Publié le 29 Oct 2020 - 02:47
OUSMANE SONKO SUR L’EMIGRATION IRREGULIERE

 ‘’Ce n’est pas une solution’’

 

Le leader du Pastef/Les patriotes s’est rendu sur la plage de Ouakam, à la rencontre de jeunes pêcheurs, pour sensibiliser sur les dangers et incohérences de l’émigration irrégulière. Des rencontres qu’il a partagées sur les réseaux sociaux.

 

La symbolique ne pouvait être mieux représentée. Un vieux portant un teeshirt à l’effigie de Macky Sall priant pour qu’Ousmane Sonko accède à la présidence du Sénégal. Cette vidéo postée sur les réseaux sociaux montre un moment que le leader du Pastef/Les patriotes a passé au quai de pêche de Ouakam. Une immersion dans un lieu représentatif du secteur de la pêche, pour évoquer l’actualité brûlante sur l’émigration irrégulière. Celle-ci a repris de plus belle, ces derniers jours, avec son nouveau lot de drames. En une semaine, plusieurs pirogues ont été interceptées au large des eaux sénégalaises. Plus de 150 jeunes infortunés ont péri en mer. Le bilan pourrait être encore plus lourd.

 ‘’Partout où je passe, l’on me dit que les jeunes sont avec moi. Je me dois de leur dire la vérité. Je ne suis pas d’accord avec les départs. C’est notre responsabilité de développer le pays, pas de le quitter’’, pose d’emblée le leader des patriotes. Entre son discours devant l’objectif et les discussions qu’il entreprend avec quelques jeunes présents sur la plage, son opinion ne change pas. ‘’Malgré l’échec de Macky Sall, nous ne pouvons pas encourager les jeunes à tenter l’aventure des pirogues pour aller en Espagne. Ce n’est pas une solution. L’Europe que vous cherchez à rejoindre n’a pas plus de ressources que nous. Ils ont juste plus de patriotisme que nous. Ses populations ont refusé de souffrir pour qu’un dirigeant, sa famille et ses proches vivent sur ce qui leur revient de droit. C’est ce qui a provoqué la Révolution française’’, regrette-t-il.  

Le lieu choisi par Ousmane Sonko n’est pas fortuit. Si tous des jeunes de toutes les catégories socioprofessionnelles se retrouvent dans les pirogues, les pêcheurs sont les plus représentés. C’est eux qui savent conduire les pirogues et maitrisent le plus la mer. D’ailleurs, un jeune avec qui il a échangé lui a assuré que si l’occasion se présentait, lui aussi partirait dans les pirogues. Une illustration du désespoir qui habite ces jeunes quant à l’avenir de leur pays.

Le coupable désigné est l’Etat. A l’unanimité, ces pêcheurs accusent le gouvernement d’avoir vendu la mer aux étrangers. Les prises de la pêche artisanale qui leur fait travailler ne suffisent plus pour se créer un avenir doré. Les licences de pêche accordées aux bateaux étrangers sont pointées du doigt.

 Toutefois, pour le leader du Pastef, le mal est plus profond. ‘’Les Sénégalais doivent comprendre que toutes les luttes sont interconnectées. La corruption dans la gestion du pétrole, du gaz, du zircon, du fer, du phosphate, de l’or et surtout les produits halieutiques va influer sur les problématiques de la pêche. La mer, c’est 600 000 emplois directs et indirects. J’ai déjà dit qu’il faut imposer une zone de pêche exclusive pour la pêche artisanale, de la plage à 20 miles’’ propose-t-il.  

 Dans un pays normal, souligne Ousmane Sonko, le président de la République devrait avoir honte, face à ces pertes en vies humaines. ‘’Les Sénégalais ont besoin que vous respectiez vos engagements, pas de présentation de condoléances sur les réseaux sociaux’’, lance-t-il à Macky Sall. Car, ‘’malgré les discours et les défenseurs de bilan professionnels, à l’épreuve des réalités, les résultats se jaugent à travers de ce que vivent les jeunes. La reprise des départs des pirogues remplies de désespérés prouve l’échec inqualifiable de Macky Sall’’.

‘’La reprise des départs des pirogues prouve l’échec inqualifiable de Macky Sall’’

Cet échec, le leader du Pastef/Les patriotes le représente par les milliers d’emplois promis par le président de la République, les logements sociaux qui n’ont jamais été livrés et les nombreuses structures de création d’emplois pour les jeunes : Fonds souverain d'investissements stratégiques (Fonsis), Fonds de garantie des investissements prioritaires (Fongip), l'Agence nationale pour la promotion de l'emploi des jeunes (ANPEJ), la Délégation de l’entreprenariat rapide (Der), le Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac), etc. ‘’Tous ces programmes ont englouti des milliards au nom de l’emploi des jeunes. Ces mêmes jeunes meurent dans la mer, n’ayant pas de travail’’, déplore-t-il.  

Pour inverser la tendance, le député du Pastef invite les jeunes à ne pas tout attendre du gouvernement. Lui a donné l’exemple, avec le programme ‘’Vacances agricoles patriotiques’’. ‘’Beaucoup de jeunes nous ont rejoints et s’occupent bien de leurs champs. Nous devons croire en nous-mêmes et entreprendre. Au moins essayer de lancer son activité. L’argent utilisé pour payer le passeur peut être investi et rapporter beaucoup plus’’, conseille-t-il.

Conscient que 62 % de la population sénégalaise a moins de 25 ans, Ousmane Sonko avertit : ‘’Nous ne devons pas offrir cette force de travail aux Européens. Nous devons l’utiliser pour développer notre pays.’’ 

‘’Le plus important, à l’heure où nous vivons, est d’engager le combat pour inverser cette tendance. Car tout pays développé a vu une génération se sacrifier pour le bien de leurs descendants. On peut prendre exemple sur le Soudan, l’Egypte, l’Algérie, la Tunisie ; pourquoi pas nous ?’’, se demande-t-il. Ce qui développera ce pays, poursuit-il, viendra du peuple et sa décision de choisir le bon président : ‘’Celui qui fera passer l’intérêt du Sénégal en premier, au lieu de penser à ce qu’il pourra gagner personnellement.’’

Lamine Diouf

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