Publié le 17 Dec 2021 - 15:55
SUITE DE L’AFFAIRE DES LISTES VOLEES DE YAW A MATAM

Une pétition lancée contre Macky pour haute trahison 

 

Les leaders de la coalition Yewwi Askan Wi (Yaw) ont tenu un point de presse, hier, sur la situation préélectorale du Sénégal et ont désigné le président de la République comme le commanditaire des actions posées par leur ex-mandataire dans le département de Matam.

 

C’est une nouvelle tournure qu’est en train de prendre l’histoire du vol des listes de la coalition Yewwi Askan Wi à Matam par le mandataire de ladite formation de partis politiques. Lors d’un point de presse tenu hier, les leaders de Yaw ont annoncé l’officialisation d’une plainte déposée au parquet de Matam à l’encontre de leur ex-mandataire. Mais ils vont surtout essayer de faire payer celui qu’ils considèrent comme le commanditaire de cette action rocambolesque : le président de la République Macky Sall. Ceci, pour le traduire en justice pour haute trahison.

Présent à cette rencontre, à côté des figures de proue de la coalition, Ousmane Sonko s’est expliqué sur cette décision : ‘’Nous avons décidé de lancer une pétition pour recueillir le maximum de signatures de Sénégalais, afin de saisir l’Assemblée nationale pour que Macky Sall soit traduit devant la Haute cour de justice, pour avoir trahi sa fonction, déshonoré nos institutions.’’

En début novembre dernier, la liste de la coalition Yewwi Askan Wi a été déclarée forclose, suite à un coup de théâtre de dernière minute, avec la transhumance de son mandataire départemental, Djibril Ngom, qui a rejoint la mouvance présidentielle, en emportant avec lui les listes de la coalition. Quelques semaines plus tard, le nouveau militant ‘’apériste’’ s’est illustré sur les réseaux sociaux par une photo en compagnie du président de la République, dans ce qui semble être une audience au palais de la République.

D’ailleurs, le mis en cause l’a indirectement confirmé, en s’expliquant face aux salves de critiques qui s'abattaient sur lui et le chef de l’Etat.

‘’Macky a trahi la Constitution qu’il a juré de respecter’’

Pour le leader du Pastef/Les patriotes, ‘’en recevant le mandataire de Yewwi, Macky Sall a fait quelque chose d’extrêmement grave. Cela montre qu’il est le commanditaire et qu’il y a eu trafic moral d’influence. En recevant au palais un faussaire, il a fait ce qu’on appelle de la félonie (déloyauté, offense ou trahison d'un vassal envers son seigneur, définition du Larousse). Il a trahi la Constitution qu’il a juré de respecter. Il également juré de faire respecter les lois de ce pays’’.  

Ousmane Sonko ne s’arrête pas là et estime même que la diffusion de l’image du chef de l’Etat à côté de celui qui a trahi sa propre coalition est une erreur dont Macky Sall ‘’ne doit sûrement pas être à l’origine’’. Et depuis que Yewwi a annoncé qu’elle allait suivre cette affaire, ajoute-t-il, ‘’il a tout fait pour allumer des contre-feux. Le retour du poste de Premier ministre, l’inscription du Ceebu Jënn au patrimoine mondial de l’Unesco, ne sont que des moyens pour détourner l’attention. Je plains Djibril Ngom. C’est Macky Sall qui profite de la précarité des gens pour les corrompre, en utilisant les moyens de l’Etat. Détourner un mandataire est un délit et c'est là qu’on en est avec Macky Sall. Si on laisse faire, la prochaine fois, ils vont peut-être détourner 400 communes ou plus’’.

Le candidat à la mairie de Ziguinchor est d’avis que poursuivre Djibril Ngom sans son commanditaire serait injuste. Et il est surtout prêt à internationaliser cette question.

En effet, assure-t-il, ‘’nous allons également adresser une correspondance à l’Union africaine (UA) pour dire que cet homme ne mérite pas de diriger le Sénégal, encore moins l’UA’’.

‘’Nous allons également adresser une correspondance à l’Union africaine’’

L’histoire des listes de l’opposition non acceptées par l’Administration territoriale en vue des élections départementales et municipales du 23 janvier 2022, se poursuit encore, pour certains cas, devant les cours et tribunaux. Comme l’a soutenu le mandataire national de la coalition Yewwi Askan Wi, dans plusieurs départements, les listes de Yewwi ne sont pas encore publiées. C’est le cas à Saint-Louis, dans les communes de Fass et de Gandiole, à Pikine pour la liste départementale et à Lambaye. Sans oublier le département de Matam où, jusqu’ici, aucune liste de la coalition Yewwi Asan Wi n’est affichée. Les décisions favorables aux listes opposantes prononcées par les cours d’appel ont, par la suite, été contestées par les préfets et sous-préfets. Et les contentieux doivent désormais être évacués par la Cour suprême.  

En attendant, la coalition Yewwi Askan Wi alerte déjà sur des fraudes en direction des élections. Alors que la campagne de distribution des cartes d’électeur a débuté ce 12 décembre à Ziguinchor, ‘’où plus de 4 000 jeunes primo-votants ont été inscrits sur les listes, dénonce Déthié Fall, seuls quelques centaines de cartes sont disponibles. La machine de fraude électorale est déjà en marche’’.  

L’ex n°2 de Rewmi poursuit en s’arrêtant sur le cas Keur Massar. La départementalisation avant les élections allait avoir des implications sur le plan électoral. ‘’Tous les électeurs des communes nouvellement rattachées au nouveau département de Keur Massar ont des cartes orientées vers le  département de Pikine (qui a été divisée pour créer Keur Massar). Il fallait procéder à l’impression de nouvelles cartes pour toute cette population. Cette opération est en train de se faire avec beaucoup d’irrégularités. Nous avons déjà été saisis sur des points clandestins de distribution de cartes d’électeur à des militants de la mouvance présidentielle. L’opposition n’est même pas au courant des lieux où elles sont en train de se faire’’, alerte-t-il.

Yewwi alerte sur une opération de fraude déjà lancée

Le point de presse de la coalition Yewwi Askan Wi a été l’occasion, pour ses leaders, de revenir sur l’actualité nationale. Khalifa Sall a mis en garde les Sénégalais sur des lendemains difficiles : ‘’Tout est cher présentement. On l’a vu avec le pain. Mais cela va aller crescendo. D’ailleurs, le gouvernement nous prépare à cette hausse des denrées de première nécessité. Sur le projet de budget 2022, l’inflation a été projetée à 4 %. C’est un grand chiffre qui montre vers quoi nous allons. Et tout cela est la faute d’un régime qui tâtonne et n’a pas assez de compétences pour prévoir ce qui allait suivre.’’

Les inquiétudes du socialiste ont également concerné la viole

nce notée dans les universités, notamment à Bambey et à Dakar. La coalition Yewwi Askan Wi s’est également dite solidaire des manifestations entreprises par le mouvement Y en a marre. Elle a ainsi invité tous les Sénégalais à y prendre part, puisque que la marche de ce vendredi 17 décembre a finalement été autorisée par les autorités compétentes. ‘’Kilifeu n’est qu’un prétexte. C’est la manière de fonctionner de la justice que l’on souhaite voir être réformée’’, soutient l’ancien maire de Dakar.

OUSMANE SONKO SUR LE RETOUR DU POSTE DE PREMIER MINISTRE

‘’Cela ne nous intéresse pas’’

Le leader du Pastef/Les patriotes a saisi l’occasion du point de presse organisé hier par la coalition Yewwi Askan Wi, pour évoquer le débat sur le retour du poste de Premier ministre. Supprimé par le président de la République, après sa réélection en février 2019, ce poste va revenir dans l’architecture gouvernementale du Sénégal. Toujours à l’initiative de Macky Sall, qui a fait voter le projet de loi en procédure d’urgence à l’Assemblée nationale.

Toutefois, la question ne mérite pas tant d’attention, aux yeux d’Ousmane Sonko. Selon lui, ‘’le débat sur le retour du poste de Premier ministre est un non-débat. Cela ne nous intéresse pas. Il (Macky Sall) ne nous a pas consultés, quand il l’a supprimé, ni lorsqu’il a décidé de le ramener’’.  

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