, les gouverneurs voteront pour l’élection du huitième président de la banque.  Et Akinwumi Adesina, premier citoyen nigérian à occuper ces fonctions, a été élu le 28 mai 2015 pour une durée de cinq ans par le Conseil des gouverneurs de la banque, au cours des assemblées annuelles qui s’étaient tenues cette année-là à Abidjan, en Côte d’Ivoire.  Et au-delà des aspects statutaires de ces assises, les gouverneurs de la Banque africaine de développement, issus des 54 pays membres africains régionaux et des 27 pays membres non-régionaux de la banque, mettront l’accent sur les acquis de la réponse à la pandémie, qui ‘’aideront’’ à bâtir une Afrique post-Covid‑19 ‘’véritablement résiliente’’.

Par rapport à ses membres, il faut relever que la famille de la Banque africaine de développement s'est agrandie, passant de 80 à 81 pays, avec l’adhésion officielle de la République d'Irlande.

MARIAMA DIEME

 

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