Publié le 27 Mar 2013 - 08:34
LA BATAILLE DE RUFISQUE EST OUVERTE

Mamaya ouvre le feu, Mbaye Jacques réplique

La bataille de Rufisque vers les élections municipales aura bel et bien lieu. Ce dimanche, Badara Mamaya Sène, maire de la ville, a osé commettre un «crime de lèse majesté» en organisant un grand meeting à quelques mètres du domicile de Me Mbaye Jacques Diop qu'il a appelé à se joindre à lui.

 

L'ex-maire, dont l'orgueil a semblé avoir été touché par cette «profanation» de son «territoire», a répliqué par un rassemblement avec ses partisans et promis une réponse.

 

 

Un meeting aux parfums de provocation, tel pourrait être dénommé la manifestation que le maire de la ville de Rufisque Badara Mamaya Sène a organisée ce dimanche à Mérina, à quelques mètres du domicile de Me Mbaye Jacques Diop. Comme pour bien marquer son coup, le maire de la ville était accompagné de plusieurs responsables politiques qui sont d’anciens barons du Ppc (Parti pour le progrès et la citoyenneté) du maire honoraire de Rufisque. Parmi ceux-là, on peut citer Abdou Aziz Sall dit Pape Sall, qui a d’ailleurs accueilli le maire et les autres responsables d'Arc, Balla Dièye, Ousmane Mbaye, Gabin Boye, sans oublier le «frère ennemi» de l'ex maire, Mamadou Cora Fall.

 

Ce dernier a tenu urbi et orbi à «lever certaines équivoques» en faisant savoir que les différentes réalisations mises à l’actif de Mbaye Jacques Diop sont les siennes lorsqu’il fut maire. Elles ont pour noms : la digue de protection, l’hôpital Youssou Mbargane Diop, la gare routière, etc. Il précisera ensuite que «les différentes réalisations de Badara Mamaya Sène doivent pousser les Rufisquois à lui accorder leur soutien pour un second mandat. Car, pour le développement de la ville, nous devons miser sur Badara Mamaya Sène».

 

Il a été précédé au micro par celui qui, grâce à Me Mbaye Jacques Diop, a été maire de la commune d’arrondissement de Rufisque-Est. Il s’agit de Balla Dièye. Lequel a fait remarquer que «Mamaya doit être soutenu parce qu’il n’a pas attendu les concours de l’Adm, de l’Etat ou d’un autre bailleur pour investir dans la ville. C’est sur fonds propres que toutes ses réalisations ont été faites», a-t-il souligné. «Mieux, chaque année, le budget est exécuté à 100% contrairement aux autres maires qui se sont succédé à la tête de la ville. Voilà des raisons suffisantes pour faire que cet homme obtienne un second mandat à la tête de la ville de Rufisque», a conclu Balla Dièye.

 

Prenant la parole, et comme une ironie, Badara Mamaya Sène a demandé à son prédécesseur à la mairie de venir le soutenir. «Il y a quelqu’un avec qui j’ai fait trente ans de compagnonnage. C’est ici, dans son salon, qu’on a écrit mon nom en 1984 pour faire de moi un conseiller municipal. C’est quelqu’un qui m’a attiré par son courage et sa témérité.» Continuant dans cette lancée, Badara Mamaya Sène lance : «Aujourd’hui, je suis devenu maire mais, je vais lancer un appel à mon père, mon ami, mon grand frère, Me Mbaye Jacques Diop.»

 

«Il aurait dû venir me saluer avant son meeting»

 

Interrogé plus tard sur cet appel, le maire de Rufisque a confié que «ce n’était pas seulement un appel pour que je sois réélu», mais un «impérieux devoir de l’appeler à continuer de me soutenir pour le développement de notre vieille commune, la ville de Rufisque». Selon lui, «Mbaye Jacques, c’est moi-même qui suis allé vers lui. Il ne m’a jamais démarché parce que j’ai eu à apprécier ses stratégies politiques. Ce qui a fait qu’immédiatement j’ai adhéré à sa mouvance jusqu’à ce que nous soyons ensemble dans le conseil municipal et dans l’ex Ppc… Je pense qu’il va nous soutenir parce que je connais son amour pour cette ville et je suis persuadé qu’il fera tout pour nous accompagner dans la mesure où ce qui importe pour nous, c’est le développement de la ville».

 

Cet appel ne semble pour l'instant pas avoir été entendu par l'ex président du Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales (CRAES). Pendant toute la durée du meeting de ses adversaires, il est resté retranché chez lui, avec ses proches. C’est seulement à la fin de la manifestation qu’il est sorti pour prendre un bain de foule, suivi par une foule immense qui scandait son nom. Et pour parer à des affrontements éventuels entre les deux camps, les services d’ordre ont investi très tôt le quartier de Mérina avant de s’ériger en tampon entre le meeting et le domicile de celui qui a été surnommé «le shérif».

 

«Ce quartier, Mérina, est mon quartier»

 

Interpellé à propos de l'appel de Badara Mamaya Sène, Mbaye Jacques Diop a répondu : «J'en prends acte». Un ton ferme d'où suintait une sorte de désapprobation. «Je l’avais élu et l’avais fait élire en 2009, après avoir fait de lui un conseiller municipal en 1984. Mais il n’a pas répondu aux attentes des populations de Rufisque. Ce quartier est mon quartier natal. C’est là que je suis né. Ces jeunes filles et ces jeunes gens que vous voyez, sont tous avec moi ainsi que leurs pères et leurs mères. Il est venu aujourd’hui dans mon quartier. Il aurait dû d’abord venir me saluer avant de tenir son meeting, il ne l’a pas fait. Tout simplement, j’en prends acte.»

 

Il faut noter que quelques mois après son élection à la tête de la ville, Badara Mamaya Sène avait semblé rompre les amarres avec Me Mbaye Jacques Diop. Il s’en est suivi des inimitiés qui ont débouché sur une guerre souterraine qui continue jusqu’à présent. Une situation qui montre aujourd’hui que la guerre de Rufisque est déjà ouverte et ne s’arrêtera peut-être qu’après les élections locales.

 

PAPE MOUSSA GUÈYE

 

 

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