Publié le 1 Feb 2012 - 02:39

Le Plateau hautement sécurisé passe une soirée au calme.

Dakar sent la poudre et pourtant son centre est apaisé. Plutôt sécurisé devrait-on dire, car après le début des émeutes violentes qui ont éclaté à la fin du rassemblement du M-23 à la Place de l'Obélisque, le centre-ville a été isolé, comme pour circonscrire l'incendie qui couvait.

Les artères du Plateau sont vides de passants à part quelques uns de ses habitants ou habitués de ces lieux de plaisirs. D'ailleurs la fameuse avenue Ponty, ou Pompidou, grouille quand même d'un monde certainement amputé des belles de nuit ou des fêtards traditionnels qui n'ont pas pu quitter leurs quartiers résidentiels pour cause d'émeutes. Les bars sont à moitié remplis, les halls des hôtels qui les jours de matches, sont animés de discussions feutrées autour des informations distillés par les arrivants. Les programmes de télé qui scintillent sur les grands écrans persistent à diffuser des clips vidéo, comme pour marquer cette indifférence à ce qui brutalement se joue à quelques kilomètres de là. Les vendeurs de la rue Félix Faure débitent leurs kilos de dibis sans sourciller. Sont-ils au courant de ce qui se passe dans les autres quartiers de Dakar ? Oui, pour la plupart, mais cela semble si loin, presque irréel. Des morts ? Ils savent, me répondent-ils, mais que faire, à part prier ? me dit un chauffeur de taxi qui a sa radio allumée et qui demande à ses clients leur destination, refusant la course quand elle doit le mener dans les endroits en flammes dont les radios racontent l'apocalypse.

Il est vrai que le quartier a été grandement sécurisé, et de l'hôpital Principal à l'avenue de la République, des hordes de policiers armés jusqu'aux dents barrent l'accès du palais dans lequel probablement, au vu du parking du secrétariat général rempli de véhicules, se tient une réunion, que l'on espère de crise. D'ailleurs la place Washington est fermée par des barrières, entourant le ministère de l'Intérieur, dont le ministre est encore en alerte, son bureau allumé, ses motards en faction, ses gardes du corps attentifs au bas de l'imposant bâtiment, d'où partent les ordres d'assauts meurtriers. La gent politique y habite, ses étrangers à sécuriser aussi, qu'il faut préserver de cette folie politique qui embrase Dakar. Silence ! Le Plateau dort. Pendant que Dakar brûle.

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