Publié le 7 Jan 2014 - 13:40
LUTTE - GARGA MBOSSÉ, AU LENDEMAIN DE SA VICTOIRE SUR LAC ROSE

 ''Il me fallait clouer son bec, il m'a trop manqué de respect''

 

Au lendemain de sa victoire sur Lac Rose, Garga Mbossé a sacrifié à la prière à 14h à la mosquée située prés de son domicile à l'Unité 3 des Parcelles Assainies. Visage bouffi par les coups reçus la veille, le petit frère de Zoss a d'abord tenu répondre à ses fans sur facebook, en entonnant la nouvelle chanson d'amour de Titi ''Gën gi dëkk''. Puis s'est livré aux journalistes...

 

Qu'avez-vous ressenti après avoir battu Lac Rose ?

Je suis sorti de ce combat soulagé. Lac Rose ne m'empêchait pas de dormir, mais je ressens les charges de ce combat qui a duré trop longtemps avant de se tenir. Je ne pouvais pas me permettre de prendre un autre adversaire, tant que ce n'était pas fini.

Aviez-vous un contentieux à régler avec lui, surtout après tout ce que vous vous êtes dit lors des face-à-face ?

C'est vrai que mon adversaire manque de considération à mon égard, il fallait donc lui clouer le bec et je l'ai fait. Il s'est mal comporté avec moi lors de nos face-à-face. Il ne sait pas parler aux gens et il fait ce qu'il veut.

Lors du combat, on a eu l'impression que vous fuyiez les supporters de Lac Rose. Etait-ce par crainte de recevoir une autre pierre sur la nuque ?

Comme on le dit, chat échaudé craint l'eau froide. Je ne le cache pas, j'ai tout fait pour les éviter, puisqu'ils n'avaient comme option que de me blesser pour s'en sortir. Je les ai évités du mieux que je pouvais pour pouvoir les battre à l'heure du coup de sifflet de l'arbitre. Je redoutais que le même scénario ne se reproduise. En plus de cela, je ne suis pas un provocateur.

D'habitude, quand j'ai un combat, je reste dans mon coin, là où mon arsenal mystique est installé jusqu'au moment de pénétrer dans l'enceinte. Cette fois-ci, mon arsenal mystique a été installé du côté où mes supporters avaient établis leur quartier. C'était par chance, parce que ce n'est pas moi qui détermine l'endroit où on doit s'installer. Il y a des consignes à respecter.

Êtes-vous satisfait de la manière dont vous l'avez terrassé ?

Je ne suis pas du tout satisfait parce que je voulais l'arracher du sol jusqu'à ce qu'il soit complètement dans les airs avant de l'envoyer à terre. C'est vrai qu'il m'a fatigué puisqu'il m'a beaucoup cogné. Mais je m'y attendais parce que c'est la loi de la lutte avec frappe, il faut savoir encaisser. En venant au stade, il faut s'attendre à tout.

Mais semble-t-il, vous étiez K.-O. debout à un moment donné ?

Ce n'est pas vrai, je n'ai jamais été K.-O. debout dans ce combat. Quelqu'un qui est K.-O. ne peut pas continuer à lutter avec lucidité. Si c'était vrai, je n'aurais pas pu enclencher l'action qui a mené à sa chute. Un lutteur qui est K.-O., soit il tombe lourdement, soit il cherche un support pour s'accrocher, en attendant de retrouver ses esprits, et ce n'était pas mon cas. J'ai pris des coups certes, je le reconnais.

Pour quelqu'un qui voulait corriger son adversaire, pourquoi n'avez-vous pas opté pour la boxe ?

Corriger une personne et la frapper, ce n'est pas la même chose. Terrasser un lutteur à ma façon est la meilleure des manières pour le corriger. À la fin d'un combat, on demande toujours qui a gagné, mais pas qui a boxé. Je ne suis pas un petit inexpérimenté ; je ne viens jamais au stade avec à l'esprit que 'mon adversaire m'a insulté, qu'il faut que je le frappe d'abord avant de le terrasser'. Mon objectif, c'était de le battre et je l'ai atteint.

Je ne vais pas vendanger mon combat pour une affaire de règlements de comptes. Lac Rose n'a aucune éducation, il n'y avait que ce combat qui nous liait et c'est fini. Il ne respecte pas ses adversaires et croit qu'il peut vaincre tout ce qui se dresse devant lui. Ce n'est pas comme cela que ça se passe. Et quand on a ce genre d'état d'esprit, il est facile de lutter avec lui. Cela aurait été difficile s'il ne tenait pas en place et faisait semblant de fuir le combat.

Avez-vous une seule fois douté de votre victoire ?

Après une victoire, tout ce que vous dites est considéré comme de l’auto-glorification. Mais je vous jure, depuis que j'ai pris le combat, je n'ai jamais douté de ma victoire sur Lac Rose. Je suis plus fort que lui dans tous les domaines, surtout sur le plan de la lutte pure. Là où il est meilleur que moi, c'est le bavardage.

Après Lac Rose, à qui le tour ?

Vous le savez, ce n'est pas la peine que je réponde à cette question. Retenez juste que je ne suis pas pressé. J'ai débuté la lutte avec des jeunes de ma génération, beaucoup d'entre eux n'ont pas réussi et ont arrêté leur carrière. Chacun a un chemin bien tracé qui l'attend. Je ne défie aucun lutteur, je m'entraîne en attendant qu'on me propose un adversaire pour en découdre.

Après votre victoire, le nom de Papa Sow a été cité comme votre potentiel adversaire alors que ce dernier a battu à deux reprises votre grand frère. Est-ce que ce n'est pas risqué  ?

Il a battu mon grand frère et moi je viens de battre son petit frère et coéquipier. Pour moi, ce n'est pas trop tôt pour l'affronter, il est comme tous les autres lutteurs à mes yeux. Un lutteur reste un lutteur. Si on me propose un lutteur demain et si mon encadrement me donne son accord, je signe. Je n'aime pas manquer de respect au gens, c'est pour cela que je ne vais pas défier Papa Sow, qui est un grand frère.

Il n'est pas le seul lutteur dans ce pays ; si on me le propose, je le prendrai, ce ne sera qu'un combat. Et je me dis que ce n'est pas fortuit que les gens pensent à lui pour m'affronter alors qu'il y a beaucoup d'autres lutteurs qui n'ont pas de combat. Pakala, Ness, Abdou Diouf, Lac de Guiers sont là, mais on ne m'a parlé que de Papa Show. Ce n'est pas pour rien.

Lac Rose a pris un autre combat avant votre confrontation. Avez-vous reçu des propositions entre-temps ?

Oui, j'ai été contacté par un promoteur, mais je ne peux pas être au four et au moulin. Je ne voulais pas prendre un autre combat avant d'avoir liquidé celui qui me liait à Lac Rose. Chacun avec sa manière de faire. Moi je ne signerai jamais deux contrats en même temps. Je ne vous dirai pas celui qu'on m'avait proposé, il a d'ailleurs un combat.

Avant votre combat, avez-vous parlé à Zoss qui est absent du pays ?

Oui, on s'est parlé au téléphone et il m'a prodigué des conseils comme il a l'habitude de le faire. Je ne peux pas vous dire le contenu de cette conversation.

Combien valez-vous aujourd'hui ?

Je vais vous faire une confidence, j'ai beaucoup perdu dans ce combat, côté argent. C'est un duel qui devait avoir lieu en mai 2013, mais qui s'est finalement tenu en janvier 2014. Ce n'était pas évident. J'ai pas été satisfait lors de la deuxième régularisation du combat parce que les promoteurs n'ont pas répondu à nos attentes. Je voulais une rallonge et ils n'ont pas accepté. J'ai été obligé d'accepter leurs conditions pour sortir de ce combat et me tourner vers autre chose. J'ai beaucoup dépensé dans la préparation.

KHADY FAYE

 

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