Publié le 3 Jan 2023 - 16:52
REFUS DE TOUS SOINS MÉDICAUX DE PAN!

L’état du journaliste inquiète

 

Pape Alé Niang va de mal en pis. Les alertes sur son état grave se sont multipliées hier après-midi. Des appels pour sa libération ont fusé de partout.

 

Le journaliste et directeur de publication de Dakar Matin, Pape Alé Niang est retourné en prison depuis près de quinze jours. Après avoir décidé de reprendre sa grève de la faim dès son arrestation, il a décidé depuis quelques jours de ne plus recevoir de traitement de son médecin et de retourner en prison.  Ce qui l’a plongé dans un état critique selon ses proches.  Il dit être prêt pour sacrifice suprême pour dénoncer son emprisonnement arbitraire et injuste. D’ailleurs face à cette situation préoccupante, la Coordination des associations de presse (Cap) invite tous les directeurs de publication, les directeurs de radios, les coordonnateurs et les rédacteurs en chef en réunion ce jour à 12h à la Maison de la presse, au deuxième étage. Le lendemain, elle invite tous les journalistes et techniciens à un Conseil de presse à 10H.

Hier, la Cap a rencontré dans la même dynamique, le khalife de la famille omarienne. ‘’Les retours qui nous viennent de l’hôpital Principal ne nous rassurent pas. L’urgence est qu’il arrête la grève de la faim et qu’il puisse sortir de prison. Nous pensons que sa place n’est pas là bas’’, a dit un des membres de la Cap, Mamadou Thior, hier à la sortie de leur rencontre avec le Khalife de la famille Tall, à Dakar.

La Cap n’exagère pas quand elle dit que le journaliste est dans un état grave. ''L' état de santé du journaliste d' investigation Pape Alé Niang devrait préoccuper toute personne soucieuse de vivre dans un État, de droit et de respect des droits fondamentaux qui sont les piliers de toutes les sociétés démocratiques.

Le refus de s' alimenter et le rejet de toute forme d' assistance médicale    est la forme de combat souverainement décidée , pour protester contre une détention devenue désormais abusive et excessive, du fait qu’elle ne se justifie plus pour les nécessité de l' information qui semble terminée, pour autant qu' aucun acte n' est posé par le juge depuis son audition au fond hormis la révocation   de sa liberté qui était restreinte et conditionnée. Son droit d' être en liberté et celui de  comparaître dans les meilleurs délais devant une juridiction de jugement s' il y a lieu, ainsi que la présomption d' innocence dont il bénéficie surtout qu' il conteste le bien fondé en faits et en droit des préventions retenues à son encontre, ne sont pas respectés. Le journaliste aurait eu un malaise aux environs de 16 h et a perdu beaucoup de son poids et de ses capacités’’, fait savoir Me Ciré Clédor Ly. 

‘’Le parquet traîne ses réquisitions sur la demande de mise en liberté déposée sur sa table depuis plusieurs jours et il est à parier que la même démarche nonchalante pourrait affecter la clôture de l' instruction. Il y a des situations qui ne grandissent pas une nation et qui créent des précédents très fâcheux.  La responsabilité de toute personne pouvant mettre fin à cette détention qui s'éternise et est somme toute contraire à l' éthique de droit est engagée’’, ajoute l’avocat.

Par ailleurs, des hommes politiques sont montés hier au créneau pour dénoncer la situation du journaliste. “Beaucoup de personnes ont mis le focus sur les propos de Pape Alé Niang tout en ignorant les procédures qui l’ont conduit en prison.  Ne pas être d’accord avec lui ne peut justifier son emprisonnement”, a dit le leader d’Agir, Thierno Bocoum. “Le  désaccord dans la démarche et les propos d’une personne est concevable en démocratie. Cela ne constitue pas un délit d’être différent et d’avoir ses propres convictions sur des faits et actes posés”.

L’article 127 ter du code de procédure pénale 

Il critique la démarche du Procureur qui a demandé l’arrestation du journaliste après son obtention d’une liberté provisoire. “Aujourd’hui, rien n’explique que l’option du procureur de revenir sur sa décision emporte, de jure, celle du juge qui devrait pouvoir intervenir directement sans y être aidé, au sens de la lettre des dispositions de l’article 127 ter du code de procédure pénale.  Si le procureur doit poursuivre ensuite demander et obtenir la révocation d’un contrôle judiciaire puis justifier à travers une communication cette révocation, il prend en définitive sa place et celle des juges d’instruction et se présente finalement comme ayant tous les droits sur des personnes qu’il décide de poursuivre sur la base du délit visé et selon des critères qui lui sont propres”, indique-t-il. 

Pour Thierno Bocoum, Pape Alé Niang a le droit de décrier ‘’cette injustice même si chacun peut avoir une opinion sur ses options. En réalité, le mandat de dépôt doit être oublié  dans le cadre des délits d’opinion quand la liberté est quasiment la règle dans le cadre des détournements de deniers publics. Humainement Pape Alé ne mérite pas un tel traitement au moment où des incriminés de faits graves vaquent tranquillement à leurs occupations. Il n’a ni volé ni tué ni violé. Il s’est juste exprimé. Comme toute personne, il peut commettre des erreurs et même des fautes professionnelles. Cependant l’emprisonner et le laisser souffrir au fond de sa cellule n’est pas humainement acceptable pour quelqu’un qui s’est toujours battu pour son pays”, a fait savoir M. Bocoum. 

Candidat à la Présidentielle de 2024, Malick Gackou dans un communiqué, a exigé la libération immédiate et sans condition de Pape Alé Niang qui est un appel  du peuple. “Il doit recouvrer la liberté pour la sauvegarde de son intégrité physique et sanitaire. Il y va de la responsabilité directe de L'État. Nous témoignons notre solidarité agissante à Pape Alé Niang pour le triomphe de la liberté de la presse dans notre pays”, note t-il.

DIANA DIA

 

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