Publié le 22 Nov 2023 - 23:43
VOTE BUDGET– TRANSPORTS TERRESTRES, DÉSENCLAVEMENT

Procès des conducteurs de Jakarta et de ‘’car rapide’’ à l'Assemblée nationale  

 

Lors du vote du budget du ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement pour l'année 2024, les députés ont exprimé leurs préoccupations quant au désordre observé dans le secteur et ont particulièrement déploré les accidents de la circulation liés à l'utilisation de motocyclettes.

 

Hier, lors du vote du budget du ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, les députés se sont penchés sur les accidents liés aux deux-roues. Ils ont invité l’État à repenser le transport des motos-taxis qui foisonnent notamment à Dakar, eu égard aux risques encourus par les usagers. D'après Cheikh Seck, les hôpitaux sont remplis de victimes d'accident de la route à cause de cela. Mamadou Lamine Thiam est du même avis et déplore un manque de contrôle.

En effet, il est reconnu que les deux-roues constituent aujourd'hui une réelle problématique, du fait qu’ils n’ont pas le droit de faire du transport de personnes. Ainsi, il a été préconisé la création de passages réservés à ces motocyclettes afin de réduire les accidents et rendre la circulation plus fluide.

Un texte en cours d’élaboration pour encadrer les deux-roues

Concernant les conducteurs de deux-roues, le ministre des Infrastructures, du Transport terrestre et du Désenclavement a affirmé que son département travaille à les encadrer à travers un texte en cours d’élaboration, tout en précisant qu’il est important de distinguer entre les livreurs, les courtiers et ceux qui l’utilisent pour leur déplacement personnel aux fins de les aider à avoir une identification et une autorisation spécifique, ainsi que des conditions d’utilisation.

Par rapport aux ‘’thiak-thiak’’, il a d’abord constaté leur prolifération dans toutes les localités du pays. D’ailleurs, dit-il, l’arrêté Mor Ngom a tenté d’orienter leur utilisation suivant des règles drastiques dans le domaine des transports. ‘’Toutefois, les acteurs peinaient à respecter ces conditions. Or, ils devraient se pencher sur cette question pour trouver des solutions’’, a-t-il ajouté. Le ministre a également relevé les nombreux accidents dont les thiak-thiak font partie. Il soutient que son département continue de réfléchir sur cette question ainsi que sur les solutions à apporter par rapport à ce mode de transport.

Dans la même dynamique, les députés ont demandé la réglementation des services privés qui s’activent dans le secteur du transport interurbain, notamment les voitures communément appelées ‘’war gaindé’’, ainsi que l’encadrement des convoyeurs qui font de la surenchère sur les tarifs du transport, lors des grands événements.

Organiser le secteur du transport public

Sanoussi Dione, de son côté, a critiqué les conducteurs de "car rapide". Il a exprimé son mécontentement à l'égard de leur comportement, de leur style vestimentaire et de leur langage, tout en plaidant en faveur d'un soutien visant à améliorer leurs conditions de vie. De plus, il a été souligné que les chauffeurs de bus ont adopté les mêmes comportements que ceux des "cars rapides".

"Il est nécessaire d'organiser le secteur. Il faut veiller à ce que les chauffeurs portent des costumes-cravates. L'environnement influence le comportement des individus", a-t-il déclaré, en indiquant que les chauffeurs sont les ambassadeurs du pays.

En effet, lorsqu'un étranger arrive à l'aéroport, sa première action est souvent de prendre un moyen de transport. "Il n'est pas normal qu'un chauffeur qui effectue le trajet Dakar - Bamako ait du mal à gagner 300 000 F CFA par mois", a-t-il ajouté, déplorant leurs salaires considérés comme misérables et estimant que les conducteurs, de manière générale, ne sont pas respectés par les entreprises.

 Les députés ont aussi évoqué l’état de la mise en œuvre de l’extension du Train express régional (TER) à l’interurbain et ont en outre suggéré la prise de mesures urgentes contre le stationnement sauvage auprès de ses gares.

De plus, le ministre a été questionné sur le plan de restructuration annoncé pour résoudre les problèmes à la société Dakar Dem Dikk (DDD).

