Publié le 7 Jul 2022 - 20:04
FOOT - FRANCE

Bordeaux, les deux pieds dans le vide

 

Il était 18h, mardi, quand le couperet est tombé : la commission d’appel de la fédération française de football a confirmé la décision de la DNCG de rétrograder administrativement Bordeaux en National 1. Pour les Girondins et leurs soutiens, le choc est brutal. Le club au scapulaire ne va pas lâcher l’affaire. Mais ses chances de rester dans le monde professionnel semblent infimes, désormais.

 

Le premier uppercut avait déjà été violent. Asséné le 14 juin dernier, il avait mis Bordeaux dans les cordes. Incapable de satisfaire aux exigences de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) et de la rassurer sur sa situation financière, le club aquitain se voyait alors rétrogradé administrativement en National 1, dans la foulée de sa relégation sportive en Ligue 2. Il avait immédiatement fait appel, puis recouvré ses esprits avant de retourner au combat. Afin de boucher le problématique trou de 40 millions d’euros dans le budget, Gérard Lopez avait redoublé d’ingéniosité. Prenez dix millions d’euros apportés par Jogo Bonito, la société de Lopez.

Ajoutez-y le premier versement de la société commerciale de la Ligue (8,25 millions d’euros), sans oublier la plus-value engendrée par le transfert d’Aurélien Tchouaméni au Real Madrid (8 millions d’euros). Demandez aussi à l’actionnaire, Fortress, de consentir un prêt de 14 millions d’euros, histoire de rassurer tout le monde avant de prochaines ventes de joueurs. Et pour compléter le tout, glissez dans le dossier une lettre du tribunal de commerce, écartant tout risque de cessation de paiement. Ça y est, le FCGB était de nouveau prêt à en découdre. En fin de semaine dernière, l’optimisme semblait être de mise. Sauf que les Girondins ont vite encaissé un second coup dans la mâchoire. Très certainement synonyme de K.O., cette fois.

« Cette décision injuste est inacceptable et incompréhensible »

Mardi, en début de soirée, la commission d’appel de la Fédération française de football est en effet allée dans le sens de la décision de première instance de la DNCG, confirmant donc la descente des Bordelais d’un étage supplémentaire dans la hiérarchie du foot français. Selon les informations de L’Équipe, les arguments avancés par les dirigeants des Marine et Blanc n’ont pas convaincu la commission. Celle-ci souhaitait que les 40 millions d’euros en question soient bloqués sur un compte et n’aurait accordé que peu de crédit à l’engagement de Fortress, qui n’aurait pas tenu sa promesse la saison dernière. « Cette décision injuste est inacceptable et incompréhensible » , a fulminé le président Lopez dans un communiqué. Plus qu’un club, c’est d’ailleurs toute une ville qui se retrouve groggy. « C’est une catastrophe pour les équipes professionnelles, masculine et féminine, le centre de formation et surtout l’ensemble des salariés, ont dénoncé la mairie de Bordeaux et la métropole dans un texte commun. Il n’est pas concevable de s’en tenir à cette décision au regard des conséquences dramatiques pour le club et le territoire. » Pour les élus locaux comme pour le dirigeant girondin, hors de question de ne pas riposter.

Plus que deux fragiles branches auxquelles se raccrocher

« Je me battrai jusqu’au bout, et c’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’exercer un recours contre cette décision inique » , a affirmé Gérard Lopez. Concrètement, l’homme d’affaires hispano-luxembourgeois a la possibilité de saisir le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), qui réexaminera alors le dossier afin de savoir si la sanction est justifiée. Néanmoins, son avis n’est que consultatif, ce qui signifie que le comité exécutif de la FFF peut très bien ne pas le suivre. Enfin, le FCGB pourrait abattre une ultime carte en saisissant le juge des référés du tribunal administratif, dans l’espoir de faire suspendre cette décision et garder sa place en Ligue 2. Mais il ne faut pas se leurrer, ces démarches ont très peu de chances de déboucher sur une issue favorable pour les Girondins. Pour ces derniers, la peur du vide est plus réelle que jamais. Difficile, voire impossible pour eux d’évoluer en National 1 l’an prochain, où les revenus sont bien trop minces pour qu’une telle structure puisse mener un projet viable. Le dépôt de bilan et la liquidation judiciaire se profileraient alors, avec pour conséquence une chute jusqu’en National 3, où se trouve l’équipe réserve. Bordeaux est au sol, en train d’être compté. Et, honnêtement, on a beaucoup de mal à l’imaginer se relever.

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