Le directeur général de la Police nationale ne voit pas une situation d’insécurité au Sénégal, malgré les quelques crimes notés ces derniers temps. Pour Omar Maal, il s’agit de ‘’violences domestiques’’ que la Police ne peut gérer. D’après ses chiffres, la criminalité a même baissé cette année comparée à 2015.

Fatoumata Mactar Ndiaye égorgée par son chauffeur dans la banlieue dakaroise, il y a quelques semaines. Un jeune poignardé dans le populeux quartier de Grand-Yoff. Avant-hier, c’est une veuve qui a été trouvée morte à Bignona, après avoir été violée par son ou ses bourreaux. Une série de meurtres crapuleux qui poussent les populations à crier à l’insécurité. Mais, le directeur de la Police nationale a une toute autre vision des choses. En visite des stands de son département à la Foire internationale de Dakar (Fidak), Omar Maal a qualifié cela comme ‘’un sentiment d’insécurité qui n’est pas une situation d’insécurité’’.

‘’Les gens se sentent en insécurité, mais en réalité, il n’y a pas d’insécurité ambiante’’, explique-t-il. Pour lui, la plupart de ces meurtres sont des ‘’violences domestiques’’ que la police ne peut pas gérer, parce qu’elle ‘’n’a pas le don d’ubiquité pour être partout et nulle part’’. À titre d’exemple, le directeur général de la Police cite le cas de la vice-présidente du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Cette dernière, dit-il, a été tuée par son chauffeur qui, à force d’être avec sa patronne ‘’a été considéré comme un membre de la famille’’.

L’autre exemple cité par M. Maal est le douanier qui a été poignardé par son fils. ‘’La police ne peut pas être présente dans le domicile au point d’être témoin et de réagir en temps opportun à une scène domestique’’, dit-il pour jeter d’un revers de main les supputations faites sur l’insécurité au Sénégal. En effet, des scènes de violences surviennent aussi souvent dans les bars. Le directeur général de la Police appelle les gérants de ces lieux à être plus vigilants, tout en évitant de ‘’servir à boire quelqu’un qui est manifestement saoul’’. ‘’C’est l’appât du gain qui pousse les gens à donner davantage d’alcool à ces gens déjà ivres. Vous le faites ; dès qu’ils sortent, ils s’en prennent les uns les autres’’, déplore-t-il. 

‘’Guetter le comportement des jeunes’’

Par ailleurs, il rappelle qu’il ‘’n’y a pas une seule nuit où les policiers ne patrouillent à travers le pays ; que ce soit à Dakar ou dans les autres régions du Sénégal. Toutefois, ce travail des forces de sécurité ne peut pas donner les résultats escomptés sans l’apport des populations. Pour cela, il leur a demandé de ‘’rester vigilantes’’ depuis le cercle familial et de ‘’guetter le comportement des jeunes’’. ‘’Tout part des jeunes et tout revient aux jeunes. Aujourd’hui, ce n’est pas pour rien que les octogénaires et autres ne sont pas soumis aux peines d’emprisonnement. La plupart des délits et crimes qui sont commis sont le fait de la jeunesse. Or cette jeunesse est l’avenir du pays’’, sensibilise-t-il.

En outre, Omar Maal rassure les populations. La police et la gendarmerie vont unir leurs forces pour mieux faire face à la ‘’menace’’. Pour lui, à l’heure actuelle, la police ou la gendarmerie, seule, ‘’ne peut réussir sa mission de façon isolée ou solitaire’’. ‘’Aujourd’hui plus qu’hier, nous sommes déterminés à investir davantage la voie publique. Vous allez commencer à le voir sur le terrain’’, dit-il, pour calmer davantage des populations de plus en plus gagnées par la peur.

 ALIOU NGAMBY NDIAYE