Publié le 27 May 2024 - 11:29
MALI ET BURKINA FASO

Les putschistes consolident leur pouvoir jusqu’en 2029

 

Les dirigeants militaires du Mali et du Burkina Faso prolongent leur pouvoir, repoussant les élections démocratiques et suscitant des inquiétudes quant à l'avenir de la démocratie dans ces pays d'Afrique de l'Ouest. Au Mali, le président de la transition Assimi Goita pourrait rester en poste jusqu'en 2027, tandis qu'au Burkina Faso, le capitaine Ibrahima Traoré a annoncé une extension de cinq ans de la période de transition, avec la possibilité de se présenter à la prochaine élection présidentielle. Ces décisions, issues de consultations nationales controversées, soulèvent des questions sur la stabilité politique et la sécurité régionale.

 

Les dirigeants maliens ont proposé de reporter les élections démocratiques de trois ans et de prolonger le mandat du chef militaire Assimi Goita. Cette mesure lui permettrait de rester au pouvoir et de se présenter éventuellement aux prochaines élections. À l'issue d'une consultation nationale de trois mois, les dirigeants de la société civile, des organisations religieuses, des institutions éducatives et des agences gouvernementales du Mali ont recommandé d'étendre la période de transition à cinq ans. Initialement fixée à deux ans, cette prolongation repousserait les élections prévues cette année à 2027.

La junte a d'abord proposé une transition de 18 mois, qui a ensuite été prolongée de deux ans après avoir manqué la date limite pour la tenue d'élections. Le dialogue proposait d'entamer des discussions avec les groupes armés et d'incorporer les milices dans l'armée. Si au Mali, on est encore au stade de la proposition, au Burkina Faso, les autorités militaires ont annoncé qu'elles prolongeraient le régime de la junte pour cinq années supplémentaires. Le chef du pays, le capitaine Ibrahima Traoré, pourra également se présenter à la prochaine élection présidentielle, selon la radiotélévision d'État.

Cette décision a été annoncée samedi 25 mai, à l'issue d'une réunion de consultation nationale organisée dans la capitale de ce pays d'Afrique de l'Ouest, Ouagadougou. Une charte amendée, signée par le capitaine Traoré, stipule que la nouvelle période de transition de 60 mois prendra effet à partir du 2 juillet de cette année. « Les élections marquant la fin de la transition pourront être organisées avant cette date si les conditions de sécurité le permettent. »

Selon la nouvelle charte, les quotas ne seront plus utilisés pour attribuer les sièges de l'assemblée aux membres des partis traditionnels, a rapporté l'agence de presse AFP. Douze postes sur 71 restent alloués aux partis politiques, mais sans attribution spécifique à une formation en particulier. Le patriotisme est érigé comme critère pour siéger à cette assemblée ou au gouvernement.

Les décisions prises lors de la consultation nationale de samedi ont été prises rapidement. Les médias locaux ont indiqué que les partis politiques étaient absents au début de la réunion. En septembre 2022, le capitaine Traoré a renversé le colonel Damiba, arguant qu'un second coup d'État était nécessaire parce que le colonel Damiba était lui-même incapable de lutter contre l'insurrection. Le capitaine Traoré a promis d'améliorer la situation sécuritaire désastreuse du pays dans un délai de « deux à trois mois » et de rétablir un régime civil dans un délai de 21 mois. Mais depuis qu'il a fait cette promesse, le capitaine Traoré a prévenu que les élections n'étaient pas « une priorité » tant que le territoire n'aurait pas été repris aux forces djihadistes et que tous les citoyens du pays n'auraient pas pu voter.

Dialassagou: 18 civils tués par des hommes armés

Au Mali, face à ces nouvelles mesures, la classe politique a haussé le ton et a fait fi de ses différends. À travers un communiqué conjoint, une vingtaine de partis et organisations ont dénoncé une « mascarade ». « Les recommandations du dialogue inter-malien ont été préfabriquées et dictées par le sommet de l’État. Il devait s’agir d’un dialogue sur la paix, la sécurité et la réconciliation. On réalise désormais qu’il ne s’agissait que d’une excuse pour légitimer une prolongation de la transition », peste un cadre de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema-PASJ), signataire du document, selon Jeune Afrique.

Dans la foulée, au moins dix-huit civils ont été tués samedi par des hommes armés dans une localité du centre du Mali, ont affirmé ce dimanche des habitants, une source policière, un élu et un responsable administratif locaux. Des djihadistes ont tiré sur les villageois à trois km de Diallassagou.

Au Burkina Faso, les organisations de la société civile accusent également les autorités de réduire leurs opposants au silence. Ces derniers mois, plusieurs personnalités ont été arrêtées, kidnappées ou envoyées au front pour combattre les djihadistes. Ces attaques qui frappent le pays depuis près de dix ans et qui sont attribuées à des mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique ont fait plus de 20 000 morts et deux millions de déplacés.

Malgré la rhétorique de stabilisation, les transitions militaires ne garantissent pas nécessairement une amélioration de la sécurité. Au Mali et au Burkina Faso, les groupes djihadistes et autres milices continuent de poser une menace sérieuse. La persistance de l'instabilité politique peut détourner l'attention et les ressources nécessaires pour lutter efficacement contre ces groupes armés. De plus, la légitimité des gouvernements militaires est souvent contestée, ce qui peut limiter leur capacité à mobiliser le soutien international nécessaire pour des opérations de sécurité complexes.

Cette situation rend complexes les défis sécuritaires, analyse ce directeur de publication d’un quotidien malien. « Le maintien prolongé au pouvoir de dirigeants militaires peut exacerber l'instabilité politique. Les transitions militaires sont souvent censées être temporaires, visant à rétablir l'ordre et à préparer la voie à des élections démocratiques. Toutefois, lorsqu'elles s'éternisent, cela peut engendrer des tensions entre le gouvernement et la société civile, ainsi qu'avec les forces politiques opposées. L'absence de perspectives claires pour un retour à un gouvernement civil peut alimenter des frustrations et des manifestations. », souligne-t-il.

AMADOU CAMARA GUEYE

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