Publié le 19 Mar 2015 - 08:09
SANTE

Les maladies dentaires sont négligées

 

Non inscrite dans l’agenda de l’OMS, la santé bucco-dentaire est très souvent négligée. En prélude à la Journée mondiale qui lui est dédiée, l’Association nationale des chirurgiens-dentistes sénégalais sensibilise sur les dangers des maladies dentaires.

 

Très fréquentes, les maladies dentaires ne sont souvent pas traitées par les populations. En prélude à la 8e édition de la Journée mondiale de la santé bucco-dentaire, l’Association nationale des chirurgiens-dentistes sénégalais (ANCDS) a organisé hier une conférence de presse, afin de mieux sensibiliser sur les dangers de la maladie. Selon le président de l’ANCDS, le docteur Noël Akondé, 90% de la population mondiale souffrira de maladies bucco-dentaires, allant des caries jusqu’au cancer de la bouche, en passant par les maladies parodontales.

‘’Soixante à 90% des enfants d’âge scolaire, dans le monde, et 100% des adultes ont des caries. Quinze à 20% des adultes d’âge moyen (35-44 ans) ont des parodontopathies sévères pouvant entraîner une perte dentaire. L’incidence du cancer de la bouche se situe entre 1 et 10 cas pour 100.000 habitants, dans la plupart des pays. Seulement 60% de la population bénéficie d’un accès aux soins bucco-dentaires’’, renseigne le docteur Akondé.

Selon lui, la population doit s’approprier la santé bucco-dentaire, car elle partage les mêmes facteurs de risques que les maladies chroniques (diabète, maladies cardio-vasculaires, maladies rénales et certaines formes de cancer). L’ANCDS encourage le gouvernement à introduire la santé bucco-dentaire dans le Programme national de lutte contre les maladies non-transmissibles. ‘’Depuis un certain temps, la Fédération dentaire internationale (FDI) a l’habitude de fêter cette journée. Mais dans le calendrier de l’OMS, il n’existe pas encore une journée dédiée à la santé bucco-dentaire.

Donc, cette journée est surtout célébrée par la FDI. La bataille, c’est faire de sorte que l’OMS l’inscrive dans son calendrier’’, souligne le docteur  Awa Gaye. La vice-présidente de l’ANCDS soutient que la meilleure chose est de faire en sorte que la population sache que la santé bucco-dentaire impacte sur la santé en général. ‘’Dans beaucoup de pays industrialisés, on ne voit plus certains types de carries chez les enfants. Si on attaque le problème chez les enfants, dès le bas-âge, cela permettra d’arriver à une bonne santé bucco-dentaire. Il faut aussi y associer les personnes âgées, les femmes enceintes et les handicapés’’, explique-t-elle.

Absence de données

Au Sénégal, le taux de prévalence des maladies dentaires est méconnu. Il n’y a pas de données et la santé bucco-dentaire est souvent délaissée. ‘’Une grande enquête doit être faite dans le pays pour avoir les chiffres officiels’’, estime le docteur Gaye. Par ailleurs, l’inaccessibilité aux soins et le coût du traitement sont des difficultés auxquelles sont confrontées les populations. Le docteur Noël Akondé signale le nombre insuffisant de chirurgiens-dentistes. ‘’Nous ne sommes pas assez nombreux. Nous sommes environ 500 chirurgiens pour une population de plus de 13 millions d’habitants. Ce qui donne un ratio d’environ un dentiste pour 30.000 habitants. On est encore loin des chiffres de l’OMS, qui préconise un chirurgien pour 10.000 habitants’’, explique-t-il.

Concernant le coût des soins, il explique qu’il y a une nomenclature de tarifs proposés par le Syndicat des chirurgiens-dentistes, adoptée par le conseil de l’Ordre des médecins et validé par le ministère de la Santé. ‘’Ils sont basés sur les matériaux utilisés. Et ces matériaux ne sont pas tous considérés comme des médicaments, donc certains sont taxés, ce qui fait que les produits sont chers. Nous lançons un appel à nos autorités, pour que ces matériaux soient considérés comme des médicaments’’, a-t-il ajouté.

Viviane DIATTA

 

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