Publié le 17 Jun 2016 - 21:54
ZIGUINCHOR

42 000 enfants de l’élémentaire n’ont pas de pièces d’état-civil

 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes et le constat ahurissant !  La problématique de l’accès à l’Etat-civil en Casamance exige une riposte à la dimension du déficit, pour ne pas replonger la région dans une autre crise.
 
 
Au-delà de la régularisation des actes civils de centaines de milliers d’enfants, c’est toute la problématique de l’enfance en Casamance qui préoccupe aussi bien les acteurs de l’éducation, l’administration,  les défenseurs et protecteurs des droits de l’enfant, que les communautés. Ainsi, la question a largement été évoquée, hier,  à Ziguinchor, au cours d’un symposium initié par la Fédération Dymbaya Kagnalène sur la protection des droits des enfants, dans les situations de crises et de conflits en Afrique. La rencontre entre dans le cadre de la célébration de la 26e journée de l’Enfant Africain et de la 28e édition de la semaine nationale de l’Enfant. 
 
En effet, la crise en Casamance a installé une pauvreté accrue et a contribué à dégrader les conditions de vie des familles et de leurs enfants. En abandonnant leurs localités, parfois entre bombardements et crépitement d’armes, les familles laissent dernières elles tous ce qu’elles ont de précieux. La crise, outre ce déplacement massif des populations, a aussi, comme impact négatif, le retrait systématique de l’école de plus de 5000 enfants issus de ces familles, informe l’Inspecteur de l’enseignement Yankhoba Massaly. Le constat est ahurissant !  Ils sont 42 000 enfants au niveau de l’académie de Ziguinchor (élémentaire),  dont l’âge est compris entre 10 et 11 ans, qui ne disposent pas de pièces d’état-civil. Il s’y ajoute les exclus du système formel et les invisibles, souligne l’Inspecteur d’enseignement Alphousseyni Gassama qui cite une source de la Gouvernance de Ziguinchor. 
 
« Il arrive que papa, maman et l’enfant ne disposent pas d’actes d’état-civil »
 
Pourtant, la question de l’enregistrement et de la déclaration des naissances ne se pose pas avec acuité dans la région de Ziguinchor.  C’est plutôt le « re-accès » à l’état-civil des populations, notamment des enfants victimes de la crise,  qui constitue le goulot d’étranglement. Face à la récurrence de la demande, alors que la crise devenait de plus en plus aigüe, des commis exerçant  dans des zones à  risque n’hésitaient pas à établir des actes de naissance jugés aujourd’hui « faux » ; empêchant des centaines d’élèves et d’étudiants  de poursuivre leurs études.
 
Ces centaines de demandes de régularisation sont parfois systématiquement rejetées au niveau des juridictions compétentes. Les procédures de régularisation  relèvent en outre d’un véritable parcours du combattant. « Comment demander à un parent déplacé, dont la maison a pris feu, de fournir un acte authentique ? », s’interroge l’inspecteur de l’enseignement Alphousseyni Gassama.  « Il arrive même que papa, maman et l’enfant ne disposent pas d’actes d’état-civil. L’Etat-civil repose sur des piliers. La stabilité donne naissance à la fiabilité de l’Etat-civil ; et la fiabilité fait l’authenticité des actes d’Etat-civil. Dans une zone de conflit,  où l’insécurité règne en maître, il est difficile d’établir des actes d’état-civil authentiques », souligne le coordonnateur de la maison de la justice, Mamadou Lamine Sagna. 
 
Face à la problématique, le coordonnateur estime qu’il faut que l’Etat mette en place des mesures administratives d’urgence (une loi spéciale à durée déterminée) encadrées par un décret présidentiel qui organise des audiences foraines spéciales, en collaboration avec les chefs de village et de quartier qui seront commis d’office comme témoins. « Il faut remettre les compteurs à zéro. Il faut tenir une revue et un bilan annuels de l’état des droits des enfants en Casamance, du fait de sa spécificité de zone en conflit, mais également de région frontalière avec la Gambie et la Guinée-Bissau », recommande Alphousseyni Gassama.
HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)
 

 

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