Diomaye annonce des mesures drastiques

La forêt classée de Mbao est victime de menaces multiformes. Ce samedi, le chef de l'État s’y est rendu pour annoncer une batterie de mesures visant à la protéger et lancer trois innovations majeures qui visent la protection de l’environnement.
La forêt classée de Mbao, dans la banlieue dakaroise, a abrité, avant-hier, la Journée nationale d'investissement humain, en prélude au lancement de la campagne nationale de reboisement 2025. D’ailleurs, le président de la République, qui présidait la rencontre, a souligné le caractère exceptionnel de la rencontre qui marque le lancement officiel de la caravane écologique nationale, une initiative destinée à susciter et à amplifier l'engagement populaire et territorial pour la restauration de nos écosystèmes naturels.
Créée en 1914, la forêt classée de Mbao représente, aux yeux du président Bassirou Diomaye Faye, un patrimoine précieux et vulnérable, un enjeu majeur de résilience urbaine constituant le dernier grand massif forestier urbain de la région de Dakar. ‘’Véritable poumon vert de la capitale, elle abrite une biodiversité remarquable, un marigot au rôle écologique déterminant et contribue significativement à la régulation climatique, à l'épuration de l'air, à la recherche des nappes phréatiques, à la lutte contre les inondations, à la production fruitière et au bien-être général des populations’’, a poursuivi le chef de l’État.
Face à la pression urbaine croissante, il a incité la population à regarder en face cette réalité alarmante. La forêt classée de Mbao, a-t-il déploré, subit une dégradation continue qui ne peut désormais plus être tolérée. Il cite "les empiétements illégaux, les décharges sauvages, les coupes abusives, l'insécurité, l'assèchement progressif du marigot, l'urbanisation galopante, le drainage des eaux sur le site’’, entre autres.
Face à ce tableau peu reluisant, le président Faye a souligné que sa présence avant-hier, à la forêt classée de Mbao, constitue un symbole. Le chef de l’État de marteler : ‘’Elle est une déclaration d'action. Elle signifie que l'État, aux côtés de l'ensemble des citoyens, reprend possession de cet espace vital pour le restaurer, le protéger et le transmettre aux générations futures.’’
Désireux de changer de paradigme en matière de protection de la nature, il a ajouté : ‘’C'est dans cet esprit que nous avons imaginé une campagne innovante, inclusive et parfaitement alignée à la Vision Sénégal 2050. Cette dynamique doit être poursuivie avec détermination, car l'année 2025 marque un tournant dans notre politique environnementale. Pour la première fois, la campagne de reboisement est conçue comme un plan d'action national systémique décliné autour de trois innovations majeures."
La première est le week-end national d'investissement humain, dont la journée du samedi a constitué le point de lancement, qui vise la mobilisation des concitoyens dans toutes les régions autour d'activités concrètes, à savoir le reboisement, le nettoiement et la sensibilisation. Aux yeux du président Faye, ceci est l'incarnation d'une nouvelle forme d'engagement civique inclusif et collectif.
La deuxième innovation est le challenge ‘’un million d'arbres en 48 heures’’ qu'il a officiellement lancé pour inviter chaque Sénégalaise et chaque Sénégalais à poser un geste simple, mais essentiel : planter un arbre, le protéger et le suivre. Ce challenge, dit-il, s'accompagne d'un mécanisme de transformation numérique et communautaire, intégrant la traçabilité et la reconnaissance citoyenne.
La dernière est la caravane écologique 2025 qu'il a lancée et qui sillonnera l'ensemble des régions du pays, apportant une dynamique de proximité, de formation, d'action et de suivi. "Il s'agit d'une initiative itinérante destinée à reconnecter nos territoires à la nature, à renforcer la résilience locale et à ancrer la culture du reboisement durable’’.
Toutes ces initiatives, souligne le chef de l’Exécutif, sont en parfaite cohérence avec la Vision Sénégal 2050, notamment l’ambition de faire du Sénégal un pays souverain, vert, sobre en carbone et résilient face aux effets néfastes du changement climatique.
C’est pourquoi il en appelle à une mobilisation nationale citoyenne, car, assure-t-il, chaque arbre planté, protégé et suivi jusqu'à maturité, est une contribution précieuse à l'atteinte des objectifs assigner.
‘’Aujourd'hui, planter un arbre est un acte réfléchi, conscient et enraciné dans nos valeurs culturelles profondes. Je reste convaincu que ces campagnes de reboisement doivent puiser dans notre identité culturelle leur inspiration première, tant cette dimension constitue un socle indispensable au développement durable. Au regard de cette considération, la forêt classée de Mao, qui constitue une richesse naturelle, doit être gérée comme une banque verte, où l'intérêt est prélevé et le capital préservé pour la satisfaction des besoins actuels, ces futurs des populations", a lancé le président Faye à la foule et aux autorités politiques et administratives présentes.
Ainsi, dira-t-il, "reboiser et restaurer la forêt classée de Mao dépasse donc la simple action environnementale. C'est préserver un patrimoine menacé. C'est rendre dignité à un espace dégradé. C'est bâtir un avenir commun fondé sur la justice environnementale. Chaque arbre planté aujourd'hui est un témoignage de notre engagement envers les générations futures. En 48 heures, faisons de ce défi un succès collectif, un engagement durable, un moment historique dans notre démarche vers la souveraineté écologique. Cette journée symbolique et mobilisatrice nous faisons bien plus que planter des arbres. Nous plantons des racines d'espérance. Nous plantons des piliers de résilience’’.
CHEIKH THIAM