Publié le 23 May 2022 - 22:48
STATISTIQUES DES BOUTIQUES DE DROIT DE L’AJS, DE JANVIER 2021 À MARS 2022

Les chiffres effarants de la violence sexuelle et domestique

 

De janvier 2021 au mois de mars 2022, différentes consultations ont été faites dans les huit boutiques de droit de l’Association des juristes sénégalaises (AJS) disséminées sur le territoire national. Celles-ci ont fait l’objet d’un rapport et révèlent l’ampleur des violences dans la société. La chargée de communication de l’AJS fait un plaidoyer pour une meilleure prise en charge des victimes.

 

L’Association des juristes sénégalaises (AJS) a implanté des boutiques de droit dans plusieurs localité du pays : Dakar, Thiès, Kaolack, Kébémer, Kolda, Sédhiou et Ziguinchor. Elles ont pour objectif de fournir des services juridiques gratuits aux populations.  Du 1er janvier 2021 au mois de mars 2022, soit durant une période de 15 mois, elles ont fait au total 3 773 consultations : 458 cas de violence sexuelle, 255 cas de violence psychologique, 103 cas de violence physique, 230 cas de violence économique, 202 cas de droit pénal, 68 cas de droit des obligations civiles et commerciales, 2 319 cas de droit de la famille, 101 cas de droit divers, 14 cas de droit administratif, 332 cas pour d’autres catégories.

Cela fait dire à la chargée de communication de l’AJS, Ndèye Madjiguène Sarr Bakhoum, que ces boutiques de droit sont des centres d’écoute, d’orientation d’accompagnement et de proximité pour les populations.  Que l’assistance y est offerte et sans distinction de sexe, d’âge, d’appartenance politique, de nationalité ou de religion à toute personne. Toutes les matières du droit, renseigne-t-elle, y sont traitées.

La juriste informe que les justiciables en général et les victimes en particulier bénéficient d’une prise en charge et d’un accompagnement holistiques au niveau des différentes boutiques de droit. Notamment, à travers des commissions gratuites d’avocats, le référencement gratuit vers un huissier, la rédaction de requêtes, de plaintes et de mémoires, entre autres.

Au-delà, poursuit-elle, les conseils prodigués aux justiciables qui sont dans des procédures de divorce, de contentieux en matière immobilière, foncière, en droit du travail, en droit administratif sont gratuits.

‘’La culture de la non-dénonciation’’

Ndèye Madjiguène Sarr Bakhoum renseigne : ‘’Tous les accompagnements faits au niveau de nos différentes boutiques de droit sont gratuits. Il y a aussi le système de référence et de contre-référence. Aujourd’hui, les victimes de violences qui viennent nous voir peuvent bénéficier de référence vers d’autres structures de prise en charge qui vont les accompagner de manière gratuite.’’

Toutefois, tout n’est pas aisé dans cet accompagnement des victimes. Elle s’en explique : ‘’Mais il y a des difficultés que nous sommes en train de rencontrer, dans le cadre de nos activités. Déjà, il y a la persistance des réalités socio-culturelles. Il y a aussi la pratique ou le maintien de la conciliation, de la médiation sur certains cas de violence comme les cas de viol et autres. Il y a aussi une persistance des pesanteurs qui font que certaines victimes, après l’ouverture d’un dossier où l’entame d’une procédure, désistent. Mais ce qui est constant est qu’au-delà d’un certain temps, ces mêmes personnes reviennent vers nous pour reprendre leurs procédures. Cela constitue des contraintes.’’

L’autre obstacle majeur est ‘’le fait lié à la culture de la non-dénonciation’’. Ce n’est pas tout. La pauvreté joue aussi un rôle, car ‘’il y a aussi l’absence de moyens par rapport à la prise en charge effective et efficiente des victimes de violences’’. La coordinatrice de la boutique de droit de Pikine ajoute : ‘’Nous sommes aussi confrontées aux lenteurs des procédures. Elles prennent souvent du temps et cela constitue une difficulté non négligeable. Il y a aussi la stigmatisation et la discrimination des victimes de violences et, en particulier, sexuelles’’. 

Cela dit, la chargée de communication fait certaines recommandations. Madame Bakhoum lance un message à l’ensemble des autorités de ce pays pour qu’elles appuient les organisations de la société civile comme l’AJS. Au-delà, elle milite pour une harmonisation des textes de loi qui est une vieille recommandation de la société civile. Il faut, aujourd’hui, selon elle, que tous ceux qui interviennent dans le secteur de la prise en charge des victimes, des femmes, enfants et jeunes filles, puissent bénéficier de fonds d’assistance pour un meilleur accompagnement des victimes de violences.

CHEIKH THIAM

Section: