Publié le 5 Apr 2012 - 10:31
LA CHRONIQUE DE MAGUM KËR

Une si longue attente…

 

Le Premier ministre nommé est un banquier reconverti en chef d’entreprise. Sans attaches politiques évidentes, son choix s’est peut-être imposé au président Macky Sall dans son besoin exprimé de récupération des biens nationaux. Un banquier qui a commencé sa carrière sous la houlette de l’actuel président ivoirien quand celui-ci était gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et qui connaît les arcanes des financements politiques de la sous-région. L’ancien régime libéral avait été suspecté de blanchiment d’argent sale, notamment dans la dispute opposant l’ancien président Wade à son ancien Premier ministre Idrissa Seck.

 

Sans prêter un quelconque machiavélisme au nouveau président et à son hôte ivoirien Alassane Dramane Ouattara, l’affaire de la casse des agences de Korhogo et de Bouaké, pendante devant la justice, pourrait livrer ses mystères. Le gouvernement dirigé par Abdoul Mbaye devrait être une administration sobre et vertueuse au possible, le nouveau président s’étant engagé à le limiter à 25 membres. Il faut beaucoup de monde en démocratie pour prendre le pouvoir mais si peu pour l’exercer. La pénible et lente gestation du premier gouvernement tient peut-être de cette logique de difficile partage des portefeuilles ministériels entre les coalitions victorieuses.

 

Quelles que soient les qualités professionnelles du nouveau Premier ministre, son incapacité à mettre promptement sur pied un gouvernement laisse le temps aux supputations. Un Premier ministre non partisan est dans le contexte actuel mieux accepté par l’opinion qui semble incliner vers le choix d’une personnalité faussement dite de la société civile, à cause du discrédit jeté sur les politiciens. Mais une correcte lecture des résultats montre bien un choix clair de politiciens pour l’exercice du pouvoir suprême d’État au détriment des candidats de toutes les variantes de la société civile.

 

La lecture des événements de ces derniers jours montre un président élu qui construit son édifice à partir du toit comme si ce n’est pas la configuration du gouvernement qui devrait déterminer du profil de son chef. Au surplus, si comme certaines indiscrétions l’ont laissé entendre, les 25 ministres seraient répartis en 9 du parti présidentiel, 4 de Benno, 3 du Parti socialiste, 2 de Rewmi et 7 de la société civile, la raison des lenteurs devraient être une réticence de certains partis de la nouvelle mouvance présidentielle à accepter un pareil déséquilibre. Surtout si la qualification de membre de la société civile était laissée à la seule discrétion de la coalition présidentielle.

 

La lenteur semble donner raison aux contempteurs du président Macky Sall disant qu’il n’avait pas assez appris de son mentor déchu. Car, assurément, Me Wade savait installer et remanier sa pléthore de ministres. Quand enfin tombe la liste des membres du gouvernement, c’est la déception après une longue attente chez les uns ou alors la surprise chez les autres. Non point que les nouveaux ministres ne soient pas méritants mais parce que cette liste ne méritait pas une attente si longue. Et que le parti présidentiel a assis son hégémonie sur ses alliés plus que ne le permet sa représentativité initiale du premier tour.

 

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