La Covid-19 ne sera pas la dernière pandémie

Le coronavirus, qui sévit actuellement dans le monde entier, est loin d’être la dernière pandémie. Selon l’Organisation mondiale de la santé, c’est le moment ou jamais de prévenir la prochaine qui sera forcément pire. L’organisation onusienne a demandé, lundi, aux pays de s’associer pour mieux se préparer aux situations d’urgence.
La Covid-19 ne sera pas la dernière situation d’urgence sanitaire que connaîtra le monde. Il est urgent de se préparer durablement pour faire face à la prochaine. C’est le sentiment qu’ont partagé tous les participants à la réunion organisée en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la préparation durable pour la sécurité et la résilience en matière de santé, afin d’adopter une approche pour l’ensemble de la société et de briser le cycle ‘’de panique et d’oubli’’.
Cette réunion virtuelle de haut niveau a été co-organisée lundi par la Finlande, la France, l’Indonésie, et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Selon l’OMS, les crises passées ont montré que quand une épidémie est maîtrisée, les gouvernements et les donateurs ont tendance à s’intéresser à d’autres problèmes pressants. Ce cycle ‘’de panique et d’oubli’’ empêche une préparation efficace aux situations d’urgence sanitaire à travers le monde. Il faut briser ce cycle une fois pour toutes, conseille l’organisation onusienne. ‘’Cette semaine, la barre du million de décès dus à la pandémie de Covid-19 a malheureusement été franchie, et on pense que beaucoup d’autres gens sont morts à cause des perturbations sans précédent des systèmes de santé’’, a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, dans son allocution d’ouverture.
A son avis, au fil des ans, ils ont eu connaissance d’un grand nombre d’informations, d’examens et de recommandations qui montrent tous que le monde n’est pas préparé à une pandémie. La Covid‑19 a révélé au grand jour la réalité de la situation. ‘’Quand la pandémie est survenue, le monde n’était toujours pas prêt‘’, a soutenu le Dr Tedros. Il a appelé à investir dans la préparation, selon une approche impliquant l’ensemble des pouvoirs publics et de la société. ‘’Ce ne sera ni la dernière pandémie ni la dernière urgence sanitaire mondiale. Mais si nous consentons des investissements politiques et financiers judicieux dès aujourd’hui, nous pouvons améliorer la sécurité sanitaire, prévenir et atténuer les prochaines pandémies et préserver notre avenir et celui des générations futures’’, a-t-il prévenu.
Sur ce, les pays se sont engagés en faveur de la préparation aux situations d’urgence sanitaire. Les ministres de la Santé d’Oman, des Pays-Bas, du Sénégal et de Singapour ont exposé la situation dans leurs pays vis-à-vis de la Covid-19. Le coordonnateur du Groupe des ambassadeurs africains à Genève et le directeur général adjoint du ministère des Affaires étrangères de la République fédérale d’Allemagne ont également pris la parole à ce sujet. ‘’Nous savons que la préparation est économiquement pertinente et nous avons mis au point des outils et des modèles de coopération multisectorielle. Nous devons tirer les leçons de la pandémie et nous appuyer sur les progrès déjà réalisés pour orienter les mesures prises en vue de renforcer la sécurité sanitaire et de contribuer ainsi à la réalisation des objectifs de développement durable’’, a déclaré l’ambassadrice de la République de Finlande pour la santé et le bien-être, Päivi Sillanaukee.
‘’La prochaine pandémie sera forcément pire’’
Dans la même veine, l’ambassadrice de la République française pour la santé mondiale, Stéphanie Seydoux, soutient qu’il est urgent de tirer parti de la riposte à la Covid-19. Ceci permet, explique-t-elle, de mettre en place des capacités durables de santé publique, de les maintenir et de les renforcer pour la préparation aux situations d’urgence. ‘’La France est fermement convaincue que la préparation mérite une place beaucoup plus importante dans la politique étrangère. Nous sommes prêts à favoriser la coopération entre États membres pour que cette question reste au centre des préoccupations, que ce soit ici à Genève ou à l’Assemblée générale des Nations Unies à New York’’, a-t-elle promis. La préparation aux situations d’urgence sanitaire fait partie du grand projet de la santé pour tous.
Lors de son intervention, la ministre indonésienne des Affaires étrangères, Retno L.P. Marsudi, a rappelé aux participants que les investissements qu’ils doivent consentir au niveau national maintenant, ont pour but de garantir des soins abordables pour tous. ‘’Demandons-nous combien de fois avons-nous entendu parler de personnes qui se privent de soins médicaux dont elles ont réellement besoin en raison des coûts. La question de l’accessibilité financière des soins pour tous est au cœur de la présidence indonésienne de l’Initiative politique étrangère et santé mondiale’’.
Par ailleurs, le président de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), Francesco Rocca, a souligné le rôle de l’autonomisation des communautés. Il a indiqué que son organisation avait compris, en collaborant avec un réseau d’intervenants dans 192 pays, qu’il était urgent d’investir dans la préparation au niveau communautaire. Egalement de promouvoir l’action humanitaire pour agir à l’échelle locale autant que possible et à l’échelle mondiale si nécessaire.
‘’Nous appelons les gouvernements, les partenaires et les donateurs à investir dans la préparation au niveau communautaire, pour sauver des vies et soulager les souffrances lors la prochaine situation d’urgence, qui sera inévitable’’, a-t-il sollicité.
Selon le directeur exécutif chargé du programme OMS de gestion des situations d’urgence sanitaire, Dr Michael Ryan, il ne faut absolument pas permettre que le monde oublie, car la prochaine pandémie sera forcément pire. ‘’La pandémie de Covid-19 n’est peut-être qu’un signe avant-coureur de ce qui peut arriver. Nous prenons trop de risques ‘’, a-t-il ajouté.
VIVIANE DIATTA