Publié le 25 Feb 2020 - 22:13
GESTION DES BASSINS VERSANTS

L’OMVS et l’OMVG s’unissent pour l’intégration africaine 

 

L’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) et l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG) ont décidé d’unir leurs efforts pour faire de l’intégration africaine une réalité.  Les hauts-commissaires des deux organisations l’ont acté hier, lors d’un atelier d’échanges.

 

Afin de s’enrichir mutuellement, l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) et l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG) ont décidé de joindre leurs forces et de cheminer ensemble. Les deux organisations de gestion, qui ont leurs sièges à Dakar, ont quasiment les mêmes missions dans deux bassins différents.

‘’L’OMVG revit l’espoir du bassin du fleuve de la Gambie comme levier de développement pour les Etats membres. L’expérience de l’OMVS est celle de la construction d’une intégration qui fait mentir tous les sceptiques en Afrique sur la volonté d’intégration. Quatre pays autour d’un bassin versant prouvent, à la face du monde, que l’Afrique a également de success-story, qu’elle peut construire un modèle d’intégration. Ceci à partir d’un sujet potentiellement conflictuel partout dans le monde’’, soutient le haut-commissaire de l’OMVS.

Hamed Diané Semega, qui s’exprimait hier, lors d’un atelier, soutient que les deux organisations se réunissent pour raffermir davantage ce maillon d’intégration africaine. ‘’C’est dans l’interactivité que, nécessairement, il y a un élan de développement collégial au bénéfice des populations des deux bassins. A partir des ressources naturelles, on peut jeter les bases d’une intégration économique très forte. La paix des bassins est la pierre angulaire de la paix. C’est un facteur de développement et l’OMVS prouve, depuis sa création, qu’elle est un instrument de stabilité et de paix’’, renchérit M. Semega.

Sur ce, le haut-commissaire de l’OMVS a souligné qu’il y a en perspective Dakar-2021 (NDLR : le Forum mondial de l’eau). ‘’C’est, avant tout, notre évènement, nous organismes de bassin. C’est le point de mire de tout ce que nous avons réussi ensemble comme organismes de bassin. Mais aussi de tous les défis à venir sur cette question stratégique. A l’occasion de cette rencontre, nos experts travailleront à trouver les passerelles nécessaires pour faire de la visibilité de nos deux organisations une réalité qui porte le fruit du travail abattu par celles-ci’’, dit-il.

Pour M. Semega, il est important, également, de concrétiser cette idée de laboratoire de bonnes pratiques. Et le patron de l’OMVS estime que c’est aujourd’hui l’occasion de jeter les prémices, tout comme le Pôle eau du Sénégal. ‘’Le gouvernement du Sénégal a initié un projet qui se trouve intéressant, emblématique et qui serait totalement incomplet, s’il n’était pas renforcé par la dynamique de nos deux organismes de bassin. C’est pourquoi je voudrais que nous nous employions à faire de la réussite de ce Pôle eau du Sénégal celle africaine, par la combinaison de nos efforts’’, plaide-t-il.

D’ailleurs, M. Semega pense que Dakar-2021, le Pôle eau et le Réseau africain des organismes de bassin, sont un ensemble de sujets qui peuvent les occuper. Pour, à la fin, sortir un ensemble de recommandations qui leur permettront de faire de leur coopération un levier. Ceci pour que l’OMVG, qui incarne un ‘’espoir de renouveau’’, puisse, avec l’OMVS, porter ce combat pour plus de paix et de stabilité.

Le haut-commissaire de l’OMVS signale que l’enjeu stratégique est de créer des passerelles dans le cadre du marché de l’énergie en Afrique de l’Ouest. Dès lors, il rappelle que le Wapp (NDLR : Projet d’aménagement hydroélectrique de la centrale au fil de l’eau de Feou, entre le Mali, la Mauritanie et le Sénégal), est en train de devenir une réalité. ‘’Or, avec l’OMVG ou l’OMVS, on voit autant de parcs de production que des lignes de transport qui font de nos deux organisations le pilier des systèmes d’échanges électriques en Afrique de l’Ouest. Il vaut mieux, dès à présent, renforcer ce qui a été fait. On sait tous les aléas dans lesquels nous sommes plongés pour la construction de ces lignes’’, ajoute M. Semega.

L’enjeu du Wapp, pour leurs deux organisations, l’Observatoire du Fouta Djalon, le Réseau africain des organisations de bassin, Dakar-2021 et le Pôle eau du Sénégal, sont les points sur lesquels le haut-commissaire de l’OMVS affirme qu’il urge de mettre l’accent. Selon son homologue de l’OMVG, il apparaît de plus en plus clair que l’émergence des Etats passera, entre autres, par les organisations de mise en valeur de bassins fluviaux. ‘’Cette mise en valeur est un facteur d’intégration et de coopération efficace et efficiente. Nos organisations cultivent la paix entre leurs Etats membres respectifs et consolident la solidarité et les bonnes relations transfrontalières entre les populations à la base’’, soutient El Hadj Lansana Fofana. D’après le haut-commissaire de l’OMVG, les lignes d’interconnexion électriques que l’OMVS gère, et que son organisation est en train de construire, sont ‘’les problèmes réels’’ de cette intégration. ‘’Les rencontres d’échanges nous permettrons d’être plus efficaces ou plus actifs pour convertir les engagements en action’’, témoigne M. Fofana.

Cependant, au-delà des grands projets électriques ou de construction de barrages, le secrétaire général de l’OMVG a plaidé pour la réalisation d’infrastructures sociales de base dans les zones touchées par les projets. ‘’Nos organisations font de la mise en valeur et la plupart de leurs projets portent sur l’énergie, la construction de barrages comme Manantali et l’irrigation. Mais il faut également faire le développement au niveau local. Il s’agit de l’énergie, de l’irrigation, de l’eau potable, les pistes pour se déplacer et évacuer leurs produits. La santé et l’éducation font aussi partie des besoins des populations’’, préconise Ababacar Ndao.

MARIAMA DIEME

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