Publié le 24 Apr 2019 - 21:33
JOURNEE INTERNATIONALE DU LIVRE

Les détenues du Camp pénal fêtent le livre

 

Le mouvement citoyen Sen Njaxas a célébré, hier, à sa façon, la Journée internationale du livre et du droit d’auteur. En collaboration avec L’Harmattan, il a procédé à un don d’ouvrages à la bibliothèque de la prison pour femmes de Liberté VI. Au menu, il y avait également des ateliers de lecture, d’écriture et une conférence. Cela entre dans le cadre d’un vaste chantier du mouvement de remettre le livre au centre des préoccupations des Sénégalais.

 

Ils sont dans deux mondes différents, mais bien des choses les rapprochent. Eux, ce sont les détenues de la prison pour femmes de Liberté VI et l’écrivain Sidy Bouya Mbaye. Les premières sont tous les jours, du matin au soir, confinées entre quatre murs. Le second, lui, est définitivement plongé dans une ‘’Longue nuit’’ comme il le dit si bien dans son dernier roman qui porte le même nom. C’est ce qui ressort, en tout cas, du brillant exposé de Sidy Bouya, écrivain romancier atypique. Il ne voit pas, mais il sent les choses. Hier, à l’occasion de la Journée mondiale du livre, il a voulu, avec un grand élan de générosité, partager son vécu d’écrivain non-voyant avec les détenues. Ses pairs ‘’prisonniers’’ comme il les appelle. ‘’Je suis comme vous’’, leur lance-t-il d’emblée. Dans l’enceinte de l’établissement pénitencier, c’est devenu un silence de cathédrale. Monsieur Mbaye déroule : ‘’De là où je me trouve, je vous sens, mais je ne vous vois pas. Je suis très ému d’être en face de vous, mes sœurs, mes cousines. Je me sens en quelque sorte comme vous. Car vous êtes prisonnières de l’espace. Moi aussi, je suis prisonnier de mon environnement…’’

Mais contrairement à d’autres qui n’ont pas su briser les murs qui les maintiennent sous le joug de la dépendance, lui a pu les fracasser pour gagner sa ‘’liberté’’ au moyen de l’écriture. Face à l’assistance, il déclare : ‘’La seule différence entre vous et moi, peut-être, est que vous vous sentez confinées entre les murs, vous êtes liées par ces frontières murales, ces murs de la prison. Or, dans mon monde à moi, ces murs n’existent pas. Devant moi, c’est l’infini. Derrière moi, c’est l’infini. Sinon je me sens très proche de vous. Cela n’est point un obstacle. Dans la vie, il faut savoir faire face aux difficultés. Je suis là, je vous parle et je parle aux gens à travers les romans que j’écris.’’

Par ces mots, l’auteur de ‘’Rescapé’’ a voulu demander aux détenues de ne jamais lâcher prise. ‘’Le succès, fait-il savoir, n’est que l’envers de l’échec. En tant que croyant, il ne faut donc jamais abandonner. Dans cet instant de répit donc, il faut aussi savoir pardonner, savoir tolérer et mettre à profit le temps. Vous êtes des femmes, vous êtes le fondement de toute société, vous êtes nos mères, vous êtes nos sœurs, vous êtes nos épouses’’.

Pour Sidy Bouya, la fête du livre ne doit pas être seulement la fête de ceux qui sont dehors, en liberté ; elle doit être surtout être un moment pour penser également à ceux qui sont tenus dans les liens de la détention. ‘’Vous êtes là, affirme-t-il, non pas parce que vous êtes mauvaises, mais parce que vous avez trébuché. Vous êtes là parce que c’est votre destin. Combien sont-ils dehors qui font pire que ce qui vous a amenées ici tous les jours, du matin au soir ? Nous nous devons tous de nous donner la main et d’œuvrer pour le bien de tout le monde’’.

Pour sa part, la cheffe du service socioéducatif, Fatou Kiné Sow, a exprimé toute son émotion et sa joie : ‘’Nous sommes très contents et émus. La lecture, c’est la meilleure façon de s’évader. En prison, on n’a pas la chance d’avoir son portable, mais on a la chance d’avoir des ouvrages. Cela aide beaucoup les détenues qui viennent d’horizons divers. Nous les accompagnons ainsi en mettant à leur disposition des livres, mais en donnant des cours d’alphabétisation à ceux qui ne savent pas lire.’’ La prison, ajoute-t-elle, est le Sénégal en miniature. ‘’Il y a aussi des étrangers qui ne comprennent ni les langues nationales ni le français, ainsi que des Sénégalaises qui ne comprennent pas le français. C’est pourquoi nous aurions aussi aimé avoir des ouvrages en langues nationales et en anglais pour les Anglophones. Des livres en anglais leur serait certainement bénéfiques, dans la mesure où avec la barrière de la langue, ils ont difficilement des activités de distraction.’’

Tay moom niepeuy lire

Porte-parole des pensionnaires, Khady Dabo, elle, exprime ses remerciements à l’endroit des autorités de l’établissement, des donateurs, et du conférencier. ‘’Nous sommes, dit-elle, contents de l’Administration pénitentiaire. Certes, nous sommes privées de liberté, mais pas de dignité, ni de divertissements. Ici, en prison, nous formons une famille entre détenues et membres de l’administration. Nous sommes très contentes de ce geste. Les livres nous permettent de voyager, d’aller dans les cinq continents sans prendre aucun moyen de transport. Quand on est en prison, les nuits sont interminables, les jours infinis.

Il n’y a donc que le livre qui peut nous permettre de meubler le temps’’. Partenaire de cette cérémonie initiée par le mouvement citoyen Sen Njaxas, le représentant de L’Harmattan a montré toute sa disponibilité à accompagner la prison en mettant à sa disposition les nouveautés des livres qu’elle édite. ‘’’En cette Journée mondiale du livre, chacun doit sentir la fête. Et nous sommes très heureux de partager ces moments avec nos mères et nos sœurs qui se trouvent dans cette institution. Vous pouvez de temps à autre faire des expressions de besoins et nous allons vous aider dans la mesure du possible’’. Quant à Ndèye Codou Fall, responsable à la maison d’édition Ejo, spécialisée dans l’édition des livres en langues nationales, elle a axé son propos sur l’importance des langues du pays pour atteindre et occuper la majorité des pensionnaires qui, certainement, ne comprennent pas forcément la langue de Molière.

MOR AMAR

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