Publié le 27 Mar 2013 - 20:28
THÉÂTRE – JOURNÉE INTERNATIONALE AUJOURD'HUI

 A l'heure des pièces en mal planche de salut

 

A l'heure de célébrer aujourd’hui la Journée internationale du théâtre, des acteurs, dont le prix Nobel de littérature, Dario Fo, pointent les maux du quatrième art.

 

L’artiste, compositeur, metteur en scène et comédien italien, Dario Fo, a le privilège d’écrire cette année le message international de la Journée internationale du théâtre, célébrée aujourd'hui. Dans son discours, le prix Nobel de littérature (1997) parle du manque d’infrastructures culturelles pouvant permettre le développement du quatrième art.

 

''Les acteurs et les troupes peinent aujourd’hui à trouver places, théâtres et public ; tout cela à cause de la crise'', déplore l'Italien. ''Les gouvernants n’ont plus à se préoccuper de contrôler ceux qui s’expriment avec ironie et sarcasme car les acteurs n’ont plus ni espaces, ni parterres à qui s’adresser'', a-t-il ajouté. Une situation bien connue sous nos tropiques. ''Les espaces d’expression ont toujours posé problème'', a renchéri le comédien Ousseynou Bissichi, interrogé par EnQuête. Le metteur en scène du théâtre national Daniel Sorano, Jean Pierre Leurs, d'enfoncer le clou : ''Je ne parle même pas de Dakar mais il n’y a rien dans les régions à part les centres culturels régionaux et ils n’ont pas de moyens''. C’est dire que la politique culturelle pose problème au Sénégal.

 

''On répète une pièce pendant longtemps pour ne la jouer que 2 ou 3 fois. Une fois à Sorano, une au Grand-Théâtre et une fois à Blaise Senghor'', grimace le comédien Kader Diarra alias Kader Pichinico. Les infrastructures culturelles pouvant accueillir des spectacles de théâtre se résument ainsi à ces trois espaces et, dans une moindre mesure, la maison de la Culture Douta Seck. Encore que le Grand-Théâtre est réservé aux spectacles de grande envergure. ''On a bien envie de tourner et de jouer mais certains lieux existants ne peuvent ni accueillir le décor, ni assurer la lumière, etc'', se désole Kader. D'après lui, les gouvernants ont raté une belle occasion d’offrir aux arts plus d’espaces d'expression. ''Je croyais que les salles de cinéma fermées allaient être muées en lieux culturels. Mais on les a transformées en centres commerciaux'', s’étrangle Ousseynou Bissichi.

 

Pourtant, en dépit de ce manque notoire d’infrastructures, les troupes pullulent et le nombre de comédiens croît de jour en jour. Pour M. Bissichi, ''c’est bon signe que les artistes s’intéressent au théâtre''. Jean Pierre Leurs est, en revanche, d'un tout autre avis : ''Il y a des gens qui jouent dans les dramatiques mais le théâtre, c’est sur les planches. Cela peut choquer, mais pour moi les vrais comédiens sont à Sorano. C’est ceux qui ont suivi une formation qui sont des comédiens'', soutient-il. Kader Diarra d'ajouter que ''ceux qui veulent embrasser ce métier doivent suivre une formation''. Mais où ? Car la section ''Art dramatique'' de l’École nationale des arts (Ena) n’est plus fonctionnelle depuis belle lurette. ''Il faut rouvrir la section Arts dramatiques de l’Ena, à défaut, l’État doit organiser des stages de formation pour ceux qui en ont besoin'', pense Kader Diarra, estimant que cela permettrait de professionnaliser davantage le métier et de pouvoir l’exporter.

 

Célébrer la Journée, mais comment ?

 

Le Sénégal, à l'instar du reste du monde célèbre la Journée internationale du Théâtre. Mais la formule, consistant en l'organisation d'exposés et conférences, fait débat. ''On doit discuter avec les acteurs du quatrième art. Comme ça pendant cette journée, on peut exposer sur différents sujets avant les prestations, indique Kader Diarra. Pour sa part, Jean-Pierre Leurs estime qu'''il faut, de manière beaucoup plus décisive, que cette journée permette de relancer le théâtre''. ''Les artistes comédiens doivent s’exprimer à travers leur art. Des prestations doivent être faites par-ci et par-là'', suggère Bissichi. Mais encore où ? Cela a tout l'air d'une artistique quadrature du cercle...

 

BIGUÉ BOB

 

 

AVERTISSEMENT!

Il est strictement interdit aux sites d'information établis ou non au Sénégal de copier-coller les articles d' EnQuête+ sans autorisation express. Les contrevenants à cette interdiction feront l'objet de poursuites judiciaires immédiates.

 

 

Section: 
6E EDITION DIALAWALY FESTIVAL : Trois jours de rythmes, de couleurs et d’unité à Dagana
ARTS VISUELS : L'identité et la souveraineté en question
FRANÇOIS AKOUABOU ADIANAGA (DG FESPACO) ‘’Il faut travailler sur la distribution du cinéma en Afrique’’
DIFFUSION ET EXPLOITATION DES FILMS AFRICAINS : Mobiciné, un modèle de réussite en Afrique
FESTIVAL IMAGE DU FLEUVE (FIF) DE BOGHÉ : « Destin d’un migrant » d’Omar Brams Mbaye remporte le Grand Prix
Festival 72 heures de Yarakh
FESTIVAL IMAGE DU FLEUVE DE BOGHÉ : Le Sénégal bien représenté
ACCES A L'INFORMATION : Entre ambition légale et défis de mise en œuvre
ANIMATEURS CULTURELS ET CONSEILLERS AUX AFFAIRES CULTURELLES : Le clash s’accentue avec la tutelle 
DÉFIS DE PROFESSIONNALISATION ET DE STRUCTURATION : Formation des artistes, une innovation majeure dans le Salon national des arts visuels
SALON NATIONAL DES ARTS VISUELS : Balla Ndao  remporte le prix du Président de la République
SALON NATIONAL DES ARTS VISUELS 2025 : Ancrage territorial, vitrine des créatrices, pluralité de techniques 
À Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye, Président de la République du Sénégal
DÉFICIT DE COMMISSAIRE ET SCÉNOGRAPHE KHA’AB World Culture prend des mesures
ARCOTS
AÏSSA MAÏGA (ACTRICE-RÉALISATRICE) : Un modèle pour les femmes noires
Une si longue lettre au cinéma
CONTRÔLE DES TERRITOIRES, TRAFICS, DÉCISIONS ÉTATIQUES, CHANGEMENT CLIMATIQUE… : Ces facteurs de standardisation des peuples nomades
JOURNÉE DE L’ENFANT AFRICAIN : À Kolda, les enfants appellent au respect effectif de leurs droits
PROJET MUSLAB - MÉMOIRE VIVE : La valorisation du patrimoine sénégalais