Publié le 9 Jun 2020 - 23:27
INCIDENCES DE LA COVID-19 EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

La BM craint un accroissement de l’endettement de la région 

 

Les incidences de la pandémie vont ‘’sensiblement’’ accroître la vulnérabilité de la région au surendettement. Ces pressions seront exacerbées par la nécessité d’emprunter pour financer des déficits budgétaires plus importants. C’est ce qu’a souligné la Banque mondiale (BM) dans son rapport sur les perspectives économiques mondiales rendu public hier.

 

Si la pandémie se poursuit et s’aggrave, l’Afrique subsaharienne tombera dans une récession ‘’encore plus profonde, avec des effets dévastateurs’’ sur la santé et le bien-être de ses habitants. C’est ce qui ressort du rapport de la Banque mondiale (BM) sur les perspectives économiques mondiales, rendu public hier. ‘’Les incidences de la pandémie vont sensiblement accroître la vulnérabilité de la région au surendettement, et ces pressions seront exacerbées par la nécessité d’emprunter pour financer des déficits budgétaires plus importants. Le grave manque de ressources publiques pourrait entraîner une réduction des services publics essentiels pendant la pandémie et réduire encore l’activité économique’’, indique le document.

Au fait, la BM craint, de plus en plus, que la pandémie ‘’fragilise’’ la sécurité alimentaire dans la région. Ceci avec la fermeture des frontières et les restrictions commerciales qui ont perturbé le commerce des produits alimentaires et agricoles. ‘’Le grand nombre de personnes déplacées dans la région pourrait compliquer les mesures prises pour enrayer la propagation du coronavirus. En outre, les efforts de maintien de la paix passent au second plan derrière la lutte contre la pandémie. Ce qui accroît le risque de troubles sociaux. La montée du chômage, la baisse des revenus et d’éventuelles pénuries de produits essentiels pourraient être une source d’instabilité et peser sur l’activité économique longtemps après la fin de la pandémie’’, soutient l’institution.

Le rapport précise que l’Afrique subsaharienne a subi le contrecoup de la pandémie chez ses principaux partenaires commerciaux, de la perturbation des voyages internationaux et des chaînes d’approvisionnement, et de l’effondrement des prix des produits de base, notamment le pétrole et les métaux industriels. D’après la même source, ces chocs ont exacerbé l’aversion des investisseurs pour le risque et entraîné des sorties de capitaux sans précédent. ‘’La dépréciation des monnaies nationales et la perturbation des chaînes d’approvisionnement ont poussé l’inflation à la hausse dans la région. De nombreux pays ont annoncé des mesures de soutien budgétaire. Mais, dans bien des cas, elles consistent à remanier les budgets existants pour faire face aux nouvelles contraintes. Les institutions internationales ont demandé aux créanciers bilatéraux de suspendre le remboursement de certaines dettes’’, lit-on dans le document.

Un repli de 2,8 % de l’activité économique prévu en 2020

Il convient de noter que l’analyse de la BM sur les perspectives économiques mondiales, en ce mois, informe que l’activité économique de la région d’Afrique subsaharienne devrait se contracter de 2,8 % en 2020. Un repli ‘’le plus fort jamais enregistré’’, selon l’institution de Bretton Woods. ‘’On s’attend à une baisse encore plus importante du PIB par habitant, ce qui risque de faire retomber des millions de personnes dans l’extrême pauvreté. La croissance pourrait reprendre en 2021 et atteindre 3,1 %, si la pandémie recule au deuxième semestre de cette année, si les foyers d’infection suivent la même tendance au niveau des pays et si la croissance reprend dans les grands partenaires commerciaux’’, fait savoir la même source.

Sur ces perspectives, la BM estime que l’Afrique subsaharienne a ‘’d’énormes obstacles’’ à surmonter. Ceci pour maîtriser la pandémie compte tenu de la faible capacité des services de santé, du manque d’accès aux installations sanitaires de base et de la prévalence des activités économiques informelles dans une grande partie de la région. ‘’L’économie nigériane devrait se contracter de 3,2 % cette année, en raison de l’effondrement des prix du pétrole, qui représente 80 % des exportations du pays, environ un tiers du crédit bancaire et la moitié des recettes publiques. La production de l’Afrique du Sud devrait accuser une baisse de 7,1 % cette année - contraction la plus forte depuis un siècle - du fait que les rigoureuses, mais nécessaires mesures de confinement mises en place ont réduit l’activité économique’’, prévoit le document.

Il est aussi attendu le ralentissement de l’activité économique des pays importateurs de produits de base cette année, malgré la baisse des prix du pétrole, le nombre de touristes étant limité par les restrictions imposées aux voyages internationaux. Le PIB des pays exportateurs de matières premières industrielles devrait également diminuer en 2020 du fait que les perturbations intérieures sont exacerbées par la faiblesse des prix du pétrole et des métaux. Les pays exportateurs de produits agricoles verront également, d’après la BM, leur activité économique ‘’s’effondrer’’ cette année, bien qu’ils soient relativement protégés contre la baisse des prix des produits de base parce que les investissements étrangers directs et le resserrement des conditions financières retardent l’investissement.

MARIAMA DIEME

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