Publié le 24 Nov 2021 - 16:13
LANCEMENT RAPPORT ROADDH

Un plaidoyer en faveur des défenseurs des droits humains

 

Amnesty International Sénégal a conjointement tenu une conférence de presse, hier, à son siège, avec le Réseau ouest-africain des défenseurs des droits humains (ROADDH). C’était dans le but de lancer le rapport sur la situation des femmes défenseures des droits humains (FDDH) et des défenseurs des droits humains les plus vulnérables (DDHV)

 

Six pays de l’Afrique de l’Ouest ont participé à l’’’Étude sur la situation des femmes défenseures des droits humains et autres défenseurs des droits humains les plus vulnérables (FDDH-DDHV)’’. Il s’agit du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Nigeria, du Sénégal et de la Sierra Leone.

L’un des objectifs de ce rapport mené par le secrétariat du Réseau ouest-africain des défenseurs des droits humains (ROADDH), est d’identifier les obstacles juridiques et sociaux qui empêchent les femmes défenseures des droits humains (FDDH) et des défenseurs des droits humains les plus vulnérables (DDV) en Afrique de l’Ouest, de jouir de leurs droits.

‘’Au niveau du Sénégal, le réseau a travaillé, depuis un an, pour proposer à l’État une loi de protection des droits humains. Il y en a déjà en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Mali et elle est en cours au Niger. Notre pays, qui est un exemple en matière de libertés, doit donc se doter de cette loi, afin de montrer le rôle important que jouent les défenseurs des droits humains’’, fait savoir Seydi Gassama, Directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal.

Pour mieux prendre en charge la question, quatre sessions ont été organisées au Sénégal par le ROADDH, en collaboration avec la Coalition sénégalaise des défenseurs des droits humains. Ces rencontres avaient pour but de s’enquérir de la situation des femmes, surtout les cas de violation dont elles seraient victimes et des difficultés qui entravent leur mission. Voici, selon le rapport, un certain nombre d’obstacles : la persistance des pesanteurs socio-culturelles du fait de la tradition, les contraintes liées au genre qui les limitent et les empêchent d’accéder à certaines sources et opportunités, les problèmes économiques avec notamment la pauvreté et le manque de ressources financières…

Pour Oumy Sya Sadio, chargée de projet à Amnesty International Sénégal, ‘’ces facteurs négatifs affectent la situation et l’environnement des femmes défenseures des droits humains (FDDH). Ainsi, elles travaillent dans des conditions très défavorables’’. Citant le rapport, Mme Sadio informe que les autorités judiciaires de certains pays refusent de donner une suite aux plaintes déposées par les FDDH.     

Pour cette raison, le rapport a produit un certain nombre de recommandations pour relever les défis auxquels font face les FDDH : élaborer, renforcer et mettre en œuvre les lois de promotion et de protection des défenseurs des droits humains (DDH), incluant spécifiquement les FDDH, en conformité avec les normes internationales, renforcer les programmes d’éducation aux droits humains et au rôle des DDH incluant les FDDH en faveur des communautés, pour la diffusion et la vulgarisation des dispositions contenues dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits humains, créer un cadre de dialogue et de concertation entre les fonctionnaires chargés de l’application des lois, redoubler d’efforts pour renforcer la solidarité entre les différents groupes qui composent ces mouvements et les rapprocher d’autres (réseautage)…

Le rapport sera soumis aux autorités sénégalaises. Monsieur Gassama éclaircit : ‘’Nous allons le remettre au ministère de la Justice demain (aujourd’hui), comme nous l’avons fait pour la plupart des pays de la sous-région. Nous espérons qu’il va mettre en œuvre les recommandations. En tout cas, nous allons poursuivre le plaidoyer.’’   

L’étude en question est un vaste programme avec des rencontres trimestrielles des défenseurs des droits humains, surtout les femmes. C’est pourquoi d’ailleurs, Pierre Claver Dekpoh, membre du ROADDH, précise que les six pays cités ne sont que des échantillons. ‘’Nous avons été au-delà de cet échantillonnage pour que l’étude soit représentative de toute la zone de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), plus la Mauritanie’’, informe-t-il, avant de poursuivre : ‘’Maintenant, il faut faire en sorte que les recommandations soient mises en œuvre.’’

Le ROADDH, créé en 2005, a son siège à Lomé (Togo). Il est composé de coalitions de défenseurs des droits humains ou de points focaux des pays de l’Afrique de l’Ouest. Monsieur Dekpoh explique : ‘’Dans certains pays comme le Sénégal, des coalitions sont déjà formées. Mais, au Nigeria, il n’y en a pas encore. Il y a une organisation qui couvre tout le territoire que nous désignons pour servir de point focal.’’

C’est en application des recommandations de la Commission africaine des Droits de l’homme et des peuples (CADHP) que le ROADDH a produit cette étude, après plusieurs ateliers. En 2014, la CADHP avait sorti un rapport sur ‘’La situation des femmes défenseures des Droits de l’Homme en Afrique’’.

Ainsi, elle documente, pour la première fois, les multiples violations dont sont victimes les FDDH dans la région. La commission a recommandé à la société civile de se charger de la vulgarisation du rapport, mais aussi d’initier des programmes visant sa mise en œuvre.

El hadji Fodé Sarr (Stagiaire)  

 

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