Publié le 28 Oct 2025 - 17:49
CLIMAT ET POLITIQUE  

Un cocktail délicat 

 

Après sa sortie très médiatisée qui a suscité la colère de certains membres de la majorité, Dr Abdourahmane Diouf était très attendu hier à Diamniadio, où il devait lancer les journées climat et développement.

 

Les premières journées dédiées au Climat et au Développement ont été lancées hier au Centre international Abdou Diouf de Diamniadio. L’une des grandes questions à la veille de cette rencontre, c’était de savoir qui des ministres conviés allait répondre présent, à l’appel de Dr Abdourahmane Diouf, ministre de l’Environnement et de la Transition écologique.

À l’arrivée, on peut dire que l’essentiel des ministres annoncés était bien là. Le grand absent, c’est Birame Souleye Diop, ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines. Pourtant, dans le programme qui nous a été présenté, il figurait bien parmi les panélistes du premier panel, qu’il devait partager avec MM Al Aminou Lo, ministre d’État en charge de la Vision Sénégal 2050, Abdourahmane Sarr, ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, avec comme modérateur le ministre de l’Environnement.

Au dit panel, Birame Souleye n’a été ni présent ni représenté. Pour sa part, Al Aminou Lo n’était certes pas présent, mais il a eu la courtoisie de se faire représenter par son directeur de cabinet Professeur Omar Niang. Ce dernier de préciser avant sa prise de parole : “Le ministre d’État est empêché. C'est pourquoi il m'a demandé de le remplacer pour prononcer son intervention.”  

Dr Abdourahmane Diouf a su cependant compter sur les présences de ses collègues en charge de l’Économie Abdourahmane Sarr et des Collectivités territoriales Moussa Balla Fofana, qui ont animé, avec le DC d’Al Aminou Lo, un panel de haut niveau autour du thème : Quelles priorités stratégiques face aux changements climatiques. La cérémonie d’ouverture des journées a été présidée par le ministre Mary Tew Niane, directeur de cabinet du président de la République.

La question environnementale : une priorité du Gouvernement

A l’occasion du panel sur les priorités stratégiques, le ministre Abdourahmane Sarr, par ailleurs chargé du Cadre de gestion des investissements publics (CGIP), est revenu sur l’importance que le président de la République accorde aux questions environnementales. “…. Chaque ministère a la responsabilité de présenter sa  lettre de politique sectorielle. Il faut noter que, dans chaque LPS, la problématique climatique doit être prise en compte, conformément aux orientations du chef de l’État. C'est le premier niveau de prise en charge. Le ministère de l’Économie va aussi apporter sa touche dans la structuration et la maturation du projet, avant la transmission aux Finances, où on fait la sélection des projets”, a expliqué Dr Abdourahmane Sarr non sans préciser que la problématique climatique est prise en compte à tous les niveaux.

Le grand problème de la mise en œuvre des politiques publiques dans le domaine de l’environnement, c’est la question du financement. Citant le rapport climat et développement 2024 de la Banque mondiale sur le Sénégal, le ministre de l’Environnement Abdourahmane Diouf a estimé à 561 millions de dollars les financements reçus chaque année pour l’action climatique, soit 41% des besoins. Des revenus qui, selon lui, sont issus principalement de sources publiques telles que les institutions bilatérales et multilatérales ; une petite partie de sources privées. Les besoins de financement complémentaires sont ainsi évalués à 1,36 milliards de dollars par an jusqu'en 2030.  Selon Dr Diouf, il est fondamental de trouver des alternatives privées pour faire face à ce défi du financement.

Dans le même sillage, le ministre de l’Économie a déclaré que les ressources publiques seules ne peuvent pas permettre de faire face aux conséquences du dérèglement climatique. Pour lui, il faut explorer toutes les niches dans la coopération bilatérale et multilatérale, ensuite explorer également les opportunités du privé. Pour ce faire, il faut bien préparer les projets. “Comme j’ai l’habitude de le dire : le capital va là où le rendement, ajusté du risque, est le plus élevé. Et pour pouvoir mobiliser les financements à travers le monde, il faut bien préparer les projets et bien les derisquer. Et pour y parvenir, c'est bien qu'il y ait des flux de revenus. Ce n'est pas toujours le cas dans nos pays”, a plaidé Monsieur Abdourahmane Sarr.

Dans son intervention, le ministre des Collectivités territoriales, Moussa Bala Fofana, a insisté sur la nécessité de projets bien structurés pour trouver des financements privés. “Souvent on se focalise sur le crédit : comment financer, mais le plus important c'est la capacité du projet à créer de l'intérêt. Tout est dans la qualité du projet ; comment il a été structuré ? Quel est l’impact financier ? Est ce que le projet démontre qu'il a mitigé le risque…..”

Ceci, selon le ministre qui est aussi financier, est essentiel pour faire face à ce défi. Il faut toujours, dans l’élaboration des projets, justifier de la capacité de croissance du projet et d’une bonne prise en charge de la mitigation des risques, pour capter l’intérêt non seulement des bailleurs mais aussi du secteur privé.

Dans cette optique, le ministre de l’Economie a insisté que les partenariats publics privés peuvent être une solution, dans la mesure où les structures de l’État parviennent à mettre en place des projets, qui génèrent des ressources. “Il faut voir, pour certains projets, comment faire contribuer les usagers. Après si les paiements des usagers ne suffisent pas, on peut voir si l’État va contribuer à travers des subventions….”, a-t-il soutenu.

Enfadré DR Abdourahmane Diouf

Chacun est un maillon important de la chaîne

Dans son discours d’ouverture, le ministre de l’Environnement a insisté sur le caractère transversal de la question climatique, avant d’appeler toutes les composantes à faire bloc pour faire face à ce défi. “Je voudrais saluer la mobilisation exceptionnelle qui démontre, si besoin est, que malgré cette situation climatique mondiale complexe, l’espoir est toujours permis, au regard de la participation pleine et entière de toutes les catégories d’acteurs”, dit-il, nommant les acteurs du Gouvernement, du secteur privé, de la société civile, des collectivités locales, etc.

De l’avis de Dr Abdourahmane Diouf, il faudra accorder à chaque acteur la place qui lui revient, car chacun est un maillon important de la chaine, un élément du processus climatique. “Comme vous le constatez, les défis sont multiples et complexes, mais ils ne sont pas insurmontables. Un monde meilleur est possible. Un monde d’inclusion, de dignité, de bien-être, de justice et de solidarité. Un monde où « personne n’est laissé pour compte » est en marche.”

Le ministre de l’Environnement est par ailleurs revenu sur certains piliers de la politique environnementale. Il s’agit notamment de la transition écologique avec notamment pour objectif de passer de 32% d’énergies renouvelables en 2023 à 50% en 2050. Il a aussi cité la gestion durable des terres avec la restauration des terres dégradées, ainsi que la question de la gouvernance environnementale et de la planification écologique. 

MOR AMAR

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