Publié le 23 Apr 2020 - 22:41
ENVOIS DE FONDS VERS L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE

La BM prévoit une baisse de 6 670 milliards de francs, en 2020 

 

En raison de la crise liée au coronavirus, les envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne devront connaître un déclin net de 23,1 %, en 2020. D’après un communiqué de la Banque mondiale publié hier, ils atteindront 37 milliards de dollars, soit plus de 22 445 milliards de francs CFA. Or, en 2019, ils étaient à 48 milliards de dollars, soit plus de 29 115 milliards de francs CFA. Ce qui équivaut, en valeur absolue, à une baisse de 6 670 milliards de francs CFA.

 

Au-delà de la santé, la Covid-19 continue de plomber tous les secteurs de la vie économique et financière des pays du monde, notamment ceux des Etats africains. Dans un communiqué rendu public hier, la Banque mondiale rappelle que les envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne ont connu un léger repli de 0,5 % en 2019, pour s’établir à 48 milliards de dollars, soit plus de 29 115 milliards de francs CFA.

‘’En raison de la crise du coronavirus, ce déclin devrait être nettement plus marqué en 2020, à 23,1 %, pour atteindre 37 milliards de dollars, soit plus de 22 445 milliards de francs CFA’’, informe la BM. Ce qui équivaut à une chute en valeur absolue de 6 670 milliards de francs CFA. Ceci avant un redressement de 4 % attendu en 2021.

D’après l’institution, la baisse prévue est à imputer à une conjugaison de facteurs liés à l’impact de la pandémie dans les pays où résident les migrants originaires d’Afrique, à savoir la zone euro, les États-Unis, le Moyen-Orient et la Chine. Ces grandes économies accueillent une part importante des migrants subsahariens et représentent, ensemble, pratiquement un quart des remises migratoires totales vers la région.

Au plan mondial, la BM renseigne que, plombés par la crise économique induite par la pandémie de Covid-19 et les mesures de confinement, les envois de fonds des migrants devraient chuter d’environ 20 % en 2020. ‘’Ce déclin attendu, le plus brusque de l’histoire récente, est à imputer largement à un fléchissement des salaires et de l’emploi des travailleurs migrants, souvent particulièrement exposés aux pertes de revenu et d’emploi en cas de crise économique dans leur pays d’accueil. Les remises migratoires vers les pays à revenu faible et intermédiaire devraient chuter de 19,7 %, à 445 milliards de dollars, avec à la clé la disparition d’une planche de salut financière vitale pour de nombreux ménages vulnérables’’, renchérit la même source.

Au fait, les études ont démontré que les transferts d’argent dans les pays à revenu faible et intermédiaire avaient un impact ‘’positif’’. Il s’agit nomment de ‘’l’allégement de la pauvreté’’, de ‘’l’amélioration de la situation nutritionnelle’’, de la ‘’hausse’’ des dépenses d’éducation et de la ‘’diminution’’ du travail des enfants dans les familles défavorisées.

Sur ce, la BM estime qu’une chute de ces envois affecte la capacité des familles à ‘’assumer’’ ces dépenses. Puisqu’une part accrue de leur budget sera consacrée à éviter les pénuries alimentaires et subvenir aux besoins immédiats du ménage. ‘’Les envois de fonds des migrants aident les familles à assurer leurs dépenses alimentaires et de santé, et à subvenir à leurs besoins essentiels. Alors que le Groupe de la Banque mondiale déploie des mesures rapides et d’envergure pour soutenir les pays, nous nous efforçons de maintenir les canaux de circulation de ces fonds pour préserver l’accès des communautés les plus démunies à ces biens vitaux’’, indique le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass.

Selon le document de la BM, cet ‘’effondrement’’ attendu en 2020 intervient alors que les transferts d’argent vers les pays à revenu faible et intermédiaire avaient atteint un niveau record de 554 milliards de dollars en 2019.

Malgré tout, l’Institution de Bretton Woods fait savoir que les remises migratoires devraient constituer ‘’une source encore plus importante’’ de financement extérieur pour ces pays, face à un repli plus marqué (plus de 35 %) des investissements directs étrangers (IDE). En 2019, elles ont dépassé les IDE, marquant une étape importante dans le suivi des flux de capitaux vers les pays en développement.

Réduire les coûts des transferts et améliorer l’inclusion financière

Face à cette crise, la Banque mondiale promet d’aider ses États membres à suivre l’évolution des flux d’envoi de fonds, des coûts et des difficultés liées au transfert d’argent et de l’impact des réglementations visant à protéger l’intégrité financière. Ceci, en collaborant avec les pays du G20 et la communauté internationale en vue de ‘’réduire les coûts des transferts et d’améliorer l’inclusion financière’’ au profit des populations pauvres.

À l’échelle mondiale, le coût moyen d’un transfert de 200 dollars reste élevé, à 6,8 %, au premier trimestre de 2020, soit à peine moins qu’un an auparavant. L’Afrique subsaharienne continue d’être la région ‘’la plus chère’’, avec un coût moyen d’environ 9 %. Alors que les migrants intra-régionaux constituent les deux tiers de toutes les migrations internationales en provenance de la région. ‘’Des mesures rapides pour faciliter l’envoi et la réception de cet argent pourraient apporter une aide particulièrement bienvenue aux migrants et à leurs familles. Cela implique notamment de considérer les services de transfert comme essentiels et de les rendre plus accessibles aux migrants’’, préconise l’auteur principal de la note et chef du programme Knomad, Dilip Ratha.

Pour 2021, la Banque mondiale table sur un redressement des transferts d’argent, pour atteindre 470 milliards de dollars, soit une progression de 5,6 %. ‘’Faute d’éléments précis pour mesurer l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les perspectives de la croissance mondiale et des mesures prises pour enrayer la propagation du virus, l’évolution des envois de fonds est difficile à anticiper. D’habitude, ces flux ont tendance à être contra-cycliques, les travailleurs émigrés envoyant davantage d’argent en période de crise et de difficultés chez eux. Mais, cette fois-ci, parce qu’elle touche toute la planète, la pandémie crée des incertitudes supplémentaires’’, lit-on dans le communiqué.

Dès lors, le directeur mondial du pôle Protection sociale et emploi de la BM, Michal Rutkowski, soutient : ‘’Des systèmes efficaces de protection sociale sont indispensables pour protéger les pauvres et les personnes vulnérables pendant cette crise, dans les pays en développement comme dans les économies avancées. Dans les pays d’accueil, les mesures sociales doivent couvrir également les migrants.’’

MARIAMA DIEME

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