Le maire de Thiès, candidat plus que déclaré à la prochaine élection présidentielle, ne perd pas de temps pour se donner les moyens politiques de parvenir à ses ambitions. D'où les manœuvres et stratégies en cours, discrètement.

L’ex-Premier ministre Idrissa Seck ne perd pas de temps. Alors que des responsables de partis de la mouvance présidentielle épiloguent encore sur son départ de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY), le leader de Rewmi manœuvre en multipliant ses contacts avec plusieurs secteurs de l’opposition sénégalaise. Et personne n’est a priori exclu, y compris ce dignitaire de l’ancien régime qui a eu à diriger une grande société publique et que le maire de Thiès a reçu en audience avant-hier mardi à la permanence du parti, selon des sources dignes de foi.

Si la teneur de leur discussion échappe à EnQuête, nos interlocuteurs confient que ces démarches et contacts tous azimuts ont pour but de «mettre  en place une large coalition pour porter la candidature de Idrissa Seck à la présidentielle de 2017». «Chaque jour, confie-t-on, Idy reçoit de gens à la permanence. Certains sont des responsables du parti, d’autres des leaders de parti politique».

C’est dans ce cadre d’ailleurs que s’inscrit la visite que l’ancien Premier ministre a rendue à Mamadou Diop Decroix, leader de And Jëf/Pads, la semaine dernière, tout juste après l’annonce de son départ de Benno Bokk Yaakaar (Bby). Auparavant, dans la même journée, le leader de Rewmi, signalent encore nos sources, a reçu la visite du député non inscrit Khadim Thioune, le leader du parti Faxass et fils du marabout Cheikh Béthio Thioune, tout puissant chef adulé des Thiantacounes.

Sur le contenu de l'entretien entre les deux hommes, nos sources pensent que cela pourrait avoir un lien avec la volonté de Seck de former très vite un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale sous la bannière de Rewmi, en partant du stock de députés acquis lors des législatives du 1er juillet 2012. C'était dans le cadre de la coalition Benno Bokk Yaakaar. Présentement, même si avec les 11 députés qui lui sont fidèles, Idrissa Seck est en mesure de mettre en place un groupe autonome (l'article 20 du règlement intérieur de l'Assemblée fixant à 10 députés le seuil pour y avoir droit). Mais selon nos informations, l’adhésion éventuelle de non inscrits ne ferait que renforcer l’opposition dont le Parti démocratique sénégalais (PDS), avec qui le pouvoir devra désormais compter au sein de l’hémicycle.

Joint par téléphone par EnQuête, Mamadou Diop Decroix, qui a refusé de révéler le contenu de ses discussions avec Idrissa Seck, situe la démarche de ce dernier dans le cadre d’«une visite d’amitié». «Moi-même je lui avais rendu visite quelques semaines auparavant. Au moment de nous séparer, nous avions évoqué l’hypothèse de parler avec la presse sur l’entretien que nous avons eu», déclare l’ancien ministre du Commerce de Wade.

Quid d'une alliance éventuelle avec le Rewmi ? Le député non inscrit répond : «Dans ou en dehors de l’Assemblée nationale, toute l’opposition doit se regrouper. C’est une exigence du peuple, c’est aussi une nécessité vitale pour l’opposition véritable». Pour Decroix, «tous ceux qui pensent que le pays doit pouvoir être gouverné d’une meilleure manière que celle que l’on voit aujourd’hui doivent se regrouper». EnQuête n’a pas pu joindre le député Khadim Thioune qui, selon son assistant, est «hors du pays».

Idy réunit ses cadres demain vendredi

Après son départ de la mouvance présidentielle, le futur candidat à la présidentielle de 2017 va rencontrer les cadres de son parti demain vendredi à 18 heures. La réunion, selon nos informations, aura pour objet d'«expliquer en détails les raisons de la rupture consommée avec Benno Bokk Yaakaar, et les perspectives qui s’offrent à Rewmi» désormais inscrit dans l’opposition au pouvoir de Macky Sall. Il sera alors difficile de ne pas évoquer les cas posés par les ministres Oumar Guèye et Pape Diouf restés dans le gouvernement d'Aminata Touré et sur qui Rewmi ne pourra désormais plus compter lors des échéances à venir.