Publié le 31 Dec 2014 - 14:11
EBOLA

LA TERREUR DE 2014

 

La décision du Sénégal de rouvrir ses frontières terrestres avec la Guinée augure d’un dégel des relations entre les deux pays, des rapports qui ont été refroidis par le virus Ebola qui a marqué l’année 2014 et bouleversé bien des donnes.

 

Le Sénégal s’attelle à rouvrir ses frontières terrestres avec la Guinée. La présence, depuis hier, dans ce pays, du ministre sénégalais de l’Intérieur, Abdoulaye Diallo, devra permettre de définir les modalités de cette réouverture et de jeter de nouvelles bases avec ce voisin, par l’entremise duquel le Sénégal a enregistré son premier cas Ebola. C’était le 29 août dernier.

En effet, c’est au moment où plusieurs pays vivaient les premiers affres du virus Ebola, qu’un étudiant guinéen a transporté le virus jusqu’à Dakar pour avoir été en contact direct, dans son pays, avec un porteur. Les autorités sanitaires sénégalaises parvinrent à circonscrire le mal : le jeune Guinéen fut traité. Il put recouvrer la santé et fut reconduit chez lui, à bord d’un avion. Au lieu de décrisper une situation déjà tendue, le retour du Guinéen envenima les choses. Conakry lui ferma ses portes et interdit à l’avion d’atterrir sur son sol. La forte communauté guinéenne qui vit à Dakar ne subit aucunement les foudres des populations. Elle ne fit l’objet d’aucune stigmatisation.

Le président guinéen, Alpha Condé, manifesta quant à lui son mécontentement contre le Sénégal qui, à son avis, n’a pas témoigné de solidarité envers un pays frère frappé par l’épidémie de fièvre hémorragique virale, à l’image du Libéria et de la Sierra Léone. Il n’avait pas apprécié que le Sénégal puisse suspendre ses vols vers Conakry. Le Nigeria, touché à des degrés moindres, ne fut pas concerné par cette mesure. Les frontières aériennes et maritimes avec la Guinée, le Liberia et la Sierra Léone, furent fermées avant d’être ouvertes partiellement. 

Le sommet de la Francophonie qui s’est tenu à Dakar n’a pas subi les impacts désastreux du virus Ebola. Le Sénégal a relevé le défi de la mobilisation, les 29 et 30 novembre derniers. Car les mesures préventives prises ont produit des effets positifs. Il s’y ajoute que l’Organisation mondiale de la Santé (Oms) a contribué à calmer des ardeurs, dans la mesure où elle a annoncé, le 17 octobre dernier, la fin de l’épidémie Ebola au Sénégal. Seulement, les rapports avec la Guinée n’étaient pas encore au beau fixe. Alpha Condé, encouragé par 90% de la population guinéenne, avait décidé de boycotter le sommet, avant de revenir sur sa décision.

Mais Dakar et Conakry se lancèrent des piques, lors de ce sommet, avant que le secrétaire général sortant de la francophonie, Abdou Diouf, ne décante la situation. Quelques jours après, le ministre des Sénégalais de l’Extérieur Mankeur Ndiaye annonça, devant les parlementaires, la décision du Chef de l’Etat sénégalais d’envoyer une délégation en Guinée pour réfléchir ensemble sur une éventuelle réouverture des frontières terrestres avec la Guinée. Mais la pilule est encore amère.

Or si les premiers cas ont été notifiés en mars 2014, ‘’ la flambée est partie de la Guinée pour toucher la Sierra Leone et le Libéria (en traversant les frontières terrestres), le Nigeria (par l’intermédiaire d’un seul voyageur aérien) et le Sénégal (par l’intermédiaire d’un voyageur arrivé par voie terrestre)’’.

En Afrique de l’ouest, Ebola tue, selon l’Oms, plus de 5 000 personnes. Mais les chefs d’Etat des pays membres de la Cedeao se retrouvent à Accra pour plaider une plus grande solidarité envers les pays affectés. Il est, entre autres, question ‘’d’une levée des restrictions et interdictions sur les mouvements des personnes et des biens en direction ou en provenance des pays affectés par cette maladie’’.

Des réunions et de grandes rencontres sont annulées, la présence des Africains dans des grandes joutes est remise en question. L’Afrique se retrouve de nouveau sur la touche, marginalisée à cause d’une maladie qu’elle a découverte en 1976. C’était dans la République Démocratique du Congo, plus précisément à Yambuku, une localité située près de la rivière Ebola. Mais Ebola a sorti la tête de l’eau à deux flambées simultanées à Nzara (Soudan) et à Yambuku (République Démocratique du Congo).

Aujourd’hui, des pays développés se dressent en sauveur. Les Etats-Unis en profitent pour installer un corridor humanitaire, avec 3000 militaires à Dakar. Un ‘’hub’’ qui permettrait de coordonner des opérations dans la sous-région suscite moult interrogations chez des observateurs qu’ils ne balisent la voie à une installation d’une base militaire comme Africom. 

Matel BOCOUM

 

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