Publié le 18 Nov 2022 - 20:43
REFUS DE SAUVETAGE DE MIGRANTS EN DÉTRESSE

La Délégation européenne esquive et accuse les trafiquants

 

Les migrants en détresse au large de la Méditerranée ont-ils droit à une assistance ou non ? Voilà une question au cœur du débat migratoire en Europe, ces derniers jours. Alors que les organisations de défense des droits humains sont de plus en plus mobilisées pour sauver les vies en détresse, certains gouvernements considèrent ce secours comme un appel d’air aux candidats à l’émigration et durcissent la riposte.

 

L’information avait suscité tristesse et indignation dans l’espace européen et bien au-delà. Malgré la détresse dans laquelle se trouvaient les 234 migrants secourus en mer par l’ONG SOS Méditerranée, des pays européens, dont l’Italie, avaient refusé de les accueillir. Le bateau ‘’Ocean Viking’’, affrété par l’ONG, a dû ainsi errer pendant plus de 20 jours en mer, avec ses dizaines de migrants, dont des femmes et des enfants épuisés.

Finalement, c’est la France qui s’est résignée à faire le geste qui sauve en acceptant, au bout du suspense, de les accueillir.

Hier, à l’occasion d’un webinaire organisé par l’AICS (Agence italienne de la coopération au développement) et l’Union européenne, dans le cadre de l’initiative Pasped, le chef de l’équipe Gouvernance et Sécurité de la Délégation de l’UE à Dakar a été interpellé sur ce comportement de certains pays européens qui, pour beaucoup, sonne non seulement comme un durcissement des conditions d’accueil, mais aussi un véritable manque d’humanisme…

Selon Amaury Hoste, la gouvernance de la migration a toujours été un sujet au cœur de la politique européenne, notamment dans son partenariat avec des pays comme le Sénégal. ‘’L’Union européenne a une politique de facilitation de la mobilité à tous les niveaux. Vous avez sans doute entendu parler du programme Erasmus qui permet à des chercheurs et à des étudiants d’aller étudier, faire des recherches, passer leurs doctorants en Europe. Il y a aussi la mobilité circulaire qui permet à certains qui disposent de certaines formations d’aller en Europe pour quelques années, travailler, renforcer leurs formations… Il existe une multitude de programmes pour faciliter cette mobilité’’.

Il en résulte, si l’on en juge les explications du diplomate, que l’Europe ne ferme pas ses portes. Elle reste ouverte et favorable à l’émigration régulière et à la mobilité qui est quelque chose de nécessaire. ‘’Parallèlement à cette politique d’ouverture, souligne M. Hoste, il faut reconnaitre qu’il y a effectivement des problèmes par rapport à la migration irrégulière. Sur cette problématique, la politique de l’Union européenne est claire : nous menons une lutte contre les trafiquants ; nous ne luttons pas contre les migrants irréguliers qui sont souvent des victimes. C’est une lutte contre les réseaux, contre les trafiquants d’êtres humains qui profitent de cette détresse des populations pour s’enrichir et cette lutte, nous la menons main dans la main avec les gouvernements concernés’’, défend le chef de l’équipe Gouvernance et Sécurité de la Délégation européenne.  

Pour ce qui est des accusations contre l’Europe de ‘’sous-traiter’’ la gestion des flux migratoires à des pays comme la Libye qui se soucient peu des droits humains, le diplomate n’a pas voulu se prononcer. ‘’Je ne peux pas me prononcer sur cette question, car cela concerne un autre pays ; ce n’est pas dans ma zone de compétence’’.

À ce propos, le représentant de la Coopération italienne estime qu’il y a un travail de suivi de cette collaboration qui se fait sur place. Il déclare : ‘’Depuis plusieurs années, la Coopération italienne travaille en Libye pour supporter et aider les migrants qui ont des difficultés dans ces centres de détention en Libye.’’

Il faut noter que ce refus des pays européens de secourir des migrants en détresse ne date pas d’aujourd’hui. De plus en plus, ces genres de situation se reproduisent avec leurs lots de désolation chez les organisations de défense des droits humains qui tentent de se déployer pour sauver des vies. Pour les milieux de droite, ces opérations de sauvetage des ONG constituent un appel d’air aux migrants. Les défenseurs des droits humains battent en brèche ces accusations, chiffres à l’appui.

Il résulte des données publiées par SOS Méditerranée qu’entre le 1er janvier et le 18 mai 2021, il y a eu davantage de départs de la Libye en l’absence des navires d’ONG en Méditerranée centrale, en comparaison de lorsque les navires des ONG sont présents. Pour la même période, au moins 661 personnes sont mortes en mer.

Dans un communiqué sur sa page Facebook, l’organisation revient également sur la mésaventure des 234 migrants de l’’’Océan Viking’’. Ils ont attendu pendant plus de deux semaines que les États côtiers responsables, y compris l'Italie, remplissent leur obligation légale de coordonner les opérations de recherche et de sauvetage… ‘’Chaque jour, nous avons informé les autorités maritimes les plus compétentes, y compris l’Italie et Malte, de la situation des personnes secourues à bord, qui se détériorait dramatiquement d'heure en heure. Après 17 longs jours d'attente, face à une situation critique à bord, l'incapacité de toutes les autorités contactées à respecter leur obligation légale de coordination et de coopération ne nous a laissé d'autre choix que de demander directement à la France un lieu sûr’’, dénonce l’ONG.

Selon elle, cela constitue un coup porté par les États membres de l’Union européenne et les États associés aux lois maritimes et humanitaires.

Ces récriminations pourraient être sans effet, si l’on sait que de plus en plus, les extrêmes droites gagnent du terrain un peu partout en Europe. Comme c’est le cas en Italie.

Interrogé sur les possibles impacts de cette arrivée de l’extrême droit en Italie, Marco Falcone dira : ‘’Je ne suis pas un politicien. C’est un gouvernement qui  vient de s’installer ; c’est trop tôt pour présumer de ce qui va se passer. Nous ne sommes pas des politiciens ; nous sommes des techniciens. On s’occupe des questions migratoires et on travaille dans ce sens avec les migrants partout où ils se trouvent.’’

MOR AMAR

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