Publié le 14 Mar 2019 - 00:46
INNOVATION TECHNOLOGIQUE

Les start-upeurs sénégalais face aux défis de l’heure 

 

Défaut d’accompagnement technique et financier, fragilité de leur écosystème, etc., sont notamment les défis qui se dressent devant les start-upeurs sénégalais, à l’heure où la technologie avance à grands pas à travers le monde. C’est ce qu’ont fait savoir les acteurs, hier, lors d’un atelier.

 

Depuis 2017, la Journée mondiale des start-up est inscrite dans l’agenda. Ainsi, chaque 11 mars, ces jeunes entreprises évoluant dans le secteur de l’innovation technologique sont célébrées. Mais, au Sénégal, le constat est que leur croissance reste encore timide. ‘’Les start-up au Sénégal se débrouillent et essayent de s’en sortir. On commence à avoir des structures qui sont là pour nous accompagner, telle que la Délégation rapide à l’entreprenariat (Der), etc. Il y a beaucoup de travail qui reste à faire et les start-up sont à l’image de leur pays’’, explique le directeur général et associé de la start-up sénégalaise Baamtu. Au fait, selon Mouhamed Moustapha Diouf, qui s’est confié à ‘’EnQuête’’ en marge d’un atelier, si on compare les start-up sénégalaises à celles du Kenya et du Rwanda, les accompagnements qu’elles ont, les start-up du Sénégal ne les ont pas encore. ‘’Donc, on lance un message fort aux autorités afin qu’elles poussent à fond la visibilité des start-up. Il n’y a pas de structure qui est là vraiment pour accompagner ces start-up. Des fonds existent certes, ils n’interviennent que lorsque la start-up est sur la route. Alors que ce sont les deux premières années qui sont vraiment les moments les plus compliqués. La Sonatel et Expresso font des efforts dans ce sens-là, mais elles devraient encore aller plus loin’’, dit-il.

En effet, selon M. Diouf, il y a beaucoup de gens qui sont porteurs de projets d’innovation au Sénégal. Mais ce qui manque ce sont les ‘’fonds et de l’accompagnement organisationnel’’ pour leur permettre de passer cette étape des deux ans et d’être une ‘’entreprise innovante’’ qui va grossir et embaucher des jeunes et ‘’réduire le taux de chômage’’ qu’on a au Sénégal.

Pour sa part, le Dg de la start-up Sika-technologie, qui travaille dans le domaine de l’Internet des objets combinés à l’intelligence artificielle, Ousmane Sarr, estime que ce qui leur reste, c’est de ‘’s’unir, réunir’’ certains domaines de compétence. Ceci, en ayant l’appui de l’Etat et de certaines structures. ‘’Le premier problème qu’on a, c’est l’éducation. La technologie n’est pas accessible à tout le monde. Il faudrait un cadre de formation par rapport à nos entrepreneurs qui détiennent des solutions. Il est également nécessaire de sensibiliser les dirigeants afin qu’ils puissent, derrière, apporter l’investissement qu’il faut en termes de partenariat, de ressource, d’expertise sénégalaise ou africaine qui peuvent venir donner des conseils en business, incuber les entrepreneurs à mieux se vendre’’, renchérit le jeune entrepreneur.

Mais,  pour lui, la partie Rdd (Ndlr : Resilient Distributed Datasets ou données distribuées résilientes) où ils ont cette ‘’priorité’’ de pouvoir développer des produits qui respectent les normes sénégalaises, africaines et internationales n’est pas à négliger. Car, ceci leur permet de s’étendre en Afrique et dans le monde entier.

‘’Plus de 95 % des start-up disparaissent, après 3 ou 4 ans’’

Au fait, pour le Dg de Sika-technologie, tout le monde peut devenir entrepreneur, mais ‘’le rester, c’est compliqué’’. ‘’On voit que plus de 95 % des start-up disparaissent, après 3 ou 4 ans. Tout le monde est en mode survie. Parce que nous ne maitrisons pas notre écosystème et on peut tomber d’un bout à l’autre. Pour régler ces problèmes, il faut des champions supportés, aidés par l’Etat afin qu’ils puissent développer un cadre où les autres start-up auront la chance de survivre’’, soutient Ousmane Sarr.

La montée en puissance de la technologie Oled

Il faut noter que l’atelier d’hier, organisé par Gaïndé 2000, a été l’occasion, pour les acteurs, de faire une restitution par rapport à la participation du Sénégal au Consumer Electronics Show (Cse) de Las Vegas. Un rendez-vous annuel qui est devenu le plus important salon consacré à l'innovation technologique en électronique grand public.  Pour l’édition de 2019 qui s’est tenue au mois de janvier dernier, le Dg de Baamtu, Mouhamed Moustapha Diouf, a par ailleurs affirmé qu’aujourd’hui, les tendances dans le secteur de l’innovation, c’est la technologie Oled, avec le téléviseur enroulable de Lg. ‘’Il est capable de se rétracter, de se ranger comme une table dans le salon avec deux interfaces devant et derrière qui permettent de suivre deux programmes différents avec le même téléviseur’’, fait-il savoir.

En dehors de cette innovation, les objets connectés, l’intelligence artificielle, ont marqué ce salon. ‘’On a découvert des frigos qui, maintenant, sont capables d’indiquer les aliments qu’ils contiennent, leur date d’expiration, qui proposent des recettes en se basant sur leurs contenus. On a aussi des  habits, des chaussures, des ceintures, chaussettes connectés, etc. Tout sera connecté et c’est là où la connectivité va jouer un rôle important et l’attente qu’on a de la 5G qui va arriver d’ici 2 ans’’, ajoute-t-il.

Selon M. Diouf, la 5G va permettre de connecter beaucoup plus d’appareils avec des débits beaucoup plus élevés par rapport à la 4G. Mais aussi d’économiser plus de batterie, avec une durée de vie beaucoup plus importante et le temps d’accès à l’information. Le taux de téléchargement va aussi ‘’exploser’’, grâce à un débit de 50 gigabits. ‘’Aujourd’hui, par rapport à cette technologie, nous ne sont pas à la traine. C’est un domaine qui est nouveau pour le monde. Chacun cherche et c’est le moment pour nous, en tant qu’Africains, de ne plus être des consommateurs de produits finis, mais de créer pour nous-mêmes nos produits et de participer à l’innovation au niveau mondial’’, lance le patron de Baamtu.

En réalité, la présence du Sénégal à ce rendez-vous a été ‘’timide’’, d’après le directeur de l’Innovation à Gaïndé 2000, Mouhamed Diouf. Chargé également de la gestion de projets, des études et de la sécurité du système d’information au sein de cette structure, il souligne que le Sénégal a été représenté par quelques structures, alors que d’autres pays comme le Maroc ‘’ont le mis le paquet’’. ‘’La France a été très forte. Et ce genre d’évènements est important pour l’écosystème des start-up et celui des technologies de l’information et de la communication. Tous les développements majeurs ou innovations y sont présentés. Si on veut être au diapason de comment évolue la technologie, les sciences, il faut y être’’, relève-t-il.

D’après lui, ils ont fait face à un double défi de représentativité, mais aussi de prise d’information. ‘’La première difficulté concerne les démarches d’obtention de visa, notamment pour les start-up. Le coût n’est pas toujours abordable. Le billet d’avion, l’hôtel et tout, c’est quand même considérable pour les entreprises sénégalaises. Au prochain salon qui aura lieu en 2020, nous devons reconduire le même système, revenir avec plus de force, de représentants’’, rassure le chargé de la gestion de projets, des études et de la sécurité du système d’information à Gaïndé 2000.

MARIAMA DIEME

 

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