Publié le 5 Jul 2019 - 11:00
IBRAHIMA BACHIR DRAME (EXPERT PETROLIER)

‘’Il nous faut cultiver une démocratie pétrolière dès maintenant’’

 

Expert pétrolier et formateur, Ibrahima Bachir Dramé a appelé, hier, le peuple sénégalais à arrêter les ‘’débats stériles’’ autour des contrats pétroliers et gaziers, et à cultiver, avant l’année de production, une démocratie pétrolière.

 

Dans quelques années, le Sénégal va intégrer le cercle restreint des pays producteurs de pétrole en Afrique et dans le monde. Très souvent source de conflits dans certains pays (Angola, il y a quarante ans, République démocratique du Congo, Libye fin des années 70 et aujourd’hui encore, Irak…), le pétrole a ses bienfaits et ses méfaits. Pour épargner le Sénégal de toute malédiction du pétrole, l’expert pétrolier Ibrahima Bachir Dramé a invité les citoyens sénégalais à adopter une pratique du pétrole et de la démocratie, à se concentrer sur l’essentiel et à mettre une croix sur tout ce qui peut nuire à la stabilité du pays.

‘’Le pétrole, ce n’est pas un jeu où il y a un gagnant et un perdant. Le pétrole, c’est très simple : il brûle le pays vite fait et tout le monde perd. Il y a des pays qui sont complètement à terre et décimés à cause du pétrole. Mais cela n’empêche pas les opérateurs de pomper le brut en haute mer’’, a alerté, en début de semaine, à Thiès, Ibrahima Bachir Dramé. L’expert en pétrole, qui animait une conférence publique sur le pétrole et le gaz, à l’initiative du coordonnateur départemental de Benno Bokk Yaakaar, Augustin Tine, a invité les Sénégalais à avoir le sens de la responsabilité.

Selon Ibrahima Bachir Dramé, l’économie du pays va être florissante,  à partir de la production du pétrole en 2022. ‘’Quand un pays découvre du pétrole, il devient très fort. Les pays du Golfe qui ont du pétrole sont tous prospères. Au Qatar, par exemple, quand un enfant vient au monde, on lui ouvre automatiquement un compte bancaire’’, souligne le consultant international dans les métiers du pétrole.

Il n’a pas manqué, au cours de cette rencontre, de manifester tout son soutien au frère du président de la République, accusé d’avoir perçu des pots-de-vin dans la signature des contrats pétroliers et gaziers. Selon lui, tout ce qui se dit sur le frère cadet du président Macky Sall concernant les contrats pétroliers et gaziers, n’est que contrevérité.

‘’Que ça plaise à certains ou pas, il faut reconnaitre que ce que les gens disent sur Aliou Sall n’est pas vrai. Je l’ai dit en 2014 et les gens m’ont insulté’’, a soutenu Ibrahima Bachir Dramé.

Ainsi, il a invité le peuple sénégalais à cultiver la pratique du pétrole et de la démocratie, comme le font les Norvégiens. ‘’Quand les Norvégiens ont découvert leur pétrole, ils ont fait appel à un expert syrien. Ce dernier leur avait dit : ‘Vous voulez sortir votre pétrole. Mais il faut savoir que le pétrole ne va pas avec la démocratie.’ Ils l’ont laissé rentrer. Quelques mois après, on le fait revenir et il leur a tracé le chemin. C’est pour cette raison que les Norvégiens sont prospères. Le Sénégal peut faire la même chose’’, soutient le membre du Club les pétro-responsables.

Entre 2022 et 2035, le Sénégal va produire entre 100 et 105 barils de pétrole par jour pour des revenus de 52 milliards sur le produit intérieur brut. Pour que le pays atteigne ce degré de prospérité, à l’image du Qatar, de l’Arabie saoudite, de la Norvège, etc., Ibrahima Bachir Dramé pense qu’il est temps d’arrêter ‘’dès maintenant tous ces débats inutiles et stériles’’ autour du pétrole et du gaz. Ainsi, il a tenu à préciser qu’avec la production du pétrole, le pays va avoir ‘’énormément d’argent qu’il faut bien gérer’’. ‘’Le pays est à la croisée des chemins. Le Sénégal se trouve à un moment de son histoire où tout est ouvert et où tous les espoirs sont permis. Mais pour que ça arrive, ce qui est en train de se passer doit s’arrêter immédiatement’’, a fulminé celui qui a travaillé pendant douze ans avec le géant pétrolier français Total.

GAUSTIN DIATTA (THIES)

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