Publié le 13 Aug 2020 - 17:32
EPREUVES D’ANTICIPEE DE PHILOSOPHIE

Les sujets en détail avec Thierno Amath Diop

 

Les élèves en classe de terminale se sont penchés, hier, sur les épreuves de philosophie. Trois sujets au choix leur ont été soumis, que le Pr. Thierno Amath Diop explique.

 

L’Etat a tenu à organiser les différents examens, malgré la pandémie. Cela paraissait utopique, mais la volonté a pu être concrétisée. Les élèves en classe de terminale ont passé les épreuves de philosophie, hier. Un professeur de philosophie, Thierno Amath Diop, considère les trois sujets au choix sortis hier abordables. En poste au Lycée de Ndoffane, il reconnait tout de même que, dans ce contexte de crise sanitaire, avec un arrêt pendant plusieurs mois des cours, il n’est pas évident que les élèves s’en sortent.

Il reste néanmoins convaincu qu’un bon élève de terminale peut s’en sortir facilement.

Selon M. Diop, les candidats au Baccalauréat de cette année avaient le choix entre le sujet 1 qui porte sur : ‘’La tâche du philosophe, à notre époque, est de délivrer l’homme de ses angoisses profondes’’. Pour le professeur, ‘’on a facilité la tâche à l’élève, dans la mesure où on lui a donné un plan, ce qui est diffèrent d’autres sujets où c’est à l’élève de trouver le plan qui constitue un casse-tête pour beaucoup d’entre eux’’. Il décortique la thématique posée. ‘’On peut entendre par ‘tâche du philosophe à notre époque’ le travail, le rôle ou l’entreprise du philosophe ou de la philosophie ou bien même sa fonction. Et cette dernière est de délivrer, libérer l’homme de ses angoisses, inquiétudes profondes’’, souligne-t-il.

Suivant son analyse, ‘’le philosophe se doit de nous donner des solutions. On attend du candidat qu’il aborde le sujet sous l’angle métaphysique, dans la mesure où la philosophie traite des questions liées à la mort, au sens de la vie, question qui devient de plus en plus préoccupante aujourd’hui. En somme, le philosophe doit aider l’Homme à sortir de ses difficultés, à avoir un esprit tranquille. Dans un premier temps, on peut dire que c’est la tâche du philosophe de répondre à ces préoccupations’’.

‘’Maintenant, on peut également, dans la phase critique, se demander si ce n’est pas la tâche de tout le temps pour le philosophe de nous délivrer des angoisses, autrement dit, est-ce que c’est seulement la tâche du philosophe ou bien la tâche de la philosophie de tout le temps. On suppose que la philosophie est née pour répondre à ces angoisses existentielles. Donc, ce n’est pas aujourd’hui que la tâche de la philosophie devient la réponse ou bien la tentative de réponse aux préoccupations existentielles, métaphysiques. Ainsi, c’est la tâche de tout le temps’’, dissèque le professeur de philosophie Thierno A. Diop.

Mais également, ajoute-t-il, ‘’on peut se poser la question de savoir s’il n’y a pas de limite par rapport à cela. Si le philosophe n’échoue pas dans cette entreprise, de libérer l’Homme, dans cette tâche de sortir l’Homme de ses angoisses profondes. D’autant plus que l’on sait qu’en philosophie, il n’y a pas de réponse définitive, de vérité définitive, mais elle est critique. Il n’y a pas de preuves concrètes par rapport aux réponses que les philosophes avancent, mais c’est dans le domaine de l’abstrait’’.

Pour le sujet 2 ainsi libellé : ‘’L’Etat peut-il prendre parti ?’’. M. Diop indique qu’ici, ‘’c’est un sujet à caractère interrogatif qui porte sur l’Etat. Ce dernier, en tant qu’entité, personne morale, peut-il rester partial, juste ou neutre par rapport à sa gestion, vis-à-vis des citoyens qu’il dirige et auprès desquels il incarne l’autorité. Autrement dit, la question est de savoir si l’Etat est toujours juste, incarne-t-il, toujours l’équité ?’’.

Pour l’aborder, explique le Pr. Diop, ‘’on peut défendre dans la phase de thèse que oui, l’Etat, en tant que structure au service de la société, République, est toujours juste. On peut s’appuyer sur des auteurs comme Rousseau, selon qui l’Etat incarne la liberté, et Hegel, selon qui l’Etat est l’incarnation de la raison, de l’absolue’’. 

Dans la phase critique, dit-il, ‘’on peut rejeter cette construction selon laquelle l’Etat est juste, en défendant l’idée selon laquelle l’Etat n’est pas l’incarnation de l’équité. L’Etat est un instrument pour les marxistes au service d’une classe et de la classe bourgeoise, des capitalistes. Donc, si c’est un instrument au service de ces classes, il ne saurait être juste’’.

Pour les sujets soumis aux séries scientifiques, M. Diop remarque que la tâche a été également facilitée ici aux candidats. Chez eux, il est question d’art et d’artiste. Mais ici, précise-t-il, il s’agit de l’art comme création et non comme imitation. ‘’Pour aborder le sujet, le candidat peut, dans un premier temps, montrer que l’art est une création ; l’artiste quelque chose qui n’existait pas pour traduire la réalité. Dans la phase critique, on peut poser la question, si l’artiste ne dénature pas la réalité ? Autrement dit, est-ce que l’artiste qui prétend écrire la réalité n’échoue pas, est-ce qu’il d’écrit la réalité en tant que telle ou d’écrit autre chose que la réalité, est-ce qu’il ne risque pas de changer la réalité, ne risque-t-il pas de montrer sa réalité plutôt que l’objet ?’’, analyse-t-il.

En ce qui concerne le sujet 2 : ‘’Le triomphe de la philosophie entraine-t-il le recul des croyances ?’’, il s’agit de la différence entre philosophie et croyance, entre raison et foi. ‘’Ici, il faut voir si la raison philosophique peut-elle faire disparaitre les croyances, la foi. Dans un premier temps, on peut défendre que le triomphe de la philosophie entraine le recul des croyances. Là, on peut s’appuyer sur le cours sur ‘La réflexion philosophique, origine et spécificité de la philosophie’. On aborde la différence entre la philosophie et les autres formes de savoir comme le mythe, la magie’’, rapporte-t-il.  Pour lui, le candidat se doit d’être prudent pour ne pas tomber dans le piège, car il s’agit de voir si le triomphe de la philosophie entraine le recul des croyances et non la disparition des croyances. La question n’est pas de savoir si ‘’la philosophie met fin aux croyances, mais de voir si la philosophie peut faire reculer ces croyances, est-ce que le développement de la philosophie peut entrainer un recul de ces formes de croyance ?’’.

AIDA DIENE

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