Publié le 8 Jul 2020 - 22:53
REPRISE DES COURS UNIVERSITAIRES

Les conditions des enseignants

 

Normalement, les universités du Sénégal devront rouvrir leurs portes le 1er septembre. Toutefois, les enseignants attendent les conclusions des instances académiques pour organiser cette rentrée.

 

Après près de quatre mois de fermeture, les universités se préparent à la reprise des cours en présentiel. Selon la tutelle, toutes les dispositions seront prises pour limiter au maximum les risques de contamination. Une tâche confiée aux différents comités sanitaires des universités. ‘’Le 1er septembre 2020, toute la communauté universitaire nationale va reprendre les cours en présentiel. La fin de l’année est prévue pour le 31 décembre’’, a annoncé le ministre de l’Enseignement supérieur Cheikh Oumar Hann, dimanche dernier.

Une période de 19 semaines qui, selon l’autorité, devrait permettre d’atteindre les 24 semaines de cours exigées dans le système LMD, ‘’s’il n’y a pas de grands bouleversements’’. Le premier semestre étant finalisé par presque toutes les universités.

A l’université Cheikh Anta Diop, le Syndicat autonome des enseignants du supérieur (Saes) attend les conclusions des instances académiques. ‘’Tant que les conditions sanitaires sont réunies, tout est faisable. Chaque université a une commission santé et nous restons à l’écoute de ces commissions. Aussi, il y a des instances académiques, telles que le conseil d’administration, qui doivent statuer sur la question. N’oublions pas que lorsque le ministre a annoncé une première reprise en mai, ces instances ont analysé la situation et ont dit que ce n’était pas possible. Elles vont donc se réunir une fois de plus et décider de l’organisation de la reprise. Ce sera bientôt le cas et donc nous restons à l’écoute de ces instances’’, souligne le secrétaire général du Saes Malick Fall.

Par ailleurs, avant l’apparition de la Covid-19 au Sénégal, l’enseignement supérieur connaissait un bon nombre de perturbations. Les enseignants exigeaient le respect des accords signés et la satisfaction d’un certain nombre de revendications. A ce sujet, le syndicaliste rassure : ‘’L’une de nos principales revendications portait sur la retraite et un décret a été pris en ce sens. En tant que syndicat, nous sommes toujours en discussion avec la tutelle. Il y a des actes qui ont été posés et le reste des revendications sera mis sur la table au moment opportun.’’

Assane Seck prévoit une reprise en octobre

A Ziguinchor, on se souvient, le décalage entre la capacité d’accueil, le nombre d’enseignants et le nombre d’étudiants reçus avaient empêché le démarrage des cours. D’ailleurs, toutes les composantes de l’université Assane Seck sont d’accord pour une reprise en octobre. ‘’Je pense que le ministre fait très bien le distinguo entre Ziguinchor et les autres universités. Je pense que dans son entendement, quand il dit 1er septembre, il ne prend pas en compte Ziguinchor. Car, au mois de juin, il était ici et il a lui-même présidé la large concertation entre tous les acteurs de l’université de Ziguinchor (enseignants, étudiants, partenaires sociaux, administration) pour décider, de façon consensuelle, d’une date de rentrée et cette date-là, c’est en octobre 2020’’, explique la coordonnatrice de la section syndicale de Ziguinchor Diémé Sow.

L’enseignante ajoute que ‘’c’était une proposition que le Saes avait faite publiquement et le ministre a répondu pour dire qu’il était favorable à celle-ci, du moins qu’il attend que les instances académiques lui transmettent la requête. Il se trouve que ces instances sont d’accord avec la proposition du Saes. On attendait juste une rencontre avec le nouveau recteur qui vient de prendre service, il y a à peine une semaine. Les conseils d’UFR l’ont tous acceptée et donc le conseil d’administration pourra entériner cette proposition et la transmettre au ministère. C’est à saluer, car toutes les parties sont d’accord pour une reprise en octobre. Là, au moins, il y a le consensus’’.

Toutefois, dans le schéma du Saes/Ziguinchor, on pense à invalider l’année 2019-2020. ‘’Il n’était pas question de sauver une année où il n’y a eu que deux semaines d’enseignements. Donc nous, on ne parlait plus de 2019-2020. Il était question de revenir en octobre pour commencer l’année 2020-2021, de façon à ce que ce ne soit pas une année zéro’’, détaille la syndicaliste.  

L’année zéro ou invalide est différente d’une année blanche, de par ses conséquences. En effet, dans le premier cas, les étudiants sont condamnés à reprendre leur année d’études et ceux qui ont déjà repris risquent l’exclusion. Dans le cas d’une année blanche, c’est le statu quo ; tout le monde reprend, mais il n’y a aucune répercussion sur le cycle. L’inconvénient, c’est que, malgré tout, cette année est décomptée, lorsqu’on postule à un recrutement ou à un concours avec limite d’âge. Le Sénégal a déjà connu une année blanche en 1988 et une année invalide en 1994, suite à des grèves et des manifestations estudiantines.

‘’Une bonne partie des problèmes a été résolue’’

Quant aux revendications d’hier, les syndicalistes notent également des avancées. Selon Mme Sow, ‘’les problèmes sont toujours là, mais une bonne partie a été résolue. Par exemple, dans la plateforme revendicative du Saes, il y avait le recrutement d’enseignants-chercheurs ; cela a été pris en compte. Nous venons d’ailleurs d’entériner le processus de sélection dans certaines UFR (Unité de formation et de recherche). Sur le plan infrastructurel, il y avait aussi des revendications quant aux anciens et nouveaux chantiers. Les nouveaux sont presque finis, on a visité et on a vu que les choses étaient à un état d’avancement intéressant. Donc, il y a eu des avancées qui font qu’enseignants comme étudiants peuvent faire des concessions. On a beaucoup d’espoir maintenant’’.

A l’en croire, la seule chose qui pourrait créer un blocage est le problème des petites salles pour les travaux dirigés. ‘’Si, au niveau des anciens chantiers, les 16 salles de 70 places qui avaient été promises pour décembre 2019 ne sont pas livrées, je crains quand même que les étudiants puissent remettre le mot d’ordre de grève à la rentrée en octobre. C’est une crainte et nous avons saisi la tutelle pour lui dire attention, profitons de la période juin-octobre pour régler ce problème de salles.  A part cela, le reste, ce ne sont que de petites revendications ; on pourra en discuter dès demain avec le recteur qui s’est montré très ouvert’’, poursuit-elle.

EMMANUELLA MARAME FAYE

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