Contourner les obstacles au nom de la diversité culturelle
Un panel de haute facture sur la migration artistique a été organisé lors de la 2e journée du festival Slam Nomade 2023 de Saint-Louis. Qu'est-ce qui pousse un artiste à migrer ? La question a reçu une multitude de réponses.
Le racisme, le manque de moyens et la non-maîtrise du secteur culturel sont les facteurs qui empêchent l'artiste de se déplacer librement. Du moins, c'est l'avis des différents artistes qui ont animé un panel sur le thème de la migration artistique, en marge de la 2e journée de l'édition 2023 du festival Slam Nomade.
Pourtant, les facteurs qui poussent les artistes à migrer vers d'autres pays sont essentiellement d'ordre politique, économique et culturel, selon Jules Romain, artiste danseur et chorégraphe. Artiste slameur, rappeur et performeur, le Congolais Osée Elecktra encourage cette migration, même si elle se heurte à des obstacles. Il invite ses confrères à contourner tous les écueils. Concernant le racisme, il déclare : ''Le racisme, c'est un fait qui existe partout. Ça ne va pas finir maintenant. Mais ça ne doit pas être un frein.''
En effet, pour lui, l'un des combats de l'artiste est d'aller vers l'autre pour essayer de changer le narratif. ''L'artiste est censé sortir de son milieu habituel pour partager son travail, mais aussi aller cueillir dans d'autres cultures, puiser dans d'autres sources pour abreuver son travail'', a-t-il soutenu. D'où l'importance de la migration artistique.
Dans la même veine, le parolier de Kartala a axé son intervention sur la diversité culturelle. De son point de vue, le plus important est la connaissance de soi. ''Il faut se définir, se connaître d'abord. Une fois que tu connais la valeur de ce que tu as, tu peux aller au marché du donner et du recevoir. Après, ce que tu reçois de l'autre t'enrichit'', souligne-t-il.
Il s'agit d'un besoin d'exprimer sa diversité et de parfaire sa création, à travers notamment la recherche. C'est la principale raison pour laquelle Pape Samba Sow Zoumba avait entamé un voyage. ''Moi, je parle de Mame Coumba Bang (esprit) parce que je suis saint-louisien. C'est bien, mais si j'en parle à Saint-Louis où tout le monde porte (connaît) cet esprit, c'est n'est pas très intéressant. Je dois le porter à Dakar, en France, aux États-Unis, au Maroc, etc.'', indique le conteur qui a eu à collaborer avec le défunt slameur Al Faruq.
Et de poursuivre : ''Mais je dois aussi ramener quelque chose. Je dis que chaque contrée a son Mame Coumba Bang. Souvent, on croit qu'on a une culture authentique et que c'est très personnel, alors que ce n'est pas le cas. Parfois, c'est seulement le nom qui change. Il y a des similarités qu'il faudra exploiter.''
Par ailleurs, saluant le festival Slam Nomade, il s’est réjoui notamment du fait que les thèmes proposés se recoupent et se rattachent. ''C'est très bien de discipliner les arts oratoires. Je suis encore plus content de constater qu'il y a des thèmes utiles ne touchant pas seulement le verbe qui peut être moteur et vecteur'', a ajouté Pape Samba Sow Zoumba.
BABACAR SY SEYE (ENVOYÉ SPÉCIAL)