Publié le 22 Sep 2025 - 16:07
Francophonie

Amadou Lamine Sall, une candidature nécessaire

 

La Francophonie traverse une crise de sens. Défections successives d’États africains, éloignement des peuples, perte de visibilité culturelle… l’organisation semble avoir oublié ses fondements. Dans ce contexte troublé, la candidature du poète sénégalais Amadou Lamine Sall au poste de Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie n’est pas seulement pertinente : elle est nécessaire.

 

Amadou Lamine Sall, héritier spirituel de Léopold Sedar Senghor, n’est pas un homme politique de carrière. Il est la voix de la culture, le défenseur d’une Francophonie vivante, enracinée, populaire. Sa vie est un engagement. Pour la langue française, pour les lettres africaines, pour le dialogue entre les peuples. À la tête de la Maison africaine de la poésie internationale, initiateur des Biennales de Dakar, il n’a cessé de promouvoir une Francophonie humaine et ouverte. Il est de ceux qui ne parlent pas de la Francophonie, il la fait vivre.

Mais une vision, aussi lumineuse soit-elle, ne suffit pas. Le soutien de l’État sénégalais est impératif. Car ce qui se joue ici dépasse une candidature individuelle. Il s’agit de savoir si le Sénégal, patrie du père fondateur de la Francophonie, souhaite continuer à porter l’étendard d’une organisation au service de la culture, du dialogue, et du respect mutuel entre les peuples.

Le monde francophone regarde vers l’Afrique. Il regarde vers Dakar. Il attend un signal fort. En soutenant officiellement et vigoureusement Amadou Lamine Sall, le Sénégal peut redonner souffle et sens à une Francophonie en quête de renouveau. Il peut contribuer à rassembler les États africains aujourd’hui marginalisés ou en retrait. Il peut réconcilier les institutions avec la société civile, avec la jeunesse, avec les artistes, les écrivains, les penseurs. Bref, avec les peuples.

Ne pas soutenir cette candidature, ce serait laisser passer une chance historique. Ce serait taire la voix de la culture au moment où elle est le seul lien encore solide entre des États qui doutent de l’utilité de la Francophonie. Ce serait trahir l’héritage de Senghor, mais aussi celui de toute une génération d’intellectuels africains qui ont façonné l’esprit francophone.

Mon propos est un appel à la responsabilité. À celle de l’État sénégalais, d’abord, qui peut faire de cette candidature une force diplomatique. Mais aussi à celle de tous les défenseurs de la diversité culturelle, des écrivains, des enseignants, des jeunes, des femmes, qui veulent une Francophonie qui parle leur langue, qui écoute leur réalité.

Soutenir Amadou Lamine Sall, ce n’est pas seulement faire honneur à un grand poète. C’est redonner une âme à la Francophonie.

Par Félix NZALE

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