Publié le 24 Nov 2021 - 21:33
SAISINE DU PROCUREUR DANS L’AFFAIRE MISS SENEGAL 2020

Ça part dans tous les sens !

 

Le maître des poursuites n’aura plus besoin de s’autosaisir, dans l’affaire Miss Sénégal 2020. La présidente du comité d’organisation, coupable d’une sortie malheureuse assimilée à une apologie du viol, a porté plainte.

 

Sens dessus-dessous. L’implication de la justice dans l’affaire du présumé viol de Miss Sénégal 2020, aura bien lieu. Mais pas de la manière imaginée par beaucoup. Avant une auto-saisine officielle du procureur de la République, suite aux propos polémiques de la présidente du comité Miss Sénégal, Amina Badiane, celle-ci a dégainé, en premier, en déposant une plainte. Ce 22 novembre, ses avocats ont déposé auprès du maître des poursuites une plainte ‘’contre Mariama Kébé dite ‘Mamico Coco’, messieurs Kader Gadji et X, pour avoir, à Dakar, en tout cas sur le territoire national et depuis un temps non-couvert par la prescription, porté à l’encontre de sa personne et du comité d’organisation Miss Sénégal, des propos et insinuations préjudiciables constitutives de mise en danger de la personne d’autrui, de menaces de mort, de diffamation et d’injures publiques, de diffusion de fausses nouvelles et d’association de malfaiteurs’’.

Sur les réseaux sociaux, la première nommée, administratrice du groupe Facebook ‘’Femmes Chics’’, a organisé des séances de live lors desquelles des participantes au cours de beauté ont apporté des témoignages, certains accablants, contre la présidente du comité Miss Sénégal. L’acteur de la célèbre série ‘’Maitresse d’un homme marié’’ a, quant à lui, mis, à sa manière, Amina Badiane devant ses responsabilités dans cette affaire de viol présumé.

Mamico a, elle-même, reconnu avoir été notifiée d’une plainte déposée contre elle par Amina Badiane et s’est dit prête à en découdre. Et depuis l’annonce officielle de ce tournant dans cette affaire, l’influenceuse a reçu le soutien de plusieurs associations féministes et de défense des droits des femmes. Selon elle, c’est bien la présidente du comité Miss Sénégal qui devrait être poursuivie. Depuis la diffusion des propos malheureux d’Amina Badiane, l’association Ladies Club Sénégal a lancé une pétition en ligne pour ‘’ le retrait immédiat de la licence d'exploitation’’ du comité Miss Sénégal et sa dissolution, car il ‘’fait clairement, par la voix de sa présidente, l'apologie du viol’’.

En quelques jours, elle a atteint plus de 61 000 signatures. Plus que 14 000 autres pour que les signatures soient déposées aux ‘’ministères de la Culture, de la Femme et de la Jeunesse, mais aussi (aux) comité Miss Monde et Miss Univers’’.

Créée par l’ex-présentatrice à la RTS Oumy Ndour et la réalisatrice Mame Codou Dieng Cissé, Ladies Club Sénégal est une communauté sur Facebook réservée exclusivement aux femmes, avec plus de 60 000 membres : des commerçantes, des policières, des étudiantes, des grand-mères, des avocates, des femmes au foyer, des entrepreneuses, des adolescentes…  

Des plaintes annoncées contre le comité Miss Sénégal et sa présidente

Loin de s’en arrêter là, l’association féministe s’est dit prête à déposer plusieurs plaintes contre l’apologie du viol. Sur cette logique, elle rejoint d’autres associations qui souhaitent la lumière sur les conditions d’organisation du concours Miss Sénégal.

D’ailleurs, les religieux de l’ONG Jamra ont déjà alerté le procureur de la République pour l’ouverture d’une information judiciaire sur ‘’les dessous sulfureux de ces compétitions, souvent infiltrées par des maquereaux qui, en complicité avec des proxénètes internationaux, promettent monts et merveilles à ces jeunes filles crédules en quête de gloire’’.

Ce scandale survient alors que le Sénégal prépare la 30e édition de la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes. Un atelier en prélude à cet événement international a été l’occasion, pour la directrice de la Famille au ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection de l’Enfance, de se prononcer sur cette polémique.

Pour Dr Fatou Ndiaye Dème, la perversion d’un événement, jadis pour la promotion de la femme sénégalaise dans toute sa splendeur, est à regretter. Toutefois, précise-t-elle, ‘’le ministère a sorti un communiqué qui montre l’engagement de l’État du Sénégal pour que justice soit faite à tous les niveaux. Ce processus est en cours avec des rebondissements par rapport aux plaintes, mais aussi à la prise en charge. Des structures sont là pour la prise en charge économique et psycho-sociale par rapport aux ordonnances et autres examens. L’Etat est engagé, depuis que ces histoires de viol commencent à resurgir. Nous soutenons ces victimes dans la prise en charge’’.

Depuis 1991, une campagne mondiale se tient, chaque année, du 25 novembre au 10 décembre, pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles, et mobiliser les acteurs de tous bords autour de cet objectif. Il est prévu, pendant ces deux semaines, des activités de sensibilisation, de formation, un gala de boxe féminine, une campagne digitale sur les stéréotypes et une rencontre avec les parlementaires.

LAMINE DIOUF

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