"Autour d’Anita"
J’ai lu avec beaucoup de plaisir le dernier roman d’Ameth Guissé, ''Autour d’Anita’'. L’écriture est forte et belle : elle est maîtrisée et c’est tout à son honneur d’écrivain achevé.
L’auteur a abordé, en filigrane, un thème complexe : ‘’L’union des religions’’, car je ne veux pas parler du ‘’dialogue des religions’’ qui, selon moi, maintient les religions à distance...
Seule la spiritualité, comme il l’a bien écrit, permet aux religions de se rejoindre et de s’unir. Il a abordé, également, cette amitié très forte qui peut exister entre les femmes, plus forte certainement que celle qui existe également entre les hommes. Ameth nous invite, à travers les lignes de son roman, à une réflexion sur les ressorts secrets qui gouvernent ces amitiés.
Il a su, et cela avec un art sublime, dresser des portraits saisissants des personnages de son roman, auxquels il donne la parole, tour à tour.
L’auteur a su surtout, au long du roman, faire exister ‘’l’absente'', celle que le lecteur ne croisera jamais et qui tient entre ‘’ses mains périssables’’ le destin de Meissa Bigué.
Ameth Guissé connait et il saurait toujours reconnaître ‘’sa ville’’ de Dakar, Rebeuss et Rufisque.
Marie Ndiaye, la romancière qu'il connait et qu'il a lue, sait décrire toutes les rues de Dakar, mais elle ne saura jamais, comme Ameth, les ‘’reconnaître’’ pour n’y avoir curieusement jamais mis les pieds…
Les ‘’atmosphères’’ que l’auteur sait décrire et restituer à merveille, notamment celle de Rebeuss, sont un modèle du genre et le talent du conteur est affirmé au détour de ces merveilleuses descriptions.
Ameth a su nous montrer que son art du roman était servi par une culture étendue dans des domaines aussi séparés, à première vue, que la musique et la psychanalyse, mais aussi la littérature.
Le romancier a su aussi nous faire partager son amour des grands auteurs russes que sont Tolstoï et Dostoïevsky, et cela constitue aussi une ouverture à ''l’Orient compliqué’’, pour parler comme le général Charles de Gaulle, fervent admirateur de Napoléon Bonaparte qui s’est éteint sur une île - Ste Hélène - après être né sur une île, Ajaccio...
‘’Autour d’Anita’’ est une peinture des sentiments qui peuvent habiter les hommes et les femmes, et les tourmenter, comme les désirs du reste…
Le roman se termine – provisoirement - sur une note triste qui a été un choix d’Ameth et qui sonne comme un lointain rappel de la fragilité de l’être.
L'auteur a choisi des prénoms qui sont très beaux : Saly, Elisa, Anita, Meissa Bigué...
J’ai aimé aussi ce roman parce que ma mère, celle qui m’a donné vie, a habité au 63 rue Félix Faure, une rue où je ne passe jamais sans avoir pour elle une pensée émue...
Ameth connait cette rue et l'a fait arriver dans son beau roman ‘’Autour d’Anita’’, arriver et repartir aussitôt…
Jean Michel Seck
Homme de culture