Publié le 25 Jun 2016 - 07:11
FISCALITE AU SENEGAL

Les raisons qui justifient les faibles recettes

 

L’économie sénégalaise souffre en partie du manque de culture fiscale des citoyens. Face à ce problème qui impacte négativement les recettes fiscales, des experts invitent les autorités à mettre en place des dispositifs pour que les populations se sentent plus concernées.

 

Aller faire sa déclaration d’impôt volontairement aux services compétents est l’une des choses les moins partagées au Sénégal. Et le manque à gagner est énorme pour l’Etat. Animant un panel hier, à la maison de la presse, l’économiste Meïssa Babou et l’inspecteur des impôts et des domaines, Mamadou Diao dit Mame Boye, ont tous relevé le manque de culture fiscale des Sénégalais. Ce comportement est dû à un manque de compréhension quasi-générale des citoyens. Selon Mamadou Diao, aujourd’hui, c’est une minorité qui paye l’impôt. « Malheureusement dans notre pays, on n’a pas réussi à imposer le paiement de l’impôt.

Souvent, on est prêt à prendre 50 millions de francs CFA, les offrir à un marabout que de s’acquitter de ses obligations fiscales », fait remarquer le directeur des Services fiscaux des impôts et domaines. Il estime que l’impôt doit être présenté comme un acte de solidarité nationale, pour que les populations comprennent l’enjeu de cette collecte d’argent. Cela est d’autant plus important que, selon lui, beaucoup de Sénégalais voient toujours l’impôt comme le « juuti » (taxe obligatoire en wolof, Ndlr) que nos grands-parents payaient aux colons.

Face à ce constat, l’inspecteur préconise une éducation fiscale, dès le bas âge, afin de renverser la tendance. « L’éducation civique, de manière générale, manque dans notre pays. Le civisme fiscal doit être inculqué aux jeunes, très tôt », préconise-t-il. Un autre problème soulevé par le spécialiste des questions fiscales, c’est le secteur informel. Selon lui, le Sénégal souffre en matière de mobilisation des ressources, parce qu’une grande partie de l’économie se trouve dans le secteur dit de « l’informel » qui ne l’est pas en réalité. Ce qui lui fait dire, qu’en prenant en compte ce secteur très important de l’économie, on peut avoir plus de recettes. « On peut faire mieux en matière de recette fiscale, car il y a aujourd’hui une population non fiscalisée et une autre sous fiscalisée », dit-il. Il invite aussi l’Etat à mettre en place une politique de communication efficace autour de l’impôt pour améliorer sa perception par les populations.

L’économiste Meïssa Babou, l’autre paneliste, a apporté un regard critique sur la fiscalité au Sénégal. « Trop d’impôts, tue l’impôt », a-t-il lancé, pour dire que la pression fiscale est très forte. Et cela est même valable sur le plan psychologique. A en croire M. Babou, il y a aussi souvent un manque d’équité fiscale, selon les secteurs. « Il y a par exemple 55% de taxe dans le carburant. Quand quelqu’un a une voiture, on dit qu’il est riche. Donc, il faut que le carburant soit fortement taxé. Il y a des secteurs qui sont plombés par la fiscalité», a regretté l’enseignant-chercheur à la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg). Il soutient qu’il y a un problème dans la détermination de l’assiette fiscale.

Pour rassurer les investisseurs et décourager la fuite des capitaux vers les paradis fiscaux, M. Babou préconise la création de ce qu’il appelle « un couloir fiscal ». « Ce dernier permettra aux hommes sénégalais riches de garder leur argent ici, avec la garantie nécessaire ».  

Abdourahim Barry (Stagiaire)

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