BRT : 95 % de taux d'avancement des travaux

Mansour Faye a répondu à ces interrogations en déclarant que le BRT (Bus Rapid Transit) et le TER (Train express régional) apporteront une transformation totale au paysage du transport urbain à Dakar. Il a justifié la décision de restructurer les réseaux en mettant l'accent sur l'acquisition de bus de rabattement entièrement électriques. Le ministre a souligné que l'État a misé sur le transport de masse, grâce au succès du TER, qui transporte en moyenne 75 000 passagers par jour entre Dakar et Diamniadio, atteignant même 100 000 personnes lors d'événements spéciaux. Il a également mentionné que la deuxième phase du TER reliant Diamniadio à l'aéroport international Blaise Diagne) sera achevée au cours du premier semestre de l'année prochaine. Il a ajouté que les études se poursuivront pour la réalisation de la troisième phase reliant l'AIBD à Thiès, puis à Mbour.

En ce qui concerne le BRT, il a été annoncé que les travaux sont presque terminés, atteignant 95 % d'avancement et que l'infrastructure sera opérationnelle d'ici la fin du mois de décembre 2023. Cependant, il a été rappelé que le retard dans sa mise en service est principalement dû aux événements récents survenus en mars et en juin, qui ont entraîné le saccage de 23 stations.

À cet égard, il a souligné les efforts déployés par l'État pour rendre le BRT opérationnel progressivement, d'ici la fin de l'année.

Le ministre Faye a également déclaré que Dakar Dem Dikk n'a pas supprimé de lignes, mais a plutôt procédé à une meilleure réorganisation du trafic afin de favoriser l'interopérabilité entre les différents modes de transport, dans le but d'améliorer la mobilité des voyageurs.

Dans le cadre du BRT, il a informé que sa réalisation est le fruit d'un financement conjoint entre le Sénégal et la Banque mondiale. Il a précisé que ‘’notre pays s'est chargé de l'infrastructure dans son intégralité’’, tandis que le matériel roulant a été attribué à Dakar Mobilité, à la suite d'un appel d'offres international, avec un contrat de concession de 15 ans.

De plus, il a tenu à expliquer que les personnes vulnérables, notamment celles qui détiennent des cartes d'égalité des chances ou bénéficient de bourses de sécurité familiale, bénéficieront d'une réduction de tarif de 50 %.

Dakar Dem Dikk occupe 6 % du marché actuel

Au sujet de Dakar Dem Dikk, le ministre a admis qu’il occupe 6 % de la part du marché avec l’état actuel de son parc. Sur ce, il a déclaré que la société recevra dans un mois 90 premiers nouveaux bus, avant d’arriver en fin d’année à un parc de 370 nouveaux bus, dont 293 pour l’urbain et 77 pour Sénégal Dem Dikk, et ultérieurement à 1 400 bus pour les prochaines phases.

Aussi, dira-t-il qu’avec ce nouveau parc et la restructuration en perspective, DDD pourra, au-delà de ses 2 800 employés avec majoritairement des emplois support, procéder à des recrutements de chauffeurs et de receveurs. De même, selon le ministre, Dakar Dem Dikk et l’Aftu disposent de 30 % du capital de Dakar Mobilité en raison de l’interconnectivité avec le BRT.

S’agissant des bus incendiés à l’occasion des derniers événements malheureux, Mansour Faye a informé que l’État a soutenu financièrement leurs propriétaires. Sur ce, il a aussi annoncé que son département accompagnera l’Aftu pour l’acquisition de nouveau bus pour les acteurs.

Réagissant à la question des emplois au niveau du BRT, il a souligné qu’ils sont réservés à 45 % aux populations des communes traversées par le corridor. Concernant le Fonds d’entretien routier autonome (Fera), le ministre a soutenu qu’en principe, ce fonds ne doit pas être utilisé pour la réalisation d’infrastructures. Néanmoins, dira-t-il, il accompagne les communes pour la réalisation de voiries intérieures à travers des conventions signées avec les collectivités territoriales et dont les appels d’offres sont lancés par les maires signataires.

À cet égard, il a rappelé que le Fera ne consacre que 30 % de son budget d’investissement aux conventions avec les communes et les 70 % sont dédiés à l’entretien routier abondé par la taxe d’usage de la route (Tur) pour financer l’entretien routier à travers l’Ageroute.

BABACAR SY SEYE

